Chapitre Cinq

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- DIX ANS PLUS TARD -

  Été

   Je me réveille subitement. Je fais toujours le même cauchemar depuis l'incident de Countless City.

   Je revois toujours le visage de ma mère, son regard éteint et son teint blême, ses yeux écarquillés et la dernière chose qu'elle m'a dite:

- Tout va bien se passer...

   Elle avait tord.

   Je revois les victimes de cette fameuse maladie. Je revois leur horrible visage. Je revois Countless City complètement détruit.

   Je revois tout.

   Je m'asseois sur mon lit et passe une main sur mes longs cheveux bruns, - qui ont d'ailleurs fait la guerre pendant que je dormais - et mes doigts se glissent habilement entre eux pour former une tresse latérale improvisée. Je ne supporte pas avoir les cheveux qui me tombent sur le visage, surtout quand il fait chaud. J'attache le tout avec un élastique noir qui traînait sur ma table de nuit, à côté de mon lit. Je prends ensuite mon portable et je regarde, malgré sa luminosité aveuglante, l'heure actuelle. Il est quatre heures cinquante-cinq du matin. Je glisse mes jambes hors de la couverture, et une petite brise envahit celles-ci. Je me lève et marche tout droit, jusqu'à ce que je rencontre la porte. Je tourne la poignée et l'ouvre.

   Je découvre un long couloir, où il fait tellement que si je mets mon bras devant mes yeux, je ne vois même pas son contour se découper.

   Je referme tout de suite la porte.

   Dans ma chambre, il ne faisait pas si noir que ça, mais ce couloir... Il est plongé dans l'obscurité totale.

   Et j'ai horreur de l'obscurité.

   Il me faut quelque chose pour illuminer le couloir.

   Je cherche du regard quelque chose qui pourrait m'être utile, puis aperçois mon téléphone portable sur la table de nuit. Je me dirige vers celui-ci et le dévérouille.

   Je me dirige vers la porte une deuxième fois, et je l'ouvre. Cette fois, j'alume la lumière d'assistance de mon portable, ce qui éclaire la plupart du couloir. J'avance alors, soulagée mais toujours aussi apeurée.

  Je hais l'obscurité. Je ne sais pas pourquoi. C'est presque une phobie.

  Je tiens fortement mon téléphone portable et je continue à avancer, jusqu'à ce que je rencontre une porte jaunâtre, sur laquelle il était marqué : 《 Cuisine 》.

  Je regarde autour de moi et tourne la poignée de porte avant de pénétrer dans la cuisine et allumer tout de suite la lumière. Ce qui éclaire toute la pièce vide. Je verrouille à nouveau mon téléphone portable et le pose sur une grande table qui était au milieu de la pièce. Je me dirige vers le réfrigérateur blanc dans le coin de la pièce. Il y a une plaque collée dessus. Elle indique : 《 Propriété de l'Orphelinat Milewood 》.

   Milewood... l'orphelinat où j'ai passé la moitié de ma vie jusqu'à présent.

  Demain, j'aurai dix-sept ans. Bon, techniquement, c'est aujourd'hui. Je dois alors quitter cet établissement et vivre une vie normale. C'est le jour que j'attends depuis dix ans.

   Il y a dix ans et quelques mois, j'avais survécu à ce fameux incident. Un hélicoptère qui cherchait des survivants m'a trouvé et c'est comme ça que j'ai attérri ici. À l'orphelinat. Au début, c'était horrible pour moi, de me réveiller sans ma mère. Je pleurais tous les jours et personne n'arrivait à me calmer. Mais les jours passèrent, et je m'habituais petit à petit à cette nouvelle vie. Mais je n'avais qu'un seul souhait : quitter cet endroit. Je ne sais pas pourquoi. Ce n'est pas parce que l'orphelinat est mauvais, au contraire, il est génial. Les personnes ici sont géniales aussi. Nous formons une vraie famille.

A F F L I C T E D [réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant