Chapitre 9

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	Je souffle un bon coup avant de tourner la clé dans le contact

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Je souffle un bon coup avant de tourner la clé dans le contact. Heureusement, j'ai bien quinze minutes sur l'asphalte poussiéreux et désert de toute forme de vie pour me faire à la voiture, avec pour seul obstacle l'horizon à perte de vue –et peut-être un ou deux panneaux. Le GPS prêt, j'enclenche la marche arrière pour prendre la route rapidement, avant que Curtis me fasse sortir de mes gonds, une nouvelle fois. Mme Mackay m'a prêté un des téléphones portables pour les joindre au moindre problème. J'ai bien vu son expression de surprise quand je lui ai dit que je me rendais à la réserve de Toomba pour aller chercher ce qu'il nous fallait. Elle m'a proposé de me faire accompagner par Cassie, mais j'ai refusé. Je sais qu'il y a du travail et que Curtis aurait encore saisi cette occasion pour me rabaisser et donc, je crier dessus.

Je me rends compte que je bougonne à voix haute alors que je sors bientôt de la propriété. Je m'arrête au grand portique en bois avant de jeter un œil sur le GPS. Il n'est pas de dernier cri mais du moment qu'il me mène à destination, nous serons amis lui et moi.

Et du moment qu'il me guide loin de Curtis tout court, d'ailleurs.

« Garde ta gauche ma fille » couine la voix dans ma tête.

L'avantage incontestable, c'est que les routes sont droites comme des skis neufs, que cette savane est plus dépouillée que le crâne d'un chauve et que j'ai une vision quasi complète de ce qu'il se passe à trois cent soixante degrés. Même l'autoradio ne marche pas ici, ou alors c'est un style, les chansons en hachées. Le réseau ou les fréquences ne passent pas dans ce coin perdu où seul le soleil ose pointer son nez.

De temps à autre, j'aperçois depuis mon volant chauffé même à travers le parebrise quelques kangourous vaillants et une dizaine de poids lourds énormes, surnommés les road trains. Mme Mackay m'a mis en garde contre ces colosses de fer à trois remorques, qui transportent du bétail. Un coup de pression en plus pour moi pour ma première « balade » en solo. Je ne croise absolument personne d'autre sur le trajet, donnant l'impression au temps de s'éterniser. Et c'est encore pire quand je tourne en direction de la réserve de Toomba. Hormis la longue chaussée droite longée par la terre aride ocre et la forêt d'acacias, il n'y a que moi et mon Pickup blanc –qui ne doit plus l'être tant que ça. Il me reste encore une bonne heure de route avant d'arriver quand j'entends le moteur tousser. Mon cœur fait un bon.

Non ! Pas ça !

— Pitié ! frappé le volant en cuir comme s'il était responsable.

Je comprends rapidement mon erreur. Mes yeux écarquillés se posent d'instinct sur le voyant lumineux rouge. La jauge d'essence est vide. Vide, autant que je deviens livide et prise de frisson d'effroi alors qu'il doit faire trente degrés. Je me gare rapidement sur le bas-côté en maudissant la Terre entière et tout l'univers.

Pourquoi ça tombe sur moi ?

Furieuse, je sors de la voiture en claquant la porte et me dirige vers le coffre de benne, cherchant désespérément les bidons d'essence. Mes yeux parcourent la remorque de long en large, ne voyant rien qui y ressemble, et rien à voir avec l'aveuglement dû à la luminosité qui me grille les rétines jusqu'au nerf optique en dépit de mes verres teintés. Il fait une chaleur de plomb, la soif m'assaille soudain, un vertige me guette à cause de la peur que m'inspire cette situation qui n'était pas au programme.

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