Chapitre 23

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Le sol s'éloignait graduellement, une sensation de flottement remplaçant la dureté du macadam, les lumières et ombres dansant derrière ses paupières fermées. Elle avait l'impression de s'envoler vers le ciel, pour ne jamais rouvrir les yeux à nouveau. Mais la douleur de ce monde était bien présente, témoignant du fait qu'elle était encore en vie.

Elle fut embarquée dans une voiture, la texture granuleuse de la route produisant des vibrations apaisantes. Sa respiration était faible, ses paupières papillonnant si lentement, s'ouvrant et se refermant en boucle sur le plafond noir de l'habitacle. C'était étrange, cette sensation d'être déjà mort, presque réconfortant.

Le véhicule s'arrêta, et elle fut transportée en vitesse dans un bâtiment, ressentant toute l'apesanteur de l'ascenseur dans lequel elle fut placée. Le ding se fit entendre, et elle reconnut immédiatement l'odeur et l'aura d'Hélios se ruant dans sa direction. Il la tira des bras de son sauveur, et l'emmena dans l'appartement en toute vitesse.

Elle sentit le goût de la chair et du sang sur ses lèvres, son instinct de survie forçant les muscles de sa mâchoire à s'activer. Elle mangea comme un animal affamé, les yeux à peine ouverts, en sécurité dans les bras de son grand frère. Soudain, son corps la propulsa en avant, ses yeux tournant à l'orage sombre, et toutes les blessures qu'elle avait subies se réparant instantanément. Et elle produisit un grognement pouvant en faire trembler plus d'un.

Les deux agents de la BAV et Hélios étaient sans voix devant cette scène impressionnante. Elle les regarda un à un, erratique, mettant quelques secondes à se rendre compte qu'elle n'était plus sur cette avenue, mais bien chez elle. C'était comme si elle avait reçu un électrochoc, c'était la première fois que son corps se régénérait ainsi.

« Qu'est-ce qu'il t'a pris putain ? Sans leur intervention tu serais morte sur cette putain de route ! », s'énerva Hélios qui la regarda se lever et se leva à son tour.

« Je pouvais pas l'écouter, il me tape sur les nerfs, et je pouvais pas le laisser s'en sortir après tout ce qu'il a fait ! »

« Mais ça va pas dans ton crâne ! T'es au courant qu'il t'a épargnée là ? Sans ça tu nous aurais quitté depuis longtemps ! », le voltigeur hurla en réponse, l'attrapant par les épaules et la secouant.

« J'en ai marre Hélios ! J'en ai ma claque de tout ça ! De ce qu'est devenu notre pays en si peu de temps ! Tout ce qu'on a fait ça a servi à quoi ? Aujourd'hui je regarde la ville depuis les toits et je ne vois que la mort et le chaos ! », elle hurla en le repoussant.

« C'est pas une raison pour aller te suicider Malya ! T'as déconné putain ! », il tenait sa tête entre ses mains, elle ne l'avait jamais vu dans cet état.

« Il est venu vers moi et j'ai pas pu me retenir, c'est tout. A aucun moment je n'ai cherché à me suicider ! Et de toute façon il n'allait pas me tuer après ce qu'il m'avait dit dans son bureau ! »

« Et qu'est-ce que t'en sais Malya ? », lança Hélios, se tournant vers elle et lui adressant un regard à glacer le sang. « Tu le connais peut-être ? Tu peux deviner ses pensées et ses réactions ? Parce que moi je l'ai côtoyé pendant un moment, et je l'ai vu descendre des gens avec qui il avait travaillé pendant des années. Si tu penses qu'il va t'épargner parce qu'il te convoite, tu te trompes royalement. Si tu lui prend trop la tête, il coupera la tienne », il s'arrêta à quelque centimètres d'elle, plus que sérieux.

« T'aurais fait la même chose à ma place »

« Peut-être, mais moi j'ai déjà vécu quelques temps, toi tu viens juste d'être majeur, t'as encore beaucoup de choses à découvrir Malya. Ne gâche pas ton avenir pour quelqu'un comme lui », l'émotion s'entendait à travers sa voix.

Les Voltigeurs 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant