Plus Jamais

Chapitre 22

Point de vue de Mïa :

La vie est compliquée et en même temps tellement simple.
Les sentiments complexes et pourtant magnifiques.
Le destin cruel ou formidable, mais inévitable.
Deux accidents. Deux pertes.
Xavier a perdu sa meilleure amie, j'ai perdu la vue.
Inévitablement inévitable. D'où l'expression carpe diem probablement. Cueille le jour.
Vis l'instant présent comme si tout se terminait demain. Savoure chaque seconde, chaque journée, chaque moment.
N'aies pas peur. Ne cherche pas à connaître l'avenir. Laisse-toi aller. Profite des gens qui te sont chers, réalise tes rêves et ose faire ce qui te paraissait jusqu'alors impossible.
Rien n'est véritablement impossible. D'ailleurs, qu'est-ce vraiment ? Ce n'est qu'un mot. Représentatif de barrières que tu t'imposes. Parce que finalement, l'impossible n'a pas de réelle définition. Il change dans l'esprit de chacun.
Pour moi, l'impossible était de voir ma vie changer. J'ai cru pendant des années que mon handicap allait rendre ma vie monotone, incipide. Mais je m'étais trompée.
Ma vie est devenue différente mais certainement pas monotone. J'ai rencontré un garçon merveilleux qui m'a fait faire des choses qui me paraissaient jusqu'alors impossibles.
Pour Xavier, l'impossible était de se pardonner. De passer à autre chose. Mais il a finalement réussi à se libérer de tous ses remords.
On s'est aidés l'un l'autre. Comme si nous étions complémentaires. Je m'en rends compte maintenant.
Même si ça a pris du temps.

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Je n'ai strictement aucune idée de l'endroit où il m'emmène. Mais ça ne me dérange pas, au contraire, c'est excitant.
La fenêtre toujours ouverte laisse entrer un vent frais qui fait voler mes cheveux dans tous les sens. La radio est allumée, mais je suis perdue dans mes pensées et ne l'entends pas.
La main de Xavier est posée sur ma cuisse et je sens son pouce caresser ma peau.
Il y a encore quelques mois je pensais véritablement ne jamais pouvoir vivre une telle chose. Qui pouvait bien vouloir d'une fille qui est incapable de vous voir ?
Mais c'est finalement arrivé, et je remercie ma bonne étoile pour cela.

- "Mïa ?"

La voix de Xavier me sort de ma rêverie.

- "Oui ?"

- "C'est la cinquième fois que je t'appelle mais tu ne me répondais pas." Me dit-il en rigolant.

- "Ah bon ? Excuse-moi... Tu voulais me dire quelque chose ?"

- "Tu avais le sourire aux lèvres, je voulais savoir qu'est-ce qui te rendait d'aussi bonne humeur."

- "Eh bien... Je me disais que j'étais vraiment heureuse, et que je ne pensais pas pouvoir l'être autant il y a encore quelques mois."

Sa main rencontre la mienne et l'enlace.

- "Moi aussi je le suis Mïa, grâce à toi."

Ses mots affolent mon cœur. Je me redresse et pose mon autre main sur sa jambe, comme il le faisait.
Xavier pousse alors un soupir.

- "Mïa... Si tu continues comme ça je vais me sentir obligé de m'arrêter sur le côté de la route..."

Je rigole, gênée et en même temps joyeuse de lui faire cet effet.

- "Chiche."

Je sens alors la voiture changer de trajectoire, puis s'arrêter brusquement.
Une fois le moteur arrêté, j'entends Xavier enlever sa ceinture.

- "Qu'est-ce que tu fais ?" Je demande d'une voix tremblotante, toujours gênée.

Je sens alors ses mains me soulever par la taille, pour me faire asseoir sur ses genoux.

- "Tu me rends dingue."

Ses lèvres se posent alors sur les miennes de façon brusque et instinctive.
Je passe mes mains dans sa nuque, caressant la naissance de sa chevelure tandis que sa bouche se déplace sur ma mâchoire, puis vient effleurer mon cou frissonnant.
Dévorée par de multiples émotions et sensations inédites, un gémissement incontrôlé s'échappe de mes lèvres.
Terriblement gênée, je m'écarte de lui.

Point de vue de Xavier :

Elle s'écarte de moi, rouge de honte après avoir gémis.
Je la regarde avec un petit sourire en coin, attendri.

- "Ce n'est rien Mïa, c'est tout à fait normal." Je lui dis doucement en essayant de la ramener contre moi.

Elle lutte néanmoins et essaye de regagner son siège.

- "Non... C'était... Gênant..." Bafouille-t-elle.

- "Il n'y a pas de quoi être gênée ! Ça voulait juste dire que tu appréciais mes baisers."

Je rigole en la voyant rougir de plus belle. Redevenant sérieux, je la reprends par la main.

- "Mïa, j'espère que tu sais que je ne serai jamais insistant avec toi. J'attendrai le temps qu'il faudra. Je n'ai pas besoin de ça pour éprouver ce que je ressens pour toi."

La tête baissée, je vois un léger sourire se former sur ses lèvres.

- Oui, je le sais." Me répond-t-elle en souriant.

Son sourire m'impressionnera toujours. Elle a le même que sa mère, si grand et sincère. Quand elle sourit, c'est tout son visage qui s'illumine, comme si de la poussière d'étoile se répandait sur son visage et la rendait éblouissante. Je n'ai jamais trouvé une fille aussi belle, aussi authentique.
Je suis terriblement chanceux de l'avoir.
Je me redresse, l'embrasse du bout des lèvres quelques secondes, puis me rattache et redémarre la voiture.
J'ai hâte de lui faire découvrir le lieu où je l'emmène.