Chapitre Treize

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Je marche derrière Theo, en regardant mes pieds et en prenant bien soin de ne dire aucun mot. Ces derniers temps, j'avais oublié pourquoi je ne l'aimais pas, mais je m'en suis souvenue; il est arrogant, mauvais et veut toujours tout contrôler. Bien-sûr, il en a plein, des défauts, mais si je commence à tous les citer, je risque de ne plus jamais pouvoir finir. Je commence vraiment à regretter la promesse que je lui ai faite. Je l'ai fait car j'ai dû avoir pitié de lui, ou alors je me suis reconnue dans sa situation. Je n'ai plus de famille, et personne ne devrait ressentir la douleur que j'ai sentie, même pas Theo. Alors si je peux éviter une catastrophe, pourquoi reculerais-je?

De toute façon, il n'y a plus de retour en arrière, le jeu est lancé, et il n'y a pas d'option "pause". Soit je survis...

... soit je meurs.

Et le jeu ne fait que commencer.

***

Ça fait exactement trois heures que nous marchons sans arrêt. Je compte les secondes, minutes, et heures dans ma tête, pour essayer de me distraire du silence qu'on pourrait presque qualifier de bruyant.

Une brise d'hiver flotte dans la nuit humide. Je me dis qu'on devrait peut-être trouver un abri pour la nuit, car je préfère la sécurité de la lumière du jour, et mes jambes commencent à fatiguer.

- Moi, je préfère les ombres de la nuit, déclare sèchement Theo, donc on continue; on ne doit pas perdre du temps.

Je soupire. Je suis trop fatiguée pour me disputer maintenant.

Nous empruntons une ruelle étroite. Je sens la fatigue vouloir doucement prendre contrôle.

J'insiste pour trouver un abri pour la nuit, mais il ne veut pas, et se tient à son idée.

Plus que quelques mètres avant que je ne perde contrôle de mes jambes, et tombe par terre en un bruit sourd. Je vois encore un peu flou et entends encore pendant quelques secondes Theo appeler mon nom et il ne s'écoulent que quelques secondes avant que je ne sombre dans mes rêves et cauchemars.

***

Mes yeux s'ouvrent et l'obscurité laisse place à un brouillard de silhouettes floues et d'un brouhaha qui s'avère à être insupportable après quelques secondes seulement. Je suis couchée par terre, au milieu d'une meute de personnes marchant dans toutes directions possibles. Je me lève, tant bien que mal, et ressens une douleur aiguë au bras. Plus spécifiquement, au poignet droit. Des gens me bousculent, comme si j'étais complètement invisible à leurs yeux.

Je porte un regard à mon poignet, et découvre une blessure comme je n'en avais jamais vue. Elle est gonflée et sûrement infectée, mais quelque chose m'intrigue dans cette dernière; quatre trous ensanglantés. Deux sur la partie la plus proche de ma paume, et deux un peu plus bas. Je les inspecte minutieusement. Je retiens un cri d'horreur quand je découvre ce que ça pourrait être.

Je me souviens de la douleur ressentie quand le Mutant m'avait attaquée. Je me souviens de la brûlure instantanée que j'ai ressenti.

Au plus j'avance dans mes reflexions, au plus je me sens angoissée.

Mais même avec plusieurs déviations, refus de voir la verité en face, j'arrive à une conclusion: je me suis fait mordre.

Mon coeur manque un battement quand je me rends compte de l'importance de cette phrase.

Je me suis fait mordre.

Je porte mes mains sur ma tête et crie de toutes mes forces. Aussi fort et aussi longtemps que me poumons me le permettent, et tombe à genoux. Je vais mourir. Littéralement.

A F F L I C T E D [réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant