beauty in death | taegikook

𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟕

TAEHYUNG.

Je mentirais si je disais que je ne suis pas stressé.

Plus que ça, je suis mort d'angoisse.

C'est toujours étrange de ne plus sentir les battements de mon cœur. Je ne l'entends plus battre contre mes tempes. C'est étrange.

Pour la première fois que je suis ici, je peux enfin découvrir le reste de la maison. Mon regard glisse sur la décoration. Tout est épuré, simple mais luxueux, et décoré dans des tons noir et blanc.

— Stressé, pas vrai ? glisse Yoongi.

Il marche devant moi, pour me montrer le chemin, mais il jette un regard par-dessus son épaule. Je dodeline de la tête :

— Un peu.

— Je le sens d'ici.

Il ricane, et je sens mon stress diminuer. Nous descendons les escaliers. Sa maison n'est pas une maison, c'est un manoir. Les escaliers sont énormes, en bois foncé, exactement comme dans les films. Le rez-de-chaussée est tout aussi gigantesque.

— Il est dans le salon. 

Nos pas ne font aucun bruit sur le parquet. Quand j'étais humain, malgré moi, j'étais assez bruyant. Désormais, même mes mouvements les plus simples ne font plus aucun bruit. C'est comme si j'avais gagné de la légèreté, de la grâce.

Nous entrons dans le salon, et je me fige immédiatement. Il est là. Son parfum s'insinue doucement dans mes narines, et je me surprends à gronder. Ma gorge vibre. Bon sang, j'ai envie de planter mes canines dans sa chair. Je serre les mâchoires, et mords violemment ma lèvre inférieure.

Quand Jungkook se tourne vers moi et que son visage s'illumine, je recule d'un pas. Je suis à deux doigts de perdre le contrôle, et mes grognements s'intensifient. Yoongi se tourne vers moi, les sourcils froncés :

— Kook', n'avance pas, d'accord ? dit-il. Taehyung, regarde-moi. Regarde-moi !

Je plante mes yeux dans les siens. Ma gorge me démange. Mes canines ont poussés, et elles reposent sur ma lèvre inférieure.

— Tu peux te contrôler, tu m'entends ? 

Il se rapproche de moi, jusqu'à ce que nos torses se touchent. Si je pouvais rougir, mes joues seraient écarlates.

Cela fait une semaine que je bois du sang animal. Et là... l'odeur délicieuse d'humain de Jungkook titille mes narines. Avec un peu de concentration, je peux voir son cou se crisper. Je peux entendre les battements de son cœur, les pulsations de son sang.

— Garde le contrôle, murmure-t-il.

Il colle nos fronts ensemble, tout en posant ses mains sur mes épaules. Je sais très bien qu'il utilise son pouvoir d'hypnose, et je dois avouer que je le ressens. J'ai envie de regarder Jungkook, mais ses yeux m'appellent. C'est presque comme si je tombais dans ses prunelles, comme si je m'y noyais.

— Tu te sens capable de l'approcher ? susurre-t-il.

Je secoue la tête. Je vais lui sauter dessus.

Et je ne sais pas si je parle de Jungkook ou de Yoongi.

— J'en sais rien, grogné-je. Comment ça se fait que je réagisse comme ça ?

— C'est un humain, et tu es un vampire, répond-il. Tu t'es affamé pendant plus de deux semaines, et cela fait à peine une semaine que tu te nourris convenablement. Sans prendre en compte le fait que tu aies des sentiments pour lui.

— Comment tu... 

— Je lis dans les pensées, Taehyung, se moque-t-il en roulant des yeux, comme si c'était une évidence.

Je reste silencieux. J'arrive à me détacher de son regard l'espace d'une seconde, et regarde Jungkook. Il est resté en retrait, mais ne paraît pas avoir peur de moi, bien au contraire. De suite, je me remets à gronder, et la soif de sang se fait si forte que j'essaie de pousser Yoongi pour aller vers mon meilleur ami. Le vert me repousse, et pose sa main sur ma joue pour me forcer à le regarder droit dans les yeux.

S'il lit dans les pensées, il sait forcément que je ne suis pas indifférent à son égard.

Néanmoins, je me sens mieux sans Jungkook dans mon axe de vision, bien que cela soit triste à dire. Je soupire, et ferme les yeux. Je me sens épuisé. Peut-être que c'était trop tôt pour envisager une rencontre ? Je suis profondément déçu de moi-même. Je pensais réellement que j'étais capable de pouvoir être proche de Jungkook sans vouloir le vider de son sang... j'ai envie de fondre en larmes. Je pensais que j'étais plus fort que ça.

Je suis abattu par la gêne et la déception.

— Ce n'est pas grave, d'accord ? Ce n'est pas de ta faute, Taehyung, murmure Yoongi.

Son pouce caresse ma pommette avec tendresse, et je me sens soupirer.

— Ne sois pas déçu de toi-même, reprend-il sur le même ton. Tu t'es entièrement remis en une semaine à peine. Cela ira déjà mieux dans quelques jours, tu verras. Tu arriveras à mieux te contrôler avec le temps.

— Combien de temps ça t'a pris, à toi ? soufflé-je.

— Ce n'est pas la même chose, je... vivais dans un temps différent. Personne ne m'a aidé. Et à vrai dire, je ne comprenais même pas ce qui m'arrivait, avoue-t-il. Crois-moi, tu as de la chance d'être aidé, cela te prendra beaucoup moins de temps à te contrôler que moi.

Je rouvre les yeux. Dans ses prunelles, j'aperçois un éclair de douleur. Yoongi doit avoir traversé pas mal de choses, dans son passé. Je pose ma main sur la sienne, qui englobe toujours ma mâchoire. Sa tendresse me fait beaucoup de bien.

— Tu devrais lui avouer ce que tu ressens, me dit-il.

Alors il a délibérément choisi d'ignorer mon attirance pour lui. Son sourcil s'arque, comme pour répondre à ma pensée.

— Je n'ignore pas tes ressentis, Taehyung. Comparé à ce que tu ressens pour Jungkook, tes sentiments pour moi sont négligeables. 

Et si je n'ai pas envie de les négliger ?

Il soupire, et secoue doucement la tête, pour me montrer son désaccord.

Après tout, il est un vampire, comme moi. Avec lui, je n'ai pas besoin de me retenir de lui sucer la jugulaire ; avec Jungkook, si. Et, au passage, j'ai peur de le tuer. De le faire souffrir. Je ne peux plus me leurrer, si j'entame une relation avec mon meilleur ami, je le verrais vieillir, mourir, alors que je resterais figé dans le passé. Ce problème n'arriverait pas, avec Yoongi.

— Ne fais pas le mauvais choix, murmure-t-il.

Le problème, c'est que je ne sais plus lequel des deux choix est le mauvais.