Chapitre 17

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Point de vue de Xavier :

La scène se passa comme au ralenti. J'eus le temps de voir l'homme au volant de sa cabriolet ouvrir de grands yeux effrayés et freiner aussi fort qu'il pouvait.
Je le vis tourner son volant dans tous les sens pour éviter Mïa, qui elle, courait en plein milieu de la route en pleurant, les traits déformés par la déception.
La culpabilité me comprima la poitrine. Si la voiture ne touchait ne serait-ce qu'un seul de ses cheveux, je m'en voudrais énormément.

- "MÏA !!!"

Mon cri sembla résonner dans le vide. Les pneus crissèrent bruyamment sur le goudron, j'entendis Mïa hurler, puis Pipo aboyer. Et là, l'accident.

Point de vue omniscient :

Un bruit terrible résonna dans la maison et fis vibrer le corps de Mannuel et Sandra.
Ils se regardèrent rien qu'une demi-seconde mais le message était passé. Oui, ils avaient bien entendu la même chose.
Ils se levèrent dans un seul et même mouvement, parcourus d'une puissante adrénaline, et coururent à l'extérieur de la maison sans une seule hésitation.
À l'extérieur, Sandra lâcha un petit cri en voyant une voiture encastrée dans le poteau électrique de leur quartier. Elle était dans un sale état, la toiture était toute cabossée et les vitres complètement brisées.
Mannuel se précipita vers celle-ci pour aider le conducteur, qu'il réussit à faire sortir du cabriolet sans trop de difficultés.

- "Vous allez bien monsieur ?"

- "Moi ? Si je vais bien ? Mais vous vous foutez de moi !? Vous avez vu l'état de ma voiture ?! Oh mon dieu... Trente-cinq mille euros jetés par la fenêtre..."

L'homme était devenu rouge tomate sous l'énervement, même son crâne dégarni était coloré. Mannuel se retint de soupirer devant son snobisme.

- "Mais... Vous, vous allez bien ? Vous n'êtes pas blessé ?"

- "Non ! Je vais bien ! Et heureusement pour la conne qui a provoqué l'accident !"

- "Quoi ?"

- "Bah vous croyiez que j'étais rentré dans ce poteau volontairement ? Bah non ! Au moment où j'ai tourné, une jeune gonzesse a traversé la route sans regarder..." Râla-t-il en tapant du pied par terre comme un gamin pourri gâté.

Sandra se rapprocha de l'homme en entendant sa réponse.

- "Une fille ?"

- "Bah oui, vous êtes sourds ou quoi ? Elle était blonde et..."

Sandra cessa d'écouter le chauve et balaya la rue du regard d'un air affolé.

- "Mïa !"

Point de vue de Mïa :

- "Mïa ! Tu vas bien ? Tu es blessée ?"

Depuis le moment où j'avais entendu la voiture freiner à quelques mètres de moi, j'étais roulée en boule sur la route. Recroquevillée sur moi-même, comme si ça pouvait me protéger.

- "Mïa... Réponds-moi. Tu vas bien ?"

Mes bras se croisèrent automatiquement autour de mon corps. J'avais froid, je grelotais. Une voiture... Un accident... Encore. Les souvenirs affluaient, me submergeaient. M'empêchaient de penser normalement.
Une main se glissa son mon menton et me força à relever la tête.

- "Oh Mïa..."

Xavier me prit dans ses bras doucement, comme pour ne pas me faire de mal. Il me serrait fort contre lui mais j'avais encore l'impression d'être vulnérable, en insécurité. Même son odeur enivrante ne parvint pas à me calmer. Ma respiration était saccadée et vraiment rapide.

- "Tu m'as fait peur... Ne refais plus jamais ça..."

Il caressait mes joues pleines de larmes du bout des doigts, comme s'il avait peur de me blesser. Attendez... Stop, remake. Me blesser ? Mais c'est trop tard, le mal est déjà fait.
En revenant à la réalité, un élan de colère me traversa. Je le repoussai violemment et me relevai en frottant mon pantalon nerveusement.

- "Mais..."

- "Arrête. Tu n'as plus le droit d'être comme ça avec moi... Tu l'as dit toi-même, il ne faut pas que je m'attache à toi."

- "Oui mais..."

- "Tais-toi. Laisse-moi."

Ma voix tremblait sous la colère mais je serrais malgré tout les poings pour m'empêcher de pleurer. Mes ongles rentraient dans ma peau douloureusement, m'empêchant ainsi de laisser échapper quelques larmes.

- "Mïa... Je suis désolé pour tout ça... Je... Il faut que je parte. J'aurais aimé pouvoir rester et continuer à te voir et... T'apprendre à jouer du piano bien sûr mais je ne peux pas..."

- "Mais pourquoi ? Explique-moi."

Ma voix était presque suppliante. Je voulais le comprendre. Je voulais qu'il reste.

- "Je... Je ne peux pas..."

- "Pourquoi ? Pourquoi tu ne peux pas ? Dis le moi ! Je ne te jugerai pas !"

- "Ce n'est pas ça..."

- "Alors quoi bon sang ?"

J'entendis Xavier soupirer d'une voix désespérée puis quelqu'un cria près de nous.

- "Mïa ! Oh Mïa ma chérie tu es là..."

Quelqu'un me prit dans ses bras brusquement et me serra contre lui avec force.

- "Maman ?"

- "Oh ma chérie... J'ai cru... J'ai cru que ce connard t'avais percutée... J'ai eu tellement peur..."

Elle sanglotait en caressant mes cheveux doucement, comme elle le faisait quand j'étais petite. C'était assez apaisant et ma respiration reprit petit à petit un rythme normal. Rien de tel qu'une mère pour vous rassurer.

- "Tu es sûre que tu n'as rien ma puce ?"

Elle s'écarta de moi et commença à remonter mes manches et palper mes bras.

- "Maman... Arrête ! Je n'ai rien ne t'en fais pas..."

- "Désolée... Je voulais juste vérifier... J'ai cru que... Ça a fait remonter de mauvais souvenirs..."

- "Oui, je sais..."

Il y eu un petit moment de silence puis ma mère toussota d'une voix gênée.

- "J'ai interrompu quelque chose ? Xavier était avec toi avant que j'arrive, non ?"

- "Il est parti ?"

- "Eh bien oui... Il vient juste de grimper dans sa voiture et de sortir de notre rue..."

Il est parti... Xavier est parti... Il a profité du moment où ma mère m'avait littéralement sauté dessus pour s'en aller. Sans aucune explication. Sans même dire au revoir. Il avait été lâche, et je lui en voulais pour ça.
Mais au dessus de toute cette colère, il y avait de l'incompréhension. Pourquoi était-il parti aussi rapidement ? Il a dit qu'il ne pouvait pas rester, mais ça ne me suffisait pas. J'avais besoin de comprendre.

- "Maman ? Tu veux bien m'accompagner jusqu'à leur maison s'il te plait ? Il faut que je parle à Anna."

J'étais bien décidée à obtenir des explications, et même Xavier n'y pouvait rien.

- "Pas de problème."

Elle me prit par le bras et m'y emmena, sans même poser une seule question.

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- "Mïa... ?"

Vu le ton qu'Anna avait employé en ouvrant sa porte, elle ne s'attendait pas à me voir devant chez elle, pour la deuxième fois de la journée.

- "Anna, il faut qu'on parle."

Elle soupira puis me prit par la main pour m'encourager à entrer.

- "D'accord, mais alors entre, ne reste pas ici. Ça va être long..."

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