Chapitre 22

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Depuis le ciel, les oiseaux peinaient probablement à voir l'agitation sous leurs ailes, la fumée occultant leur vision. On aurait pût jouer une mélodie sombre sur la scène de leur vol à travers le carnage, la capitale ayant complètement perdu son éclat, sa magie, mais aussi beaucoup de ses monstres. Il semblerait cependant, que rien ne puisse arrêter le mal, qu'il soit ancré dans les humains tout comme les voltigeurs.

Vivre ou mourir pour une cause, cela paraissait tellement inutile par moment, la flamme du fanatisme, de l'activisme ou du patriotisme perdant de sa vigueur. Les animaux n'avaient pas conscience de ce déchirement, continuant leur vie alors que le monde s'effondrait autour d'eux. Valait-il mieux rester dans l'ombre ou se battre pour changer les choses ?

La réalité était que peu de personnes pouvaient se permettre de vivre dans l'ombre, rester terré comme un rat n'avait rien d'une vie de rêve, et pour ceux qui pouvaient se défendre et bien vivre en marge de la société, c'était un combat constant. C'était donc le désespoir qui retournait les esprits, qui rendaient les gens fous au point de mettre leur vie en danger et de se ranger d'un côté. Tous ces voltigeurs se battant aux côtés du Spectre, le faisaient-ils vraiment par conviction, ou par simple instinct de survie ?

Ils ne le connaissaient même pas et étaient peu familiers de ses idées. La seule chose qui les guidaient était la peur et le sentiment qu'ils se battaient pour le côté qui allait gagner. Même si certains étaient en complet accord avec sa vision des choses, ils restaient probablement minoritaires. Et dans cette guerre civile, allaient mourir pour un camp qu'ils ne supportaient pas réellement, un bon nombre de voltigeurs rattrapés par leurs propres démons.

Pour ce qui est des humains, ils allaient enfin découvrir dans quel monde vivait les voltigeurs. Une version bien plus rude cependant, puisqu'ils seront les faibles de l'histoire, et cela n'est jamais bon. Pour beaucoup ce sera une double peine, passant d'une vie à se faire écraser et maltraiter par la société, à une vie d'esclave pouvant mourir à tout moment.

C'était donc cela, le monde que le Spectre voulait créer ? Il était sûrement devenu fou à se cacher comme un lépreux, passant la majorité de sa vie dans les bas-fonds de la capitale, à se ronger les ongles et récolter chaque miette tombée de la table. Il avait beau avoir la puissance et le pouvoir, il avait vécu comme un rat et il était répugnant. Il n'atteindrait jamais la grandeur à laquelle il aspirait, il ne serait jamais un roi rayonnant.



Se déplaçant comme une gymnaste, ses mouvements d'arts martiaux se découpant contre les rayons du soleil d'été, elle découpait les têtes une par une avec aisance et un rythme presque musical. Le sang coulait à flots dans les rues de la capitale, et les rayons dorés avaient du mal à percer le brouillard noir qu'elle avait fait apparaitre au sol. Les voltigeurs s'étouffaient autour d'elle alors que Malya abrégeait leurs souffrances de sa lame.

Elle s'arrêta, laissant le soleil caresser son visage pendant que la brume se dissipait, laissant derrière elle une vallée de cadavre, ses dernières tresses en mouvement retombant le long de son dos. Sa peau noire scintilla de mille feux, reflétant parfaitement la lumière dorée, comparable à de l'or liquide.

« Bon travail, je me suis occupé d'un autre groupe il y a une heure environ », déclara Hélios qui venait d'arriver.

« J'ai l'impression que ça s'arrête jamais, d'où ils sort tous ces voltigeurs ? »

« La plupart ne sont pas tués, on tue beaucoup plus de voltigeurs que toute la BAV réunie. C'est pour ça qu'on a l'impression qu'il y en a énormément, ils se déplacent dans toute la ville », expliqua Hélios. « Mais on va devoir passer à la vitesse supérieure Malya, il va s'impatienter et tenter de nous assassiner, c'est certain », il ajouta, le ton plus grave.

Les Voltigeurs 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant