A F F L I C T E D [réécriture]

Chapitre Quatre

   C'est elle. Ma mère.

   Ce n'est pas possible.

   Ma mère, morte.

   C'est un rêve, j'en suis sûre.

   Un horrible cauchemar.

   Un cauchemar, rien qu'un horrible cauchemar.

   Demain je me réveillerai et ma mère sera dans la cuisine, comme tous les matins, cuisinant notre petit déjeuner, souriante et elle me dira :

- Bonjour, ma chérie! Bien dormi?
 
  Et je lui répondrai sur un ton animé :

- Oui!

   Puis nous mangerons et je partirai à l'école, comme tous les matins.

   Mais au fond de moi, je sais que je ne rêve pas. Tout ça est vraiment entrain d'arriver.

- Maman... baffouillai-je, au bord des larmes.

   Je m'approche d'elle, me baisse, et touche ses cheveux. Je peux ressentir la douceur de sa peau, je peux sentir la bonne odeur de ses cheveux. Je ne rêve pas. Une larme se verse sur ma joue gauche, puis des milliers.

  Ma mère, ma seule famille...

... est morte.

***

   Je pleure et je ne peux plus m'arrêter. Je suis sur mes genoux, près du corps sans vie de ma mère.

   Je ne m'en remettrai jamais.

   Mais je ne dois pas rester là; ça va être encore plus dur si je reste.

    J'essuie mes larmes.

- Je t'aime, maman. Je t'aimerai toujours.

***

- Salut.

   Je lève ma tête, et aperçois une petite fille, blonde aux yeux verts perçants, me regarder avec ses gros yeux scintillants.

- Pourquoi tu pleures? demande-t-elle.

- Pour rien.

- Tu ne pleures pas pour rien.

- Je suis triste, c'est tout.

- Pourquoi tu es triste?

- Pourquoi tu me poses autant de questions?

- On ne répond pas à une question par une autre question.

   Je soupire et finis par céder.

- J'ai perdu ma mère.

   Son expression passe de rude à doux.

- Je suis sûre qu'on va la retrouver.

   Elle n'a pas compris.

- Je m'appelle Ellie, dit-elle en me tendant la main. Ellie Summers.

Je l'attrappe et elle m'aide à me relever.

- Merci.

Elle me sourit.

- Et toi, comment t'appelles-tu?

Je lâche sa main et enfile les miennes dans les poches de ma veste.

- Hayden.

Elle me sourit encore.

- Tu sais, moi aussi j'ai perdu ma mère...

Je ne sais pas si je dois comprendre qu'elle s'est séparée de sa mère ou que celle-ci est... partie.

Et je n'ose pas demander.

Nous restons un long moment à se regarder sans rien se dire. C'etait très gênant.

Ellie s'éclaircit la voix.

- Tu... tu as vu toutes ces... choses... aussi?

- Tu parles des Malades?

- Heu... oui.

- Oui...

- Ma mère et moi on les fuyait, quand une énorme explosion nous a séparées.

Alors elle s'est séparée de sa mère.

Je ne dis rien. Je n'ai pas envie de parler.

- Heu... et toi? Comment tu as perdu ta mère?

Je n'ai pas du tout envie de répondre à cette question, alors je ne fait que hausser les épaules.

- Si tu ne m'aides pas, je ne peux pas t'aider, tu sais...

- Elle est morte. Ma mère est morte. C'est bon tu comprends maintenant? crachai-je.

Je n'agis pas comme ça normalement. Mais la mort de ma mère m'a horriblement bouleversée. Je me sens mal de lui avoir parlé comme ça. Je dois m'excuser. Ce n'est
pas de sa faute si j'ai perdu ma mère après tout.

- Je... je ne savais pas... je suis désolée, Hayden.

- Non... C'est... Ce n'est rien, ne t'inquiète pas. C'est moi qui m'excuse.

Un sourire désolé se forme sur son visage.

Je suis contente qu'Ellie m'ait trouvée. Au contraire, je serais toujours entrain de pleurer, toute seule.

***

   Nous avons décidé de retourner sur le lieu de l'explosion. Tout est dévasté; des flammes jaunes orangées un peu partout. Des corps sans vie sont couchés par terre.

   Dont celui de ma mère.
  
   Ellie regarde autour d'elle, sûrement pour chercher des autres survivants. Alors que moi, mon regard ne se détache pas du cadavre de ma mère.

- On est... commence-t-elle.

   Elle marque une pause.

- ...Les seules qui restent. terminai-je.

- Oui...

   Elle baisse la tête. J'enlève mes mains de mes poches et les pose sur son épaule droite. Elle lève la tête et sourit. Je retire mes mains et les fourre une deuxième fois dans mes poches.

- Hayden... commence-t-elle.

- Oui...? répondis-je.

   Elle prend un peu de temps avant de demander:

- On fait quoi maintenant?
 
   Je soupire.

  Ils sont tous morts.Plus personne n'est en vie.On est toutes seules.

- Je... je ne sais pas...

  Elle soupire et s'assied sur des marches qui menaient à une porte d'entrée d'un bâtiment. Je ne sais pas quoi dire ni quoi faire. Nous sommes les seules qui restent, les seules en vie.

  Je m'asseois à côté d'Ellie.

- On peut... attendre?

  Elle sèche ses larmes. Je n'avais pas vu qu'elle pleurait.

- Attendre quoi?

- Je ne sais pas. Je suis sûre qu'on va s'en sortir...