Chapitre Quatorze

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J'ouvre mes yeux, et, suffoquée, j'essaye déséspérément de reprendre mon souffle.

J'ai peur et mes joues sont mouillées de larmes. Je n'arrive plus à respirer. Comme si je venais tout juste d'échapper à une noyade. Sauf que là, je viens de survivre à un suicide. Je viens de survivre à mon propre suicide. Je m'étais pendue. J'étais morte.

J'essaye de reprendre mon souffle, mais je n'y parviens pas. Ce sentiment de désespoir m'accable. Quelqu'un crie mon nom et se précipite vers moi.

- Wow... ça va aller, calme-toi.

Je continue à tousser. Je sens quelqu'un m'enlacer et me chuchoter que tout va bien. Je reconnais la voix de Theo.

La respiration haletante et toujours avec cette impression de suffoquer, je m'aggrippe au t-shirt de ce dernier, tellement fort que j'ai l'impression que je vais le déchirer.

- Tout va bien, maintenant. Je suis là.

Je tremble et fonds en larmes.

Ce n'était qu'un rêve, me dis-je. Mais je sais très bien que ce n'était pas juste un simple rêve. J'ai ressenti chaque émotion. J'ai ressenti la chaise sous mes pieds. J'ai ressenti la corde autour de mon cou. J'ai ressenti le déséspoir quand plus aucun air ne rentrait par mes poumons. J'ai tout ressenti. Absolument tout.

J'essaye de parler, mais tout ce qui sort de ma bouche sont des mots incompréhensibles.

- Chut... Reprends-toi d'abord, me murmure Theo.

Quelques instants passent, et je commence tout doucement à reprendre mon souffle et à desserrer mon étreinte. Theo retire ses bras et m'allonge sur le lit ou j'étais couchée. Mon souffle revient, mais mon coeur bat toujours aussi fort. Theo me regarde avec compassion, puis part me chercher de l'eau. Quand il revient, il lève légèrement ma tête et me fait boire, puis la repose. Je le remercie et il sourit. Il est assis sur un petit banc proche du lit sur lequel je suis couchée. Il pose sa tête sur le matelas et commence à me caresser les cheveux. Je regarde aux alentours. Nous sommes dans une petite pièce, ouverte et remplie de meubles désuets fabriqués en bois. Le lit se trouve dans un coin, entouré de trois murs et une table de chevet qui supportait une simple lampe de lecture. Une porte se trouvait sur le mur en face du lit, je conclus que derrière celle-ci se trouvaient les sanitaires. Il y avait un grand espace vers la gauche, un mur vide avec une grande fenêtre circulaire, cachée par des rideaux blancs. Les murs étaient peints en un jaune assez pâle et sur quelques petites parties de quelques murs, la peinture était écaillée. Nous étions à l'arrière de la maison. Un peu plus loin se trouvait une cuisine bien rangée et un canapé positioné devant une vieille petite télévision. Il n'y avait pas de portraits sur les commodes, juste des vieux objets poussièreux, et, suspendu au dessus de l'un des meubles, se trouvait un grand miroir de forme ovale, qui agrandissait la pièce. La maison était très petite, mais assez charmante, et vu qu'il n'y avait qu'un seul lit, j'en conclus qu'une seule personne y vivait. Celle-ci a dû quitter sa demeure le jour de l'incident, j'imagine. Quelle tristesse.

- J'ai cru que tu ne te réveillerais pas, murmure-t-il en me regardant.

Mon regard interrogatif se pose sur lui.

- Trois jours, si c'est ce que tu te demandes, continue-t-il sur le même ton doux et engourdi; ma crise a dû le réveiller brusquement alors qu'il dormait certainement. Tu dors depuis trois jours.

L'information me choque, mais je ferme mes yeux, et il continue à caresser mes cheveux.

- Tu m'as fait peur, tout-à-l'heure. Est-ce que tu veux me raconter ce qui s'est passé ? Tu as eu un mauvais rêve, c'est ça ?

A F F L I C T E D [réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant