Image : Malya
« C'est toujours la même chose avec vous ! Vous leur excusez absolument tout, c'est toujours à nous de faire profil bas ! J'en ai ma claque de devoir cacher qui je suis, je suis pas un putain de monstre ! », cria Malya, des larmes scintillantes coulant le long de sa peau foncée.
« Malya... tu comprendras plus tard, tu es encore jeune. Les voltigeurs effraient les humains, on ne peut pas leur en vouloir pour cela », répondit sa mère de sa voix toujours si douce.
La jeune fille regarda son père, puis sa mère, son cœur battant à mille à l'heure, et sa colère ne faisant que monter. S'ils vivaient dans ces conditions, s'ils étaient si pauvres et discriminés, c'était à cause de ces humains, qui ne toléraient rien ni personne. Des voltigeurs noirs de peau ? Ils n'avaient pas gagné à la loterie de l'humanité, un mot qui ne voulait en plus de cela rien dire. Si on en appliquait la définition, les humains n'avaient aucune humanité.
« On se fait marcher dessus chaque jour, on nous traite comme des pestiférés, on vit dans un taudis ! C'est nous qui devrions être terrorisés », elle lança d'un ton toujours aussi animé, en pointant du doigt ses parents.
Soudain, des bruits d'avions se firent entendre, et Malya se dirigea vers la fenêtre de leur appartement miteux. Des avions de chasse passaient au-dessus de leur tête, dispersant une fumée étrange et grisâtre.
« Qu'est-ce que c'est que ça ? », elle murmura alors que ses parents venaient voir à leur tour.
Elle commença à voir des gens tousser dans la rue, et même certains tomber, une alarme rouge et clignotante s'allumant dans son cerveau.
« Fermez toutes les fenêtres », elle cria à ses parents alors qu'elle attrapait un torchon pour tenter de combler l'espace en-dessous de la porte d'entrée.
Ils coururent dans tous les sens, s'assurant que tout était bien fermé, et attendant avec appréhension dans le salon, se lançant des regards sans émettre un son, comme si la mort était venue leur rendre visite. Leurs efforts furent vains, le gaz s'immisça à travers toutes les petites craquelures, l'état du logement ne l'isolant pas bien de l'extérieur. Le gaz commença à se répandre dans le salon, et Malya et ses parents se prirent dans les bras les uns des autres, se serrant tellement fort. Elle pouvait sentir leur panique, l'atmosphère était celle d'une zone de guerre et elle était terrifiée.
Ses parents commencèrent à tousser, et sa panique s'intensifia, elle leur fit signe de mettre leurs vêtements sur leurs bouches et nez, mais rien n'y faisait. Sa mère fut la première à tomber, puis son père dans la seconde qui suivit, leurs corps émettant un bruit sourd en touchant le sol, alors qu'ils étaient pourtant déjà à genoux. Malya fondit en larmes, criant à pleins poumons, elle sentait la brûlure du gaz dans sa gorge, mais la mort ne venait toujours pas la chercher.
Tout à coup, son corps se révulsa, et elle cria de douleur, ses yeux de voltigeuse s'allumant, des yeux dont le blanc était brumeux, et l'iris et la pupille d'un noir profond, tellement qu'on ne les distinguait plus. Des veines noires dépassaient sur le blanc brumeux, et étaient aussi visibles à l'emplacement de ses cernes, descendant légèrement plus loin. Elle avait toujours eu ces yeux, depuis qu'elle était bébé, pourtant ses parents étaient tous les deux des voltigeurs, et elle n'était pas de niveau cinq. C'était comme si elle avait une tempête dans le regard.
Elle sentit l'énergie dans ses veines, une puissance qu'elle n'avait ressentie auparavant du haut de son niveau deux, comme si elle passait au niveau supérieur. Elle retomba, la paume de ses mains en contact avec le lino froid, toussant violemment, expulsant la fumée de ses poumons, avant de grogner tel un animal.
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Les Voltigeurs 2
Teen FictionDix ans après le premier tome, nous nous retrouvons pour une nouvelle histoire, celle de Malya, une jeune voltigeuse de dix-sept ans ayant perdu ses parents, tués par un gaz répandu par le gouvernement pour se débarrasser des voltigeurs du 24e arron...