Chapitre 13

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Image : Hélios

La pluie fine du printemps était rendue visible par le soleil doré, comme une pluie de minuscules diamants. Un arc-en-ciel se formait peu à peu dans le ciel bleu agrémenté de quelques nuages gris foncé à certains endroits. Malya leva la tête, tournant légèrement sur elle-même, entourée des tours de béton qui l'avaient vue grandir.

Elle pouvait ressentir l'énergie désormais lugubre des lieux. Ses paupières se fermèrent, et quand elles se rouvrirent, le printemps avait disparu, comme si elle avait été engloutie par les ténèbres. Tout était couvert d'un voile d'un bleu si sombre qu'il paraissait presque noir. Une nuit sans fin, des températures glaciales, pas un bruit... mais rien de tout cela ne l'effrayait.

Ses yeux passés au noir et blanc remarquèrent des trainés de fumée noires, elles formaient des lignes et allaient dans toutes les directions. Elle suivit le chemin de l'une d'elle, remontant les escaliers mal entretenus d'un HLM, ressentant toute la douleur et la terreur qui avaient imprégné ces lieux ce jour-là. Se rendant compte peu à peu, qu'elle se dirigeait vers son appartement.

Elle poussa doucement la porte d'entrée qui était entrouverte, et s'avança dans le salon, la fumée qu'elle suivait y formant deux masses. C'est là qu'elle comprit, elle pouvait retrouver la trace des morts, savoir où ils étaient morts et pourquoi. Elle s'accroupit devant cette fumée et la toucha du bout de ses doigts et tout ce que ses parents avaient, vu, ressentit et pensé alors qu'ils mourraient, fut injecté en elle comme une piqûre d'adrénaline.

Malya jeta la tête en arrière et hurla à pleins poumons, son hurlement était déchirant, soulevant la poussière autour d'elle et faisant trembler les murs et exploser les vitres de l'appartement. Elle se releva comme un soldat portant une lourde armure, sa respiration profonde comme si elle avait couru un marathon. Sa vision revenant à la normale, la lumière du soleil parvenant à nouveau à sa rétine.

Deux queues de matière noire sortirent de son dos et empalèrent un soldat du gouvernement venu voir ce qu'il se passait et qui prévoyait de lui tirer dessus puisqu'elle était une voltigeuse. Ils patrouillaient régulièrement la zone puisqu'elle était laissée à l'abandon, pour éviter que les voltigeurs s'installent à nouveau dans les appartements.

Elle fit apparaitre une dague dans sa main, et celle-ci finit plantée dans la gorge de l'agent qui franchit le pas de la porte. Ses yeux noirs et blancs étaient remplis de puissance, elle n'était pas à sous-estimer. Ici c'était chez elle, et personne n'avait le droit de lui dire le contraire, cet appartement ils le payaient et ils y avaient vécu toute leur vie. Personne ne pouvait lui voler ce droit, surtout pas des humains travaillant pour le meurtrier de ses parents.

Le sang se répandait progressivement sur le sol, et elle enjamba les cadavres pour sortir de l'appartement. Elle descendit calmement les escaliers, et quand elle arriva dehors, la pluie avait laissé place à un grand soleil et un magnifique arc-en-ciel. Un sourire étira ses lèvres alors que ses yeux redevenaient humains.



« A cause de l'explosion de nos réserves de gaz, le labo m'a informé que la fabrication de vos doses va être retardée », déclara le Président alors que la Louve buvait un verre d'alcool fort, assise sur le sofa en face de lui.

Elle le posa avec fermeté sur la table, lança au politicien un regard qui en disait long. Malgré son mécontentement, elle comprenait cependant que les imprévus pouvaient arriver, mais elle gardait cette carte dans un coin de sa tête.

« Les voltigeurs que vous voulez neutraliser, certains ont formé des alliances, ça va être plus difficile que prévu », elle l'informa.

Il soupira, toute cette mascarade le fatiguait et jouait avec ses nerfs, il était constamment en alerte, incapable de se reposer. Mais il était le seul responsable de son malheur, il avait agi comme un monstre, mais il n'en avait que le pouvoir hypothétique et l'âme. Les monstres qui se ralliaient contre lui disposaient de talents qui dépassaient ses compétences. Qui sème le vent récolte la tempête, et celle-ci était en train de gronder, son rugissement le hantant même dans son sommeil.

Les Voltigeurs 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant