HAYDEN
Nous nous étions endormis, l'un près l'autre, sous les étoiles.
L'histoire qu'il m'a raconté hier m'a rendue triste. Je ne savais pas qu'il souffrait autant. Ce qui veut dire qu'il cache bien son jeu. J'ai senti qu'il avait besoin de quelqu'un à qui parler, de quelqu'un pour le réconforter. Je suis contente qu'il se soit ouvert à moi.
Il fait jour, les oiseaux chantent, la lune et les étoiles ont disparu pour laisser place à la clarté du soleil. Nous nous étions couchés sur l'herbe et nous nous étions couverts avec sa veste.
Il faut faire avec ce qu'on a, me suis-je dit le moment même.
Theo dort toujours. Il m'enlace de ses bras et me serre contre lui. Je souris avant de scruter les environs. Tout est calme. On croirait presque que nous sommes en randonnée, et non pas en une mission suicidaire. Je frotte mes yeux et essaye, contre mon plein gré, de me glisser hors de l'étreinte de mon partenaire. Je prends ses mains entre les miennes afin de les mettre chez lui. Il referme doucement sa main sur la mienne. Un instant, j'ai cru qu'il s'était réveillé, mais il relâche sa prise, et ne semble pas sortir de son sommeil. Je souris en voyant ses traits apaisés.
Une fois dégagée de son étreinte, je me rends compte que mon estomac gargouille. Je n'ai pas mangé depuis longtemps. Ma langue est sèche, mais je tiens le coup. J'ai plus faim qu'autre chose. Anthony dort toujours au pied de l'arbre. Je décide de m'approcher de quelques pas pour vérifier si sa blessure a arrêté de saigner. Je suis soulagée lorsque je vois que la tâche de sang sur son bandage ne s'est pas agrandi. Je pense à ce que nous pourrions faire pour récupérer de la nourriture. Nous n'avons rien pour chasser, et il y a beaucoup de chance que les animaux soient eux aussi touchés par l'épidémie. Nous devons alors retourner en ville pour essayer de trouver quelque chose à manger et à boire.
Soudain, mon cerveau fait un déclic. La ville n'a pas été habitée depuis dix ans. Dix ans ! Ça m'étonnerait qu'une boite de conserve, aussi conservant soit-elle, contienne un aliment valable plus de dix années. Je me frustre et me demande comment on va bien pouvoir se nourrir. Si seulement on n'avait pas été attaqués dans la maison, on aurait toujours nos armes, provisions et médicaments.
Bon, là, nous sommes en plein espace vert. Il doit bien avoir des baies quelque part, non ?
J'avais raison car, en m'enfonçant dans ce qu'on pourrait nommer une forêt grâce à des nombreux arbres dispersés, je trouve un buisson avec des petits ronds rouges qui ressemblaient à des framboises. Alors que je m'apprêtais à les porter à ma bouche, je m'arrête brusquement. Et si elles étaient empoisonnées ?
Mais je n'ai pas eu besoin de me questionner trop longtemps avant de commencer à regretter de m'être autant éloignée des autres. Je commence à entendre des bruits venant des alentours - je commence à m'y habituer. Je lâche les baies cueillies, et reste attentive. C'est un bruit assez suspect. La première pensée qui m'envahit est celle d'un Mutant, alors je reste sur mes gardes. Ils sont aveugles. Ils réagissent au bruit.
Le bruit se rapproche et je distingue des pas. Mais ils n'étaient pas réguliers. Et je pouvais entendre un boitement. Ces faits ne font que me confirmer la présence d'un Mutant. Je reste immobile quand je le vois surgir des feuillages à quelques dizaines de mètres de moi. Horrible, mutilé, terrifiant. À cause de sa bouche et ses membres tâchés de sang encore frais - je sais qu'il est frais par l'odeur répugnante, infecte - je dirais qu'il vient de manger. Viendrait-il d'arracher les entrailles d'un être ? Ça ne m'étonnerait pas.
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A F F L I C T E D [réécriture]
Science FictionLe sang. La mort. La violence. En voilà, trois mots qui représentent l'enfance de Hayden Stone. Pour la plupart, l'enfance est quelque chose d'innocent, une époque qu'on aimerait revivre. Mais, lorsqu'une épidémie virale se propage sur tout...