Partie 1

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J'ai pris ma voiture et je suis parti.

Je ne sais pas jusqu'où je vais aller, où je vais m'arrêter, je vais juste suivre la route et voir où elle me mène.

J'espère seulement que ce sera une ville très éloignée de la mienne, histoire qu'ils galèrent à me retrouver...

Enfin, s'ils viennent me chercher...

Ce dont je doute sincèrement.

Après tout, Scott n'est que mon meilleur ami, les autres ne sont que des connaissances, et Derek n'est que mon petit-ami...

Ou était, je ne sais plus.

Qu'est-ce que je peux être faible, moi et mes yeux remplis d'eau ! J'en arrive à me détester !

Ils m'ont pourtant dit que j'étais LEUR humain, que je faisais partie de LEUR meute, mais étant inutile, n'étant qu'un poids pour eux, est-ce toujours vrai ?

  Je voudrais revenir au temps où ma mère était encore vivante, où Scott n'avait pas encore été mordu par Peter -ou plus familièrement : l'oncle fou de Derek-, et où je n'étais encore qu'un petit garçon calme, mais ayant beaucoup trop d'imagination pour son âge.

Ce temps-là était bien, j'étais pleinement heureux, je pouvais faire ce que je voulais...

Maintenant ce n'est plus possible : Scott insiste pour m'emmener tous les jours au lycée. Bon d'accord, il m'a dit que ça ne le dérangeait pas, et nous sommes dans la même classe. Mais merde, j'ai 18 ans et ma propre voiture ! Ils en sont presque arrivés à rentrer dans les toilettes avec moi !

Je sais bien que c'est pour me protéger, et encore, je ne sais même pas de quoi vu qu'ils ne me parlent jamais de ce qu'ils font. Je suis totalement mis à l'écart, et qu'est-ce que ça peut faire mal !

  Ça fait désormais quatre heures que je suis sur la route. Il faut que je m'arrête.

Je ne sais pas où je suis, mais l'hôtel que je viens de trouver m'a l'air sympa, alors je vais y passer la nuit. Dans ma poche, mon portable a vibré une vingtaine de fois. Mon père ayant été mis au courant -non sans lui avoir fait promettre de ne rien dire à la meute-, je pense pouvoir affirmer que c'est eux qui essayent de me joindre.

Et il est hors de question que je réponde.

  La chambre est simplement décorée, mais tout de même assez spacieuse, avec de grands et longs murs de couleur crème contenant quelques larges fenêtres, laissant rentrer un maximum de lumière, ainsi que plusieurs copies de toiles connues, telles que "La Joconde" de De Vinci, ou encore "La nuit étoilée" de Van Gogh. Au milieu de la pièce, se trouve un lit double drapé d'or et de pourpre.

Les couleurs préférées de Derek...

La salle de bain, quant à elle, assez petite, contient une douche simple et un lavabo de couleur saumon.

Je décidai d'aller me laver, puis de me coucher. 

Ce sera la première soirée depuis longtemps que je passe sans mon petit-ami, et je dois avouer que ses bras vont me manquer.


  Je suis persuadé avoir entendu Derek hurler cette nuit.

Je dormais tranquillement -enfin du mieux que je pouvais, sachant que les médicaments pour mon hyperactivité étaient restés chez moi-, et une forte douleur à la poitrine m'a réveillée en sursaut. Puis je l'ai entendu, ce cri déchirant regorgeant de peur, d'inquiétude et d'amour, ce cri qui, je le savais, m'était destiné, mais auquel j'avais décidé de ne pas répondre. Je sais que cela l'aura blessé, mais pas autant que je ne le suis moi-même.

J'ai également éteint mon portable qui ne s'arrêtait plus de vibrer, et je l'ai mis au fond de l'unique boîte à gant de ma voiture. Je veux qu'il comprenne, qu'ils comprennent tous à quel point je me sens rejeté, inutile. Je veux qu'ils aient tout aussi mal que moi.

  J'ai enfin trouvé le nom de cette ville ! J'ai le plaisir de m'annoncer à moi-même que je me trouve à Fallwolf. Pourquoi faut-il toujours que tout me ramène à eux ? Le plus drôle reste quand même que la meute cherche cette ville -n'apparaissant sur aucune carte-, depuis plusieurs mois, et moi, je tombe dessus -enfin dedans -, grâce au plus grand des hasards. Je suis sûr que je vais la trouver moi, cette putain de carte avec ce putain de bled paumé, et je serais ravis de l'étaler sur une table devant leurs gueules, histoire qu'ils soient bien dégoûtés !

Bon, Stiles, tu te calmes ! Ce n'est vraiment pas le moment, tu ferais mieux de chercher une bibliothèque... ouverte le dimanche.

  Ce que je viens juste de trouver ! Par contre, je dois bien l'avouer, les habitants que j'ai croisé sont bizarres, mais tant que j'ai ce qu'il me faut, je n'en ai rien à faire !

Demain, c'est lundi, mais je n'ai pas envie de retourner à Beacon Hills, tant pis pour le lycée, j'appellerai demain pour prévenir de mon absence. Je ne suis pas encore prêt à rentrer.

Je verrais mardi.


  Cette nuit a été encore plus éprouvante que la première : Derek a hurlé toute la nuit, et cette douleur a persisté de longues heures durant. Autant dire que je n'ai pas énormément dormi.

J'ai commencé à étudier la carte que j'ai trouvé hier, et j'ai pu faire mon itinéraire de retour. Je pense prendre la route tard dans la nuit, afin que la meute ne me saute pas dessus pour m'étrangler dès qu'elle me verra. M'enfin, j'imagine que ça arrivera quand même à un moment ou à un autre. Le plus tard serait le mieux...

Rien que le fait de savoir que je vais me faire engueuler comme un gamin de cinq ans me renforce dans l'idée de rester mais, malheureusement, je ne le peux pas.

  Ce matin, en allumant mon portable, j'ai découvert que j'avais reçu 102 messages (65 de Scott et 37 de Derek), ainsi que 324 appels manqués (200 de Derek, 70 de Scott, 30 des jumeaux et 24 d'Isaac). Je n'ai ouvert aucun de ces messages.

Une chose est sûre, ils ne se payeront plus ma tête, il en est hors de question. Ils auront face à eux un nouveau Stiles, et cela ne changera pas jusqu'à ce qu'ils s'excusent.

Et je ne changerai pas d'avis.


  Ça y est, il est à peine cinq heures du matin, et je suis devant la porte de ma maison, à attendre comme un con.

D'ailleurs, pourquoi je fais ça ? C'est chez moi ici à ce que je sache !

À cause de mon mouvement brusque, la porte fut presque dégondée quand je l'ouvris, mais je ne m'en préoccupai pas. Pas plus que d'Aiden et Ethan qui me regardaient la bouche grande ouverte, les yeux écarquillés, comme si j'étais la vierge.

   - Stiles ... murmura Ethan, les yeux brillants.

   - Salut, content de vous revoir. Bon, je vais me coucher, bonne nuit. dis-je en adoptant le ton le plus détaché possible.

Seulement, mon attitude changea du tout au tout lorsque j'entrai dans ma chambre.

Journal intime de StilesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant