Les Voltigeurs 2

Chapitre 2

Image : le Chasseur

Malya découvrit qu'il y avait d'autres survivants le lendemain, quand les militaires étaient venus pour ramasser les cadavres et répertorier les morts. Certains d'entre eux s'étaient fait massacrer, des voltigeurs puissants et aux capacités uniques leur tombant dessus. Ils avaient rapidement abandonné l'idée de nettoyer les rues, comprenant que c'était bien trop dangereux. Etonnement, son quartier était devenu l'endroit le plus sécurisé pour elle, les voltigeurs rescapés ne s'attaquant pas entre eux.

Aujourd'hui, elle avait enfin réuni le courage nécessaire pour s'occuper de la sépulture de ses parents, elle traîna leurs corps un par un, à bouts de bras, jusqu'à l'un des parcs autour de chez elle. Sur le chemin elle manqua à plusieurs reprises d'abandonner, sa santé mentale étant mise à rude épreuve, mais elle prit autant de pauses que nécessaire, et parvint à les enterrer décemment au milieu des arbres.

Elle s'assit dans l'herbe, à côté des tombes toutes fraiches, taillant des bâtons pour en faire des croix. Ses parents étaient très religieux, elle ne pouvait pas les laisser avec des tombes non marquées, alors elle prit le temps d'arranger correctement celles-ci. Quelques larmes coulèrent le long de son visage quand elle recula pour contempler son œuvre, son cœur brisé toujours capable de ressentir toutes ces émotions.

Il fut un moment où elle croyait que les deux mois qui la séparaient de ses dix-huit ans voulaient dire qu'elle était presque une adulte, mais elle n'en était plus si sûre désormais. Elle se sentait perdue et pas du tout qualifiée pour vivre toute seule. Elle renifla, ayant l'impression de régresser à l'âge de quatre ans, pleurant sans arrêt depuis la mort de ses parents.

Tout ça à cause de cette putain de Louve, si elle n'avait pas exécuté la Panthère, rien de tout cela ne serait arrivé. La colère monta en Malya, et ses yeux tournèrent au noir et blanc, ses veines ressortant davantage depuis qu'elle était montée de niveau. Comment on pouvait montrer un tel désintérêt pour la pérennité de sa propre race ? Elle ne pouvait pas le comprendre. Cette Louve était un cancer rongeant les voltigeurs, et il fallait que quelqu'un lui montre qu'elle n'avait pas du tout la bonne méthode.

C'était toujours pareil avec les grands de ce monde, voltigeurs ou pas, ils se fichaient bien des petits gens qui souffraient de leurs décisions égoïstes. La Louve avait tué la Panthère pour sauver son business, condamnant les voltigeurs à une discrimination éternelle par la même occasion. Malya critiquait souvent cette Panthère sur le surplus de confiance qu'elle avait donné à l'humanité, mais elle comprenait la pensée derrière son combat, même si elle aurait procédé différemment.

Comme beaucoup des survivants, Malya abandonna son quartier, ne trouvant pas d'intérêt à continuer dans un lieu désert qui lui rappelait constamment ce qu'elle avait perdu. Elle s'exila dans le 25e arrondissement, puisque c'était le plus proche, squattant un des nombreux appartements vides, vivant telle une sauvage, déconnectée de toutes relations humaines, elle qui avait l'habitude d'être constamment entourée. Ce fut un des changements les plus difficiles à supporter.

Se retrouver seule l'aida à se familiariser davantage avec elle-même et ses capacités de voltigeuse. En à peine une semaine, elle trouva une routine confortable, sa personnalité forte l'aidant à fonctionner à peu près normalement, malgré les démons étranglant son cœur. Sa haine pour le gouvernement et la Louve la gardaient en vie, et ses yeux spéciaux lui permettaient de se mouvoir dans l'arrondissement sans qu'on lui cherche de problèmes.

Sa réputation commença à se faire connaitre alors qu'elle acceptait de plus en plus sa nature. Elle n'avait aucun remords à se nourrir ou à se défendre. Elle avait l'énergie et la détermination de la jeunesse de son côté, cela combiné à ses yeux particuliers donnait un combo explosif. Mais elle restait une voltigeuse de niveau trois, en réalité elle n'était pas à l'abris du danger.