Chapitre 8

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Point de vue de Xavier :

Juste après avoir fermé la porte, je mis ma main dans le bas du dos de Mïa et la guidait jusqu'à ma chambre.
Même si je savais pertinemment qu'elle ne pouvait pas voir le désordre qui y régnait, je ramassai à la va vite un caleçon et un vieux tee-shirt sales qui traînaient par terre, et ouvris la fenêtre pour laisser entrer de l'air frais.
Elle s'assit sur le lit sans dire un mot et esquissa un léger sourire en m'entendant m'affairer autour d'elle.
Je passai nerveusement une main dans mes cheveux et m'assis à côté d'elle.

- "Je suis content que tu sois venue." Lui avouai-je.

Elle me sourit gentiment.

- "J'aimerais entendre tes explications." Me dit-elle d'une petite voix.

Je soupirai. Ça n'allait pas être facile pour moi de déballer cette partie de ma vie.
Pas facile du tout même. Je ne savais pas par où commencer, quels mots utiliser.
Je ne voulais pas qu'elle ait pitié de moi, qu'elle change de comportement.
Est-ce ça qu'elle ressent ? Est-ce la chose à laquelle elle pense quand elle rencontre quelqu'un ?
Mïa chercha ma main et la prit dans la sienne pour m'encourager.

- "Je... Enfin... Depuis plusieurs années maintenant, le 11 janvier est un jour spécial pour moi. Ce jour-là je... J'ai perdu quelqu'un que j'aimais énormément..." Commençai-je à expliquer.

Ma voix s'était brisée à la fin de ma phrase, ce que Mïa remarqua immédiatement.
Sa main serra la mienne un petit peu plus fort.

- "Il n'y a que ma sœur et mes parents qui sont au courant, je ne l'ai encore partagé à personne d'autre..." Lui avouai-je.

- "Xavier... Tu n'es pas obligé de me le dire tu sais ? Je n'ai pas à connaître les moindres parcelles de ta vie. Tout le monde a un jardin secret. Même si ça fait un peu neuneu à dire !" Rigola-t-elle. "Hier, quand j'ai reçu ton message, j'ai cru que... Que tu ne voulais plus me voir, que cette chose si importante dont tu parlais n'était qu'un prétexte pour m'éviter..."

J'haussai les sourcils, surpris. Comment pouvait-elle penser ça ?

- "Mais enfin, pourquoi je voudrais t'éviter ?" Lui demandai-je.

- "Bah... Je ne sais pas... J'ai pensé que tu avais compris que je n'étais pas quelqu'un d'intéressant." Me dit-elle timidement.

- "Tu te trompes complètement Mïa. Tu es quelqu'un d'extraordinaire, de différent. Je n'avais jamais rencontré quelqu'un comme toi avant. Alors sors-toi cette idée stupide de la tête." Lui dis-je.

Cet aveu s'ensuivit d'un silence quelque peu gênant.

- "Tout ça pour dire que si tu ne veux pas me parler de cet événement de ta vie ou que tu ne te sens pas prêt à m'en parler, ça ne me pose aucun problème. Au contraire, je préfère ne pas te pousser à avouer." Reprit-elle alors.

Je souris. Cette fille était vraiment spéciale.

- "Merci." Lui répondis-je simplement.

Point de vue de Mïa :

Je lui souris légèrement. J'ai compris immédiatement que cet événement avait été très dur pour lui. Il m'a dit qu'il avait perdu quelqu'un qu'il "aimait énormément".
Ses mots ont attisés ma curiosité avec violence.
Qui était cette personne ? Une ou un ami ? Une petite amie ? Quelqu'un de sa famille ?
Mon esprit voulait en savoir plus, il me criait de lui poser des questions.
Mais ma raison à été plus forte.
Je ne voulais plus qu'il y ait de gêne entre nous. Il m'apportait trop.
D'ailleurs, ce qu'il m'a dit ensuite m'a troublée. Il me trouve extraordinaire. Différente.
Différente, oui c'est sûr que je le suis.
Mais extraordinaire ? Ça... Je n'en savais rien.
Encore une fois, j'ai eu l'envie irrésistible de lui demander qu'est-ce qu'il trouvait extraordinaire chez moi. Mais je ne voulais pas détruire ce moment de complicité et je me suis tue.

- "Es-tu gourmande ?" Me demanda finalement Xavier.

Est-ce que je suis gourmande ? Oh ça oui ! Carrément !

- "Euh... Ouais, ça va... Pourquoi ?" Lui répondis-je.

- "Ça va ou oui ?" Me redemanda-t-il avec un sourire dans la voix.

Mais où il veut en venir lui ?

- "Bah oui !" Lui répondis-je en rigolant.

- "Ok. Alors suis-moi, je vais t'emmener au paradis." Me dit-il en se levant.

Il m'emmena dehors, sans me lâcher la main, et m'ouvrit la portière de la voiture.

- "Le carrosse de madame est avancé." Me dit-il d'une voix enjouée.

- "Merci bien, vous pouvez disposer." Lui répondis-je en rigolant.

Quelques secondes après, il rentra dans la voiture à son tour.

- "Direction, le paradis !" S'écria-t-il en klaxonnant, avant de démarrer celle-ci.

Quelques minutes après, il gara la voiture. Je sortis de celle-ci et attendit qu'il me dise où aller.
Une main se glissa dans la mienne.

- "Surtout, n'ouvre pas les yeux." Me dit-il.

- "Ah. Ah. Quel humour !" Lui répondis-je en le tapant.

- "Aïe. Quelle violence !" S'écria-t-il d'une voix de petite fille.

On commença à avancer. Je me concentrai sur les bruits autour de moi.
J'entendais des enfants qui criaient. Des bébés pleurer. Des gens rigoler.
Mais où est-ce qu'il m'a emmenée ?

- "Reste ici, je reviens vite." Me dit-il en me faisant asseoir.

- "Quoi ? Non mais attends !" M'affolai-je.

Mais il était déjà partit. Le stress monta en moi. J'étais seule, au milieu d'un endroit inconnu, sans Pipo pour me guider. J'étais perdue.
Calme-toi. Xavier ne te laissera pas ici toute seule longtemps.
Je soufflai en essayant de respirer normalement.

- "Je suis de retour." Me signala alors celui-ci.

Il me prit par la main et je me relevai.
On marcha quelques secondes puis il s'arrêta et s'assit avec moi.

- "Tiens, goûte moi ça." Me dit-il en me le faisant manger.

Je croquai dans cette chose et mâchai lentement.
Mais... Je connais ce goût ! Tout le monde le connaît !

- "Bah, Xavier, c'est du chocolat !" M'exclamai-je en rigolant.

- "Pas n'importe lequel ! C'est le meilleur chocolat du monde ! Prends le temps de savourer cette merveille, tu l'as avalé d'un coup celui-ci !" Me dit-il.

J'en avalai un deuxième, en prenant cette fois-ci tout mon temps.
Le bout était croquant à l'extérieur et l'intérieur était composé de deux parties, l'une était fondante, douce, l'autre était croquante. Certainement une noisette.

- "C'est... Excellent !" Lui avouai-je après avoir avalé.

- "Ah ! Là ta réaction est normale !" S'exclama-t-il.

On s'amusa ensuite à se faire goûter l'un l'autre des chocolats aux parfums différents. Cerise, framboise, nougat, orange, et j'en passe.
J'étais comblée. Au paradis, comme il me l'avait promis.
En fin de journée, il me raccompagna chez moi avec la promesse d'une sortie spéciale et magique le weekend prochain.
J'ai hâte.

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