beauty in death | taegikook

𝐄𝐏𝐈𝐋𝐎𝐆𝐔𝐄

JUNGKOOK.

— Tu es certain, amour ?

— Plus que certain. 

Plusieurs mois sont passés. Taehyung devient de plus en plus fort à mesure que les jours passent, et s'entraîne régulièrement avec Yoongi pour contrôler ses nouveaux instincts.

Il n'y a aucun bruit. La lune brille, haute dans le ciel dégagé. Elle n'est pas pleine, n'est qu'un simple croissant mais peu importe, elle reste toujours aussi digne dans son habit blanc. Les rideaux de la chambre sont grands ouverts, laissant entrer ses rayons, qui s'écrasent sur les draps pourpres.

J'ai l'impression que l'angoisse coule à flots dans mes veines. Je respire fort, trop fort, ce qui ne semble pas convaincre Yoongi, assis à mes côtés.

Il lie nos doigts ensemble, la mine contrariée.

Depuis le début, cette idée tourne dans mon esprit, sans jamais vouloir s'en aller, de là à me causer des maux de tête épouvantables. Je ne veux pas vieillir à leurs côtés alors que eux ne le feront pas. Je ne veux pas mourir alors qu'ils continueront à vivre. Je ne veux pas leur causer une telle douleur. Le lien des âmes-sœurs nous unit. Une partie d'eux mourra avec moi, si je reste humain.

La porte de la pièce s'ouvre. Taehyung entre, habillé d'une manière confortable. Il a récemment teint ses cheveux en rouge, exactement comme dans ma vision de l'avenir, et cette couleur lui va diablement bien. Un pêché vivant. Lui aussi, arbore une moue embêtée. Il s'assoit de l'autre côté du lit, après avoir déposé un baiser sur les lèvres de Yoongi, et un autre sur les miennes.

— Je n'ai jamais fait ça avant, reprend Yoongi en mordant sa joue. Je me contentais de massacrer les gens, pas de les transformer. 

— Charmant, fais-je, amusé.

Il hausse un sourcil, un sourire taquin aux lèvres.

— Je dis juste la vérité, Kook'. 

Yoongi va mieux. Ses yeux ne sont plus aussi tristes, et il paraît plus en paix avec lui-même. Après que mes amants aient rencontré Yuno, le vampire qui a mordu Taehyung, ce dernier m'a raconté ce que lui avait avoué le vert. Encore aujourd'hui, alors que des centaines d'années sont passées, il garde des remords. Remords qui, petit à petit, s'amenuisent.

— Toujours déterminé à ce qu'on te mordre ? me demande Taehyung avec douceur.

— Je ne veux pas qu'on soit séparés, maintenant qu'on s'est trouvés, réponds-je en triturant le bas de mon t-shirt avec ma main libre.

Les doigts de Yoongi pressent les miens. Je les vois s'échanger un regard, qui semble en dire long.

Bien qu'on vive à trois, aucun de nous n'est mis de côté. Parfois, des duos se créent, mais uniquement si le troisième décide de prendre un peu de temps pour lui, seul. Peut-être parce que nous sommes âmes-sœurs, peut-être est-ce parce qu'une réelle symbiose existe entre nous.

Décidant de prendre les choses en main, je me redresse et ôte mon t-shirt, avant de le jeter par terre. J'aperçois un éclat écarlate dans leurs pupilles, et un long frisson remonte le long de ma colonne vertébrale. J'ai l'impression d'être une proie face à deux prédateurs. Et malgré tout, ça me plaît énormément. Je me sens désiré. Aimé.

— À toi l'honneur, dit Taehyung avec un sourire féroce.

— Quel privilège. Où veux-tu ma morsure, Kook' ? 

Je lui indique ma jugulaire avec mon doigt. Quand il me regarde de cette manière, j'ai le souffle coupé. Il pourrait faire ce qu'il souhaite de moi, sans que je ne m'y oppose. Je ne sais pas s'il utilise inconsciemment son pouvoir d'hypnose. Les vampires restent avant-tout des chasseurs.

Yoongi se rapproche de moi, tandis que le rouge nous regarde d'un œil plus qu'attentif. Il passe ses doigts dans mon cou, survolant ma peau :

— Si nous te mordons, il n'y aura pas de retour en arrière. 

— Mors-moi, Yoongi, murmuré-je.

Ses yeux paraissent prendre feu, et ses canines grandissent. Avec douceur, il fait glisser le bout de son nez contre ma pomme d'Adam, avant de planter fermement ses crocs dans ma chair. Aucune douleur, juste du plaisir qui m'endort et me réveille en même temps. Je franchis presque les portes du septième ciel. Mon cœur se met à battre à une vitesse presque irréelle dans ma cage thoracique.

Dans le même laps de temps, Taehyung se rapproche, avant de l'imiter, posant sa main dans le creux de mes reins. Je m'accroche à leurs cous, la bouche grande ouverte laissant passer des gémissements. Bon sang, ce que ça fait du bien.

Lorsqu'ils retirent leurs crocs, je me sens bizarrement ivre. Un peu hagard, je bois sans me poser de question le verre qui mélange leurs deux sangs ; c'est nécessaire pour une transformation consentie. D'après ce que Yoongi dit, je ne serais pas aussi incontrôlable qu'un nouveau-né vampire mordu d'une manière non consentie.

Du liquide rouge carmin coule le long de mon torse, ainsi que de ma mâchoire. Qu'est-ce qui m'arrive ? Ma tête est vide, il n'y a plus aucune pensée à l'intérieur. Juste du plaisir, dans toutes ses formes. On me retire le verre des mains, et je retombe en arrière sur les draps, à deux doigts de gémir.

Une vive douleur me fait soudainement grogner, et toute l'ivresse s'envole. Je serre les dents, alors que la douleur se propage à une vitesse folle dans mes veines, les embrasant au passage. Mon âme prend littéralement feu, et je n'ai pas conscience de crier, ni des deux présences à mes côtés.

— Courage, Jungkook, c'est bientôt fini.

Il s'agit de la voix de Yoongi. Mais elle est si loin que je l'entends à peine.

— Ça va aller, Kook'. 

Celle de Taehyung. Elle paraît plus proche, cette fois. Leur voix sont comme un narcotique. Plus encore, je sens leur amour dans ces dernières.

Les battements de mon cœur s'apaisent et le brouhaha dans ma tête se calme. La sensation de brûlure disparaît peu à peu, tandis qu'une fatigue écrasante m'envahit. Je sens mon corps. Je me sens tout entier et c'est étrange. Quelque chose a changé, je le ressens au plus profond de moi.

Deux corps se collent de chaque côté de moi. Ils sont froids, mais remplis d'amour, et cela me réchauffe. Yoongi et Taehyung me prennent les mains. Je les aime d'un amour si puissant qu'il me dévaste de l'intérieur. Mon âme vibre en symphonie avec les âmes, différentes mais complémentaires et indissociables.

Et quand je rouvre les yeux, plus d'une heure plus tard, ils sont d'un rouge sang, comme les leurs.