YOONGI.Finalement, Taehyung est retourné dans sa chambre, sans dire un mot. Il n'en n'avait pas besoin, étant donné que je lisais ses pensées. Et ce que j'y ai vu ne m'a absolument pas plu. Comment peut-il hésiter entre Jungkook et moi ? Cela ne fait qu'une semaine que nous nous connaissons, je refuse de penser que j'ai pu troubler son esprit à ce point.
Jungkook ne sourit plus. Il s'est rassi sur le canapé, entre temps, et a fermé le livre qu'il lisait en attendant son meilleur ami. La tête baissée, il fixe le bout de ses pieds, retenant de peine ses larmes. Ses pensées sont brouillées, s'entrechoquent sans cesse. Je ressens toute sa tristesse, alors que je suis de l'autre côté de la pièce. Cela me prend à la gorge, j'ai l'impression d'étouffer.
Mes pas me dirigent seuls vers lui. Avec douceur, je m'assois à ses côtés, et pose ma main sur son épaule. Il fond finalement en larmes sur mon épaule, et mon cœur se brise de le voir dans cet état. S'il pouvait battre encore, il battrait la chamade.
Je suis seul depuis aussi longtemps que je peux m'en souvenir.
Aujourd'hui, c'est différent.
C'est peut-être étrange, mais Jungkook et Taehyung m'ont touché. Leur relation, leurs personnalités, leurs peurs... j'ai l'impression qu'ils résonnent tous deux en moi. Comme s'ils étaient mon écho.
Je sais ce qu'ils représentent pour moi. À travers les années, j'ai rencontré beaucoup de personnes, qui m'ont appris tout ce que je sais. Ils ne sont pas simplement des personnes que j'aide. Il y a quelque chose de plus.
Mais je ne peux pas m'imposer à eux. Je n'ai pas le droit.
Je ne peux pas.
Je passe mes doigts dans les cheveux de Jungkook. Ses sanglots résonnent dans la pièce, et ne semblent pas vouloir s'arrêter. Je me contente de le réconforter du mieux que je peux, sans émettre un mot. Cela serait déplacé de ma part.
Finalement, au bout d'une dizaine de minutes, il se calme. Dans la pièce, on n'entend plus que ses légers hoquets, et ses petits reniflements. Je pose ma joue sur son front, tandis que je le serre plus fort contre moi.
— Ça va mieux ? lui demandé-je sur un ton doux.
Il répond par un petit bruit guère convaincant. Je me détache doucement de lui, et prends son visage en coupe avec mes mains, collant mon front au sien. Les yeux embués par les larmes, il me regarde d'une façon si désespérée que je me rends compte que je pourrais tout faire pour lui rendre son merveilleux sourire.
— Tout est de ma faute, souffle-t-il en détournant le regard.
— Je t'ai déjà dit que non, Jungkook.
— C'était mon rôle de l'empêcher d'aller dans ce stupide bar ! s'écrie-t-il.
Jungkook se relève du canapé, et se plante devant moi, furieux. Furieux contre lui-même, contre la situation, et sûrement un peu contre moi aussi. Je passe ma main dans mes cheveux. Énervé comme il est, il me ferait sûrement un peu peur, s'il n'était pas humain. Serrant les poings, il fait les cent pas sur mon tapis, maugréant contre lui-même.
— Si je l'avais empêché d'y aller, il serait encore humain, dit-il tout bas, et rien ne tout cela ne serait arrivé.
J'ai l'impression de me prendre un coup de poing.
Si Taehyung n'avait pas été au Nexa, je ne les aurais pas rencontrés. Finalement, je ne sais pas quelle option aurait été la meilleure. Je ne peux pas être égoïste. Je n'ai plus le droit de l'être. J'ai changé, et je suis devenu ce que j'espère être une personne meilleure. Je ne suis plus l'ancien Yoongi. Ce que j'ai fait dans le passé... tout est terminé, désormais.
— Tu ne peux pas agir contre le destin, fais-je à mon tour en me levant. Si Taehyung a été transformé, c'est pour une bonne raison ; et s'il devait l'être, alors il n'aurait jamais pu l'éviter. Si ça n'avait pas été ce soir-là, ça aurait un autre jour. Que tu aies le don de clairvoyance, ou non.
Malgré moi, ma voix s'est faite un peu plus sèche que je ne l'ai voulu. Mais cela m'agace qu'il n'arrive pas à comprendre ces faits. Je sais qu'il s'en veut, mais toute cette situation n'est pas de sa faute, bien au contraire. S'il n'était pas venu me trouver, Taehyung n'irait pas mieux, et serait toujours enfermé dans sa maudite chambre.
Quand je suis allé le chercher... j'ai vu les griffures sur les murs. J'ai vu le sang, partout, et surtout je l'ai senti ; le sien. Il s'est brisé les doigts, il s'est arraché la peau en s'en prenant aux murs. Je suis même surpris qu'il ne soit pas devenu fou à cause de la douleur et de la soif. Son corps était amaigri, beaucoup trop, il n'avait plus que la peau sur les os.
Alors je comprends ce que peut ressentir Jungkook. Et puis, d'ailleurs, je l'ai ressenti.
— Tu ne pourras pas me convaincre du contraire, Yoongi, soupire Jungkook en serrant les dents pour ne pas pleurer. J'aurais dû le protéger.
— Alors quoi ? Tu vas continuer à te flageller parce que tu as laissé Taehyung faire ses propres choix ? m'agacé-je.
Je prends une grande inspiration pour ne pas m'énerver. Je me plante face à lui, les sourcils froncés, et les bras croisés sur mon torse. Il hausse un sourcil, dans le même état de colère que moi.
— Ça te regarde pas ! s'entête-t-il.
— Ah bon ? Tu es venu me demander mon aide. Je dois te rappeler que notre contrat est scellé ?
Il rougit, et détourne le regard, mais ne répond pas.
— Dois-je aussi te rappeler de quelle manière a-t-on signé ce contrat ? continué-je en me rapprochant de lui, aussi venimeux qu'un serpent.
À cet instant précis, je ne pense pas même une seconde que Taehyung puisse nous écouter. À vrai dire, je n'en n'ai strictement rien faire. Jungkook et moi avons fait un pacte. C'est de mon honneur de respecter ma partie du contrat.
Il pose une main sur mon torse, comme pour me tenir à l'écart, mais je lis dans ses pensées qu'il me veut plus proche de lui encore.
— Pas la peine, je m'en souviens encore, murmure-t-il, la gorge nouée.
— Tu n'as plus le droit de refuser mon aide.
Je tourne les talons, et commence à m'éloigner de Jungkook, parce que je considère que la discussion est terminée. Les mains dans les poches, je m'apprête à sortir du salon, mais la voix de l'humain me fait m'arrêter :
— Pourquoi est-ce que tu y tiens autant ? À nous aider ?
— Parce que personne ne m'a aidé, moi.
Je quitte la pièce, sans un regard en arrière.
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beauty in death | taegikook
Fanfiction" Il est là, assis comme un roi sur un grand canapé en cuir, une coupe de sang à la main. Il couve le club de son regard sombre et sensuel. Personne n'ose s'approcher de lui et je comprends, car son aura est particulièrement dangereuse. Peu importe...