Je pensais l'avoir refroidie avec cette histoire de bidons mais ça se retourne contre moi. Décidément, elle a le don pour me les casser. Et j'ai beau avoir 24 ans, quand Jane Mackay s'énerve je n'en mène pas large. Quant aux deux citadins qui sont censés être mes amis, je ne leur adresse pas même un regard et ressors en claquant la porte d'entrée. J'en ai au moins pour une heure avant de finir la tournée.
Une heure pour me calmer, si c'est possible.
Quand je reviens sur le perron, les muscles en feu, la peau moite et l'esprit tout juste apaisé, j'entends des éclats de rire venant du salon. Au moins, certains profitent de leur soirée. J'entre, je jette rapidement un coup d'œil circulaire à la pièce pour me faire une idée de ce qu'il se passe. C'est là que j'aperçois Al, Erik et Cassie sur le canapé en train de choisir un film sur une célèbre plateforme en ligne. Pas de signe de ma mère ni de l'américaine.
— Où est maman ? lancé-je à Cassie.
— En haut. Avec Lilly. Au fait, si tu montes... Paix à ton âme, mime-t-elle avec une moue cynique en pivotant vers moi.
— Mackay, cette fille est incroyable, lâche Al alors que je m'apprête à monter les marches de l'escalier rapidement. Elle a un putain de caractère, elle me régale !
Je me fige et serre la mâchoire pour éviter de lui répondre sur un ton cinglant. Cette fille n'est pas incroyable, non. Mais on est au moins d'accord sur un point : son foutu caractère risque de me faire vriller rapidement, encore une fois.
— Curtis, me fait Cassie en me coupant dans mes pensées, le programme des prochains jours a changé. J'espère que vous vous amuserez bien !
Al et Erik éclatent de rire tandis que mon cerveau marque un temps d'arrêt, autant à cause du ton qu'elle a employé que son sous-entendu. Qu'est-ce que c'est que cette nouvelle, encore ? En soufflant un bon coup, je monte deux à deux les marches puis frappe à la porte de Collins, m'astreignant à un calme qui me fait décidément gravement défaut quand cette fille s'invite dans une équation où elle n'a rien à faire. En plus si ma mère est là, je vais devoir garder mon sang froid tout en lui faisant comprendre qu'ici, c'est moi le boss.
C'est quand même pas compliqué à comprendre ça, bordel !
— Curtis, tu tombes bien, m'annonce ma mère depuis l'embrasure de la porte de la bibliothèque peu éclairée. Je voulais justement te parler.
Son ton inexpressif me glace le sang. Je ne sais absolument pas à quoi m'attendre, et j'aurais préféré savoir dans quel état d'esprit ma mère se trouve avant d'entamer une conversation. Je me retourne et plisse les yeux, la mâchoire et les poings toujours aussi crispés. J'ai bien peur que ce soit l'heure de mon procès, sans que je n'aie d'avocat pour plaider ma cause. À peine ai-je posé un pied dans la bibliothèque que je sens une nouvelle fois le parfum de l'américaine, ce qui me tend directement avant même de la voir rencognée dans le canapé, un bouquin à la main et un coussin calé entre ses genoux.
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Australian Crush
RomansaElisabeth Collins, jeune New Yorkaise diplômée, voit sa vie basculer du jour au lendemain. Elle souhaite changer radicalement les prochains mois de sa vie pour tourner la page. Quoi de mieux que les terres arides d'Australie pour oublier ? Curtis...