Chapitre 21

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Point de vue de Sandra :

- "Mannuel... Tu crois que c'est une bonne idée ?"

- "Mais oui chérie, ils sont grands maintenant, tout va bien se passer !" Me répond-il en rigolant.

- "Mais... Mais... Elle... Mïa est si..."

Mon mari me regarde bégayer avec un air attendri et amusé. Il me prends par les mains et m'attire jusqu'à lui.

- "Mon cœur... Rappelle-toi, on était comme eux à leur âge ! On avait envie de s'enfuir, de prendre notre envol... Il faut les laisser faire la même chose."

Je soupire et essaye de me libérer de ses bras, qui m'entourent et me retiennent contre son torse. Il essaye de m'attendrir, je le sais.

- "Mais enfin Mïa n'est même pas encore majeure !"

- "Xavier l'est, lui."

- "Mais... Et si ils se séparent... Qu'elle se perd dans une grande ville... Elle serait perdue... N'importe qui de mal-intentionné pourrait en profiter !"

Le visage de mon mari se crispe légèrement, je sais qu'imaginer tout ça lui fait aussi mal à lui qu'à moi.

- Sandra, arrête un peu de te torturer ! Xavier ne laisserait jamais notre fille seule, c'est un bon garçon, il faut lui faire confiance."

Je laisse mon regard effleurer le sol. J'ai confiance en Xavier, ce n'est pas le problème. C'est juste que je n'avais jamais laissé Mïa aussi longtemps avec quelqu'un d'autre que nous. Ça me fait peur. J'ai peur de voir notre fille grandir, de la voir quitter la maison. Tous les parents du monde connaissent ce sentiment.
Mannuel prend mon visage dans ses mains avec la plus grande tendresse.

- "Sandra, il est temps. Notre fille est grande, son handicap ne devrait pas l'empêcher de vivre. Il faut la laisser partir, profiter de son été. Elle est jeune, elle est heureuse et amoureuse, c'est maintenant ou jamais."

Je sais qu'il a raison, j'en suis même parfaitement consciente.
J'hoche finalement la tête, vaincue.

- "Merci mon amour. C'était la meilleure décision." Me dit Mannuel en collant son front contre le mien.

- "Oui, je l'espère..."

Il m'embrasse sur le front avec beaucoup d'amour et recule, me prend la main et ouvre la porte du salon avec un grand sourire.
À l'intérieur, Mïa et Xavier sont assis sur le sofa et se tiennent les mains avec un air rêveur et plein d'espoir.
Quand Xavier voit le sourire de mon mari, il se lève dans un élan de bonheur et prend Mïa dans ses bras.
Ma fille rit joyeusement et se laisse câliner.

- "Oh merci, merci énormément ! Je vous promets de bien prendre soin de votre fille."

Mannuel me regarde, me fait un clin d'œil et passe un bras autour de ma taille.

- "Tu as intérêt ! Notre fille, c'est la plus belle chose qu'on ait eu."

Xavier repose Mïa par terre délicatement tout en la couvant du regard.

- "J'en suis parfaitement conscient. Mais sachez que votre fille est aussi une des plus belles choses qui me soit arrivée."

J'esquisse un sourire en les voyant s'embrasser du bout des lèvres.
Leur amour est palpable, impossible à ignorer.

- "Merci papa, merci maman, je vous aime fort." Nous avoue Mïa.

Alors que les larmes me montent aux yeux, Mannuel frappe dans ses mains bruyamment et s'exclame :

- "Allez, câlin collectif !"

Tout le monde rigole et s'enlace avec émotion.
Mïa me prend une main et me chuchote :

- "Merci maman, je sais que ce n'est pas facile pour toi... Mais ça me tenait réellement à cœur."

- "Je sais ma puce, promets-moi seulement de faire attention à toi... Et de m'appeler au moins une fois tous les trois jours !"

Son visage se tinte d'émotion alors qu'elle se met à rire.

- "Promis maman..."

On se sépare alors tous et Xavier prend Mïa par la main.

- "Tu es prête ?"

- "Plus que jamais..." Lui répond-elle en souriant.

- "Alors allons-y !"

Point de vue de Mïa :

La main de Xavier serre la mienne comme si elle ne voulait jamais la lâcher. Je sens son pouls, les battements de son cœur sont réguliers et puissants. À présent, c'est l'heure de partir, je le sais. Je sens une larme couler le long de ma joue, elle finit sa descente dans le creux de mes lèvres et laisse sur son chemin une trace légèrement salée. Ça fait bizarre de quitter ses parents. On laisse toute une partie de notre vie derrière nous et en entamons une nouvelle. Ce n'est pas de la peur que j'éprouve à présent, non. C'est de la nostalgie, une légère impatience et de l'excitation.
Ça y est, je m'envole, je sors du nid familial, sans voir où je vais. Littéralement. Et c'est excitant. Terriblement excitant. Mon destin m'appartient, il est là, tout près, lié à celui de Xavier, et pour longtemps j'en suis certaine.
Après avoir dit une dernière fois au revoir à mes parents, Xavier m'emmène en courant dehors.

- "Tu m'emmènes où ?"

- "Tu me fais confiance ?" Me répond-t-il.

- "Bien sûr que oui."

- "Alors c'est une surprise."

Je souris. Il m'ouvre la portière de sa voiture, et m'aide à m'asseoir à l'intérieur.
Il me rejoint ensuite en s'asseyant derrière le volant et démarre la voiture en faisant vrombir le moteur.

- "Donne moi un indice."

Il rigole puis prend ma main.

- "Je t'emmène au bout du monde."

Au bout du monde...  J'ouvre la fenêtre et pose ma tête sur le rebord.

- "Ça me va."

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