EPILOGUE

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-Dis papani, pourquoi tous ces gens applaudissent papati?

Je souris encore à ces surnoms auxquels je ne m'habituais finalement jamais

-Parce que ton papati est un coach sportif de grande renommée, lui dis-je en lui faisant un bisou

-C'est quoi un coach sportif? demanda-t-il avec ses grands yeux innocents

-Dans le cas de ton papati, c'est quelqu'un qui aide les grandes personnalités à rester en bonne condition physique

-Mais c'est pas ennuyeux, hein? reprit-il

-Mais non, c'est un moyen d'aider les gens à se sentir bien dans leur peau, lui dis-je. Maintenant on va se taire, il va bientôt commencer son discours

"Chers amis, collègues et famille, je vous remercie d'être présents aujourd'hui pour assister à la sortie de mon livre sur l'étude comparée des méthodes existantes à ce jour en terme de maintien de la condition physique optimale. Comme vous le savez, nous vivons dans un monde qui ne pardonne pas ceux qui n'entrent pas dans le moule, ..."

J'étais médiocre dans l'écoute des discours ennuyeux. Je ne pouvais cependant m'empêcher d'admirer cet homme qui était devant moi, en costume bordeaux, qui lui seyait si bien. Sa voix et ses gestes me donnaient encore autant de frissons qu'au premier regard. Je souris à cette idée. Je fus tiré de mes pensées quand tout le monde applaudit. Je les rejoignis donc, me disant à moi-même quel genre de mari indigne j'étais de ne même pas écouter mon conjoint.

"Je vais maintenant vous lire un "petit paragraphe" qui m'a sauvé la vie. Il n'a rien à voir avec le sujet du jour. Cependant, c'est à travers lui que j'ai laissé parler mon cœur il y a déjà six ans. Quelqu'un m'a demandé récemment à quel point je tenais à lui et aujourd'hui je veux le dire à tout le monde, haut et fort, alors écoute", termina-t-il en me fixant.

Mon cœur battait la chamade et je me sentais si gêné avec tous les regards qui se tournèrent vers moi. Mais j'avoue que là, mon attention était totalement captée

"Ils ont décrété, commença-t-il

Ils ont décrété que ce n'était pas bien d'être différents,

Ils ont décrété que la diversité n'était que pauvreté

Ils ont décrété que notre choix de vie était vil

Ils ont décrété que nous devions les imiter

Ils ont décrété que nous sommes sales tant que nous ne remplissons pas leurs critères!

Ils ont décrété que notre amour était impur

Ils ont décrété que nos sentiments n'étaient pas valides,

Ils ont décrété que nous n'avions notre place nulle part!

Je décrète que le jour où j'ai posé mon regard sur toi, j'ai trouvé ma maison,

Je décrète que si mon amour pour toi est insensé, ce sont eux les insensés,

Je décrète que je t'aime, et ce depuis bien plus longtemps que ne veux me l'avouer

Je décrète que je n'ai pas honte, car en toi je trouve mon courage

Je déclare la guerre à tous ceux qui oseront s'interposer entre nous

Je déclare qu'à partir d'aujourd'hui, mon amour pour toi n'a plus à se cacher

Car c'est le plus beau sentiment que j'ai jamais ressenti, depuis que mes yeux se sont ouverts à ce monde!

Merci"

La salle s'était levée, je ne sentais plus mes jambes. Six années après que j'ai reçu ce sms en décollant de Tunis, il me le lisait aujourd'hui, à l'improviste et devant tant de personnes! Mes yeux débordèrent de larmes comme au premier jour. C'est donc à ce point que tu m'aimes! C'est donc au point où le Youssef si peu sûr de lui et si craintif du regard des autres me déclare son amour aux yeux du monde, sans se soucier des autres, sans se soucier de qui verrait le reportage, de qui partirait et de qui resterait... 

-Qu'est-ce que tu as papani, me demanda Fabian

-Rien mon coco, juste...juste des souvenirs, répondis-je en me levant à mon tour, les yeux de Youssef rivés sur moi

Après cette journée, nous rentrâmes à l'hôtel. Paris était belle certes, mais trop encombrée et nous étions déjà pressés de rentrer chez nous à Marseille où le climat convenait d'ailleurs mieux à mon mari, car il n'était guerre différent de celui de Tunis. Cependant, nous n'allions pas quitter Paris sans profiter au maximum de la nuit...

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-Dit donc mon amour, tu m'as tellement surpris aujourd'hui, dis-je en m'asseyant sur ses genoux dans mon peignoir

-Je sais que je suis un merveilleux époux chéri, dit-il en se rapprochant pour m'embrasser

-C'est vrai que tes baisers ne sont pas mal du tout, dis-je en souriant après m'être séparé de ses lèvres

-C'est vrai? Avoue que t'es accro, murmura-t-il dans mes oreilles avec une voix si suave que j'en perdis mon cerveau

-J'avoue que je ne pourrai pas dire le contraire, puis je me relevai de ses jambes, alors qu'il grognait de mécontentement

-Alors, qui est l'accros, lui dis-je en riant

-J'avoue que je ne suis pas moins accro à toi que tu ne l'es à moi; dit-il en bondissant vers moi. Il me fit pivoter et me balança dans le lit. Son regard seul, même après toutes ces années, suffisait à me rendre fou. Alors qu'il s'allongeait au dessus de moi pour commencer les choses sérieuses, la porte s'ouvrit

-Papani, papati j'ai encore fait un cauchemar

-Atef, Atef, du-t-il dire pour que je cesse de l'embrasser et que je sorte de ma transe. Je sursautai au vu de notre petit garçon

-Vient là mon grand, avait dit Youssef en le prenant sur ses genoux

-Je peux dormir ici cette nuit?

-Bien sûr mon chéri, dis-je alors que Youssef me foudroyait du regard. Je ne pus empêcher un sourire espiègle

-Allez tous au lit, criai-je, le dernier sous la couette est une mauviette. 

Nous nous mîmes tous la tirer en riant à qui mieux mieux. Puis Youssef reprenant son souffle me regarda et me dit:

-Atef, tu es venu à Tunis il y a de cela 6 ans et tu m'as montré que l'amour existait.

Merci!

FIN.

Dimanche 20 Février 2022,

Confiné avec un rebeu![BxB][Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant