Chapitre 19

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Point de vue de Mïa :

- "Mïa !"

Oh mince... Je me mis à marcher un peu plus vite en baissant légèrement la tête.

- "Mïa, attends moi !"

Mes mains devinrent moites et les battements de mon cœur s'accélérèrent. La laisse de Pipo semblait glisser entre mes doigts et mes joues rougirent violemment.
Après tout ce qui s'était passé ces derniers jours, j'avais enfin pris en compte mes sentiments qui s'étaient éclaircis et ne laissaient plus place au doute. J'avais été jalouse au début de cette "Anne", à laquelle il avait tellement tenu. Et ça m'énervait, parce que ça voulait dire que je ne le voyais plus comme un ami.
Mon esprit me criait d'ignorer ses sentiments et de revenir à la raison. Xavier avait dix-neuf ans, j'en avais dix-sept. Il était le grand frère de ma seule amie, je n'étais qu'une petite lycéenne aveugle. "TA GUEULE" lui répondait mon cœur. J'étais peut-être aveugle mais pas morte. Ne pas voir n'est qu'un détail après tout, pas vrai ? Bon, d'accord. C'était plus qu'un détail.
Voir les couleurs du lever et du coucher du soleil,
voir la montagne, la mer, les ruisseaux, les canyons,
voir les visages de ta mère, de ton père, de la personne que tu aimes,
Ça fait partie de nous.
Mais cela n'empêche pas de vivre. Cela n'empêche pas d'aimer et d'être aimé.
Mais ça m'énervait sincèrement de ressentir tout ça. Pourquoi ? Parce que j'étais devenue dépendante. Comme un fumeur avec la nicotine, comme un alcoolique avec sa dose d'alcool, comme une vulgaire idiote.
Une main se posa sur mon épaule, créant en même temps une vague de frissons le long de mon corps.

- "Mïa..." Souffla Xavier. "Je rêve ou est-ce que tu essayais de me fuir ?"

- "Non, pas du tout. Non. C'est juste que... Je suis en retard pour mon cours d'Italien."

- "Tu fais de l'Italien toi ? Depuis quand ?"

Et mince ! Je ne faisais pas d'italien mais a priori il va falloir que je m'y mettes.

- "Oh euh... Pas longtemps ! J'avais envie d'essayer..."

- "Ah, ok. C'est cool !"

Je lui fis un sourire crispé avant de me retourner en serrant mes livres contre ma poitrine.

- "Attends ! Il faut qu'on parle !" Me dit-il en m'attrapant par le bras.

Mes livres glissèrent de mes mains moites sous la surprise et tombèrent sur Pipo qui se mît à couiner.

- "Oh, excuse-moi mon chien..."

- "Mïa..."

- "Écoute... Je n'ai pas le temps, on parlera une autre fois, ok ?"

- "Ce soir ?"

- "Hein ?"

- "On peut parler ce soir !"

- "Je ne crois pas que..."

- "Oh, aller !"

- "D'accord, d'accord." Lâchai-je en soupirant.

Il était tenace. J'avais été obligée d'accepter, sinon il ne m'aurait jamais laissée.
N'est-ce pas ?
Bref, je me remis donc à marcher en traînant des pieds en direction de la sortie du bâtiment où ma mère m'attendait.

- "Hey ! Tu vas bien ma... Attends, mais c'est quoi cette tête d'enterrement ?"

- "Salut maman. Oui je vais bien, et merci du compliment." Lui répondis-je en m'installant sur le siège passagé.

- "Mïa..." Gronda-t-elle. "Arrête de faire l'enfant et dis moi pourquoi tu fais cette tête."

- "Quelle tête ? Je ne la vois pas ma tête je te signale."

Plus JamaisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant