TAEHYUNG.S'il pense qu'il peut me fuir de cette façon, Yoongi se met le doigt dans l'œil. Je me nettoie rapidement, et enfile un long peignoir en soie pour cacher ma nudité. Quand j'ouvre la porte de ma chambre, le couloir est déjà vide. Je n'ai jamais visité sa maison, et même s'il m'a mené au salon, je ne suis pas certain de me souvenir du chemin. Tant pis, je suis déterminé à le trouver, même s'il faut que j'y passe des heures.
Je prends une grande inspiration, et sors de la pièce. Il fait plus frais que dans ma chambre, mais mon corps ne semble pas se rendre compte de la différence de température. Je peux le trouver. Je suis un vampire, après tout, non ? Autant en tirer des avantages.
Alors je ferme les yeux, et je tente de me concentrer sur les différents bruits de la maison. Le parquet qui grince, le vent qui souffle dehors, le hibou au loin...
— Taehyung ?
Je sursaute, et me tourne rapidement vers la voix. Jungkook se tient devant moi, enroulé dans un plaid, par-dessus son pyjama. Ses cheveux sont ébouriffés, et ses yeux sont gonflés par la fatigue. Une vague de panique me submerge, et je recule de plusieurs pas, les lèvres pincées. Néanmoins, je n'ai pas autant envie de le mordre que plus tôt. Au contraire, c'est comme si je n'avais jamais été un vampire, même si mon meilleur ami dégage une odeur délicieuse.
Je ne l'ai pas entendu arriver. Concentré sur tout à la fois, j'étais certain qu'il se trouvait encore dans sa chambre.
— Tu... tu as beaucoup changé, murmure-t-il, les yeux brillants.
Bon sang ce qu'il m'a manqué. Ma poitrine se gonfle de bonheur au point que j'ai l'impression qu'elle va exploser. Que je vais exploser tout entier.
C'est vrai, j'ai changé. Quelques heures plus tôt, dans le salon, il n'a certainement pas eu le temps de me regarder attentivement, comme j'ai dû quitter rapidement la pièce pour ne pas le vider de son sang. Il me détaille, les joues roses, sûrement un peu mal à l'aise.
— Tu es toujours aussi beau.
— Toi aussi, réponds-je d'une voix faible.
Un sourire lui échappe.
Je m'en veux énormément de l'avoir fait souffrir à ce point. Je me suis montré égoïste, et je n'ai pensé qu'à moi, et ma volonté de mourir. Je n'ai absolument pas pensé à lui.
Jungkook a de larges cernes en-dessous de ses yeux, mais ils sont moindres, comparés à la vision que m'a partagé Yoongi.
— Comment tu te sens ? lui demandé-je en me rapprochant de lui.
Toutefois, je garde une distance de sécurité entre nous. Yoongi a disparu je-ne-sais-où, et je ne pense pas qu'il pourrait intervenir rapidement en cas d'attaque.
— Ça serait plutôt à moi de te demander ça, ricane-t-il en secouant la tête. Dis-moi.
— Je suis devenu ce que je détestais le plus. L'idée d'être immortel... c'est une chose terrible.
Jungkook s'approche de moi. Je me tends, alors qu'il pose doucement ses mains sur mes épaules. Heureusement, je ne sens pas mes canines s'agrandir, ni la faim qui me dévorait le ventre. Ses yeux n'expriment que la tendresse. Mon cœur chavire. Cela faisait longtemps qu'il ne m'avait pas regardé de cette manière. Depuis que je me suis fait mordre, à vrai dire.
Finalement, après une brève hésitation, je prends mon meilleur ami, mon pilier, dans mes bras, tout en faisant attention à ne pas le serrer trop fort. Je n'ai pas envie de lui briser les côtes. Jungkook me rend mon étreinte avec plaisir, enfouissant son visage dans mon cou. Nous restons un long moment dans cette position, à profiter l'un de l'autre. À nous retrouver, après cette séparation forcée.
— Je crois en toi, me chuchote-t-il à l'oreille. J'ai toujours cru en toi. Dis-toi que ce n'est qu'un obstacle de plus. En tout cas, je reste à tes côtés, pour toujours. N'oublie pas que je t'aime, c'est le plus important.
Je pose mon menton sur son crâne, les yeux fermés. J'entends les battements rapides de son cœur, et je les sentirais presque contre ma propre poitrine.
— Qu'est-ce que tu fais dans le couloir, au fait, Tae ? reprend Jungkook en se détachant de moi.
Il essuie discrètement une larme émue au creux de son œil, faisant comme si de rien n'était, alors que je lutte pour retenir mes propres larmes. Un peu gêné, je resserre le nœud de mon peignoir, pour éviter qu'il ne glisse de mes épaules.
— Et bien... Yoongi m'inquiète, avoué-je. Il est parti de ma chambre, en disant qu'il ne voulait pas être égoïste, et...
Ma voix se coupe dans ma gorge. Je suis incapable de lui en dire plus, parce que je n'ai pas envie de lui annoncer que j'ai fait l'amour avec Yoongi. J'ai toujours cette sensation de trahison au creux de mon ventre, bien qu'elle soit moindre depuis que je les ai vus, tous les deux.
Je pince l'arête de mon nez avec mes doigts, tout en soupirant. Ces non-dits créent un lourd poids sur mes épaules ; et je ne dois pas être le seul à le ressentir. Cette situation est malsaine.
— Et tu voulais le retrouver, pas vrai ? devine Jungkook d'une voix douce.
Je hoche silencieusement la tête, la gorge serrée. Jungkook entrelace nos doigts, et nous nous dirigeons vers une partie de la maison que je ne connais pas. Les couloirs sont luxueux, bien que simples. De grandes fenêtres donnent sur la cour intérieure, ou bien sur la rue, complètement vide à cette heure.
Ce qui me choque le plus, est le fait qu'il n'y a pas de photos accrochées aux murs. Ils sont vides, impersonnels, et les seuls objets suspendus sont des tableaux de paysage.
Nous nous arrêtons devant une porte en bois blanc. Il doit s'agir de la chambre de Yoongi. À l'intérieur, il n'y a aucun bruit, mais il n'y a pas de doute : il est à l'intérieur, puisque la porte s'ouvre brusquement. Yoongi se tient dans l'obscurité, et c'est seulement en me rapprochant que je découvre qu'il a pleuré : ses yeux sont rouges, gonflés. Mon cœur se brise de le voir dans cet état.
— Yoongi... murmuré-je.
— Je pense qu'il est temps qu'on s'explique, tous les trois, dit-il d'une voix faible.
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beauty in death | taegikook
Fiksi Penggemar" Il est là, assis comme un roi sur un grand canapé en cuir, une coupe de sang à la main. Il couve le club de son regard sombre et sensuel. Personne n'ose s'approcher de lui et je comprends, car son aura est particulièrement dangereuse. Peu importe...