Chapitre 5

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J'étais tellement heureuse. Cela faisait si longtemps que je n'avais pas ressenti ça !
Ce sentiment incroyable qui faisait vibrer vos membres d'excitation, qui dessinait un sourire immense sur votre visage et qui vous rendait si attractif, attirant.
Moi, depuis mercredi, j'étais comme ça.
Mes parents se demandaient pourquoi j'étais aussi souriante, et pleine de vie.
Mais à vrai dire la raison leur importait peu, pour eux le plus important était l'effet qu'il avait sur moi.
Ma conscience me chuchotait de rester raisonnable, de ne pas trop m'emballer. Mais c'était plus fort que moi. Demain, je le reverrai ! J'avais tellement hâte !
En ce moment, mes parents et moi sommes en route vers la maison de ma grand-mère.
Nous sommes partis tôt parce qu'elle habite loin, dans une petite ville au fin fond de la campagne.
Un tas de jeunes détesteraient y aller, car il n'y a aucun réseau, aucun habitant de moins de 50 ans et aucune distraction possible. Juste des centaines d'hectares de champs dans lesquels des vaches passaient leur temps à brouter et lâcher d'énormes bouses.
Les gens normaux penseraient ironiquement : super !
Mais je n'étais décidément pas normale. J'aimais venir chez ma grand-mère et l'aider à s'occuper de ses fleurs. J'aimais m'allonger dans les champs et sentir l'herbe me chatouiller la nuque. Quand j'étais petite, j'allais même faire peur aux vaches et les regardais détaler loin de moi.

- "Nous sommes arrivés !" S'écria mon père, tout en garant la voiture.

À peine 3 secondes après avoir ouvert ma portière, quelqu'un me prit dans ses bras.

- "Oh ma petite chérie ! Ça fait tellement longtemps !" Me cria ma mamie, sans me relâcher pour autant.

J'arrivais difficilement à respirer, elle me serrait de toutes ses forces contre elle.

- "Mamie... Moi aussi je suis contente d'être là... Mais tu m'étouffes là..." Parvins-je tout de même à articuler.

Elle me relâcha alors en riant.

- "Quoi que tu me dises, je suis certaine que tu les aimes mes câlins !" Me dit-elle.

- "Moi aussi j'aimerais en avoir un..." Lui dit timidement mon père en s'approchant.

- "Toi, tu es un homme ! Ces câlins sont réservés à ma petite fille !" Lui répondit Henriette d'une voix maternelle, donneuse de leçons.

Elle le prit malgré tout dans ses bras, en le serrant tout aussi fort vu les petits gémissements qu'il fit.
Après avoir fait la bise à ma mère, ma grand-mère se rapprocha de moi et me chuchota à l'oreille qu'elle m'avait cuisiné ses fameuses madeleines.

- "J'aurais le droit d'en manger moi aussi ?" Nous demanda mon père.

- "Toi, tu ferais mieux d'arrêter les gâteries ! Si tu vois ce que je veux dire..." Le sermonna ma mère.

Mon portable vibra. Je le sortis de ma poche et actionnai la lecture vocale du message. Les battements de mon cœur s'accélérèrent lorsque je reconnus la voix de Xavier.

<< Salut Mïa, c'est Xavier ! J'espère que tu vas bien ! Je t'envoie ce message pour te dire que nous ne pourrons malheureusement pas nous voir demain... C'est... Enfin... J'ai quelque chose d'important à faire... J'espère que tu comprendras. À bientôt, bisous. >>

Le sourire que j'abordais disparut soudainement. Quelque chose d'important à faire ?
Moi, ce que je comprenais, c'est qu'il ne voulait pas me voir. Sinon, pourquoi ne me donnait-il pas la vrai raison de ce message ?

- "Bah alors mon chaton ? Pourquoi cette tête tristounette ?" Me demanda ma mamie. "Qui est ce Xavier ?

- "Oh... C'est rien mamie... C'est rien..." Lui répondis-je en accélérant le pas.

Point de vue de Xavier :

Après avoir envoyé le message à Mïa, je remis mon portable dans ma poche, et me jetai sur mon lit. Annuler notre rendez-vous ne me plaisait vraiment pas. La première fois que je l'ai vue, j'ai su qu'elle était différente. Non pas parce qu'elle était aveugle, non.
Lorsque je l'ai vue, rouge comme une tomate, perdue et apeurée, je n'ai pu m'empêcher de la trouver adorable. Je m'étais rendue compte de sa présence derrière la porte entrouverte dès qu'elle était arrivée. Il faut dire qu'elle avait passé sa petite tête blonde à l'intérieur de la pièce plus qu'elle ne se l'imaginait.
J'avais fait comme si je ne la voyais pas pendant plusieurs minutes puis avais finalement tourné la tête vers elle et lui avais parlé.
Elle était partie précipitamment, honteuse.
Mais j'avais vraiment compris sa différence lorsque je l'avais fait joué au piano pour la première fois. Elle était douée, il n'y avait aucun doute.
Malheureusement, demain, j'avais réellement quelque chose d'important.
C'était un jour particulier. Qui me ramenait chaque année cette douleur insoutenable. Ces souvenirs étaient beaux et en même temps insupportables.
J'hurlai dans mon oreiller toute cette rage que je gardais en moi puis tapai sur mon matelas brutalement. C'était ma manière d'extérioriser ma souffrance.

- "Qu'est-ce qui se passe Xavier ? C'est quoi tous ces hurlements ?" Me demanda ma sœur en entrant dans ma chambre.

- "Rien. Laisse moi."

- "Non. Pas tant que tu ne me diras pas ce que tu as." Me repondit-elle en croisant les bras.

Quel caractère !

- "Demain... Nous serons le 11..." Lui répondis-je en re enfouissant ma tête dans l'oreiller.

- "Oh..."

Elle s'approcha de moi et me prit dans ses bras. C'était tellement inhabituel pour nous.
Nous ne sommes pas le genre de frères et sœurs très proches et tactiles, au contraire, nous vivions notre vie chacun de notre côté.
Mais elle me comprenait. C'était la seule qui savait, mis à part mes parents.
Elle savait que demain était un jour particulier pour moi.
Car demain, j'irai la voir. Demain, j'irai au cimetière.

Plus JamaisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant