YOONGI.Minuit.
Jungkook s'est enfin endormi. Ses pleurs m'ont réveillé, et je n'ai pas pu m'empêcher d'aller le voir, comme si notre conversation houleuse de tout à l'heure ne s'était jamais passée. Il a posé sa tête sur mes genoux, et pendant plus d'une heure, j'ai passé mes doigts dans ses cheveux bruns, dans la quête de le réconforter. J'ai sous-estimé la souffrance que lui occasionne sa séparation forcée avec Taehyung ; ils sont tous deux complémentaires, et se savoir si proches sans pouvoir se parler doit accentuer leur douleur.
Je referme précautionneusement la porte de la chambre de l'humain derrière-moi. Je n'ose même pas imaginer son état s'il dormait chez lui. N'ayant pas un cœur de pierre, je lui ai proposé de rester au manoir aussi longtemps qu'il le voudrait. Je ne suis pas un montre.
Ou du moins, je n'en suis plus un.
Les mains dans les poches de mon pantalon, je me dirige lentement vers ma propre chambre, bien décidé à me reposer quelques heures. Je n'ai jamais eu besoin de dormir beaucoup, et encore moins depuis le temps où je suis devenu un vampire. Je passe la majorité de la nuit à composer, que ce soit du piano ou des chansons, et lorsque l'inspiration n'est pas au rendez-vous, je me contente de regarder les étoiles.
J'entends soudainement du bruit. Je m'arrête, penchant la tête vers la porte devant laquelle je suis. Celle de Taehyung. Un peu inquiet quant à son état, j'entrouvre légèrement la porte. Plus tôt, j'ai rapidement compris que j'avais intérêt à le laisser seul, en lisant ses pensées. Il n'est pas quelqu'un qui étale ses problèmes aux autres, et encore moins ses émotions. Le fait de ne pas pouvoir approcher Jungkook l'a énormément déçu de lui-même, et je sens ses remords jusqu'au plus profond de mon âme.
En passant ma porte par l'ouverture, je le découvre assis sur son sol, fixant l'objet tombé au sol. Il m'aperçoit, et soupire, détournant le regard, les joues roses :
— Désolé du bruit, j'ai... j'ai pas fait exprès.
Si, il l'a fait. Et il le sait, étant donné qu'il fait tout pour ne pas penser à ça. En m'entendant passer dans le couloir, il a simplement fait tomber un livre. Jungkook ne s'est pas réveillé.
— Tu sais, tu peux me le dire, si tu as envie de me parler de quelque chose, dis-je en entrant totalement dans la pièce.
Je ferme la porte derrière-moi, et désormais comme à mon habitude, je m'assois sur le rebord de son lit, les yeux tendres. Il triture nerveusement un morceau de la couverture entre ses doigts longs et fins. Séparés de moins d'un mètre, je ressens soudainement toute l'électricité de l'atmosphère dans mes veines. La tension monte d'un cran, et encore plus lorsque je me rapproche de lui. J'aimerais m'empêcher d'agir de cette façon, mais mon instinct me guide et me contrôle. Je serre les mâchoires et prends une grande inspiration, ce qui est complètement inutile, pour ne pas lui sauter dessus.
Mes iris descendent le long de sa jugulaire, puis de ses clavicules, mises à nu par son t-shirt large. Il ne porte d'ailleurs que ça, et la couverture descendue laisse apercevoir ses jambes fines et laiteuses. Je sens mon regard s'assombrir, et mes doigts s'enfoncent dans le matelas.
Et visiblement, je ne suis pas le seul dans la pièce à penser à des choses salaces.
— Je pensais vraiment que j'étais capable de me contrôler, dit-il, et ses pensées peu catholiques s'envolent.
Taehyung se recroqueville sur lui-même, replie ses jambes contre son torse, avant de les entourer avec ses bras, comme un enfant. Un peu hésitant, je pose ma main sur la sienne, pour lui montrer que je suis présent pour lui. Je n'ai jamais été très doué pour réconforter les autres. À vrai dire, j'étais beaucoup plus doué pour les faire souffrir et répandre la mort autour de moi.
Mais ce n'est plus la même époque.
— Je pensais vraiment que j'étais assez fort, continue-t-il et sa voix se brise sur le dernier mot.
— Tu es fort, crois-moi, murmuré-je, juste pas assez entraîné.
Il relève vers moi un regard larmoyant, et une grande tristesse m'envahit ; la sienne, et la mienne, entrelacées.
— Ça viendra avec le temps, je te l'assure. Taehyung, ça ne fait qu'une semaine. Une semaine, et tu as déjà fait des efforts énormes. Je t'assure que je n'ai jamais vu un vampire devenir aussi fort en l'espace de sept jours. Surtout quand on prend en compte le fait que tu t'es laissé mourir pendant deux semaines, juste après ta transformation.
Mon pouce caresse doucement la paume de sa main, pour accompagner mes mots.
— Comment ça se passe, une morsure consentie ? me demande-t-il.
L'éclat brisé dans ses yeux me donne envie de fondre en larmes. Une simple morsure, et ses rêves de vie s'envolent. Ce type lui a gâché la vie, et ce, pour l'éternité.
— Souvent, elle s'effectue quand deux personnes, un humain et un vampire, tombent amoureux l'un de l'autre, réponds-je avec précaution.
Ce que je sais, je l'ai appris dans les livres. Moi non plus, je n'ai pas été mordu de manière consentie.
— Le vampire transforme l'humain pour qu'ils passent l'éternité ensemble. C'est comme une sorte de mariage, tu vois ? Après la morsure, le nouveau-né est souvent incontrôlable, voire pris de pulsions meurtrières, à cause du venin du vampire. Il a besoin de sang, et il serait capable de décimer un peuple entier pour être rassasié. Le contrôle vient avec le temps. Un nouveau-né seul et lâché dans la nature a de rares chances de survie.
— Pourquoi est-ce qu'il m'a mordu ?
Je finis par m'asseoir à ses côtés, et lui fais poser sa tête sur mon épaule, pour lui gratter le crâne.
— Un lien se crée entre l'humain, et le vampire qui l'a mordu. Il y a de ça de nombreuses années, quand la guerre régnait encore, les vampires avaient pour but de transformer un maximum d'humains, pour former une armée, et renverser le pouvoir. Aujourd'hui, je n'en vois plus vraiment l'intérêt, mais... certains vampires font ça dans le but de s'amuser.
Je le sens se tendre contre moi. Ce n'était peut-être pas la meilleure façon de le lui apprendre. Je dépose un baiser sur son front.
— Dans le but de s'amuser... répète-t-il. Un type m'a gâché la vie, uniquement dans le but de s'amuser.
Je le serre plus fort contre moi, dans l'espoir de calmer sa soudaine fureur.
— Je suis tellement désolé, Taehyung, soufflé-je en fermant les yeux.
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beauty in death | taegikook
Fanfic" Il est là, assis comme un roi sur un grand canapé en cuir, une coupe de sang à la main. Il couve le club de son regard sombre et sensuel. Personne n'ose s'approcher de lui et je comprends, car son aura est particulièrement dangereuse. Peu importe...