Oracles ~ La saison des Assassins

Chapitre 9 : Souterrains

La lumière était ténue, plus par précaution que par contrainte. S'il l'avait vraiment voulu, Jahad aurait pris une lampe qui aurait transformé les conduits des souterrains d'Astras en véritable soleil. Ce n'était cependant pas très judicieux aujourd'hui, et ce alors qu'ils s'approchaient d'une zone sensible.

Les Effacés avaient encore des problèmes avec la secte des Valians.

Cela faisait des années que cela durait et que les Effacés tentaient de mettre fin au conflit, mais que leurs ennemis refusaient et répliquaient avec davantage de véhémence. S'ils voulaient éviter une trop grande escalade dans les affrontements, les Effacés n'avaient pas non plus pour ambition de se laisser faire. Peut-être que les Valians étaient des mages rouges, mais ils ne pouvaient s'en prendre impunément à des assassins de guildes.

En l'occurrence, quand la situation les obligeait à descendre dans les souterrains d'Astras, Jahad et Elaria demandaient à Victorien de les accompagner, par précaution.

Il leur fallait au moins un mage rouge de leur côté.

La lumière réduite à un faisceau qui leur permettait tout juste d'entrevoir où ils marchaient, Elaria venait compléter leur approche furtive en étouffant les sons qu'ils produisaient à l'aide de son essence magique. De cette façon, ils pouvaient se permettre de discuter sans se compromettre.

- Au fait, ta petite escapade à la prison de Newgate ? s'enquit Elaria. Tu as réussi à trouver Ezer Jayli ?

- Elle ne savait rien, confirma Victorien, mais j'ai trouvé une autre source potentielle. Une espionne pour le compte d'une fédération russe qui en aurait trop vu.

- Intéressant. Tu penses que c'est fiable ?

- Que ça le soit ou pas, je ne compte pas la laisser s'en tirer facilement.

Pour gagner le territoire des Valians, ils devaient suivre les cristaux violet sombre qui constellaient les murs. Jahad rapprocha sa lampe d'une paroi pour vérifier qu'ils prenaient la bonne direction.

Ce n'était pas la première fois qu'ils s'aventuraient dans ce coin, mais il était très facile de s'y perdre.

Ils prirent un embranchement à leur gauche après avoir vérifié que personne n'y préparait une embuscade.

- Je suppose qu'elle veut que tu la libères, dit Jahad.

- Oui, acquiesça Victorien.

- Cette histoire ne me plaît pas beaucoup. Tires-en ce que tu peux, mais n'hésite pas à t'en débarrasser si la situation l'impose.

- Je ne pense pas avoir besoin de te rappeler que je suis un assassin, Jahad.

- Un assassin qui a refusé de tuer sa dernière cible.

Victorien aurait voulu le contredire en indiquant qu'il avait eu un nouveau meurtre assigné la veille et qu'il était allé jusqu'au bout, mais cela risquait d'agacer Jahad plus qu'autre chose.

- Eleonor est un cas à part, rappela-t-il. Ce n'est pas comme si je faisais mal mon travail en temps ordinaire.

- C'est vrai que tu es un peu dur avec lui, remarqua Elaria.

- Je ne fais que donner mon avis, contesta Jahad.

- Oui, enfin, il y a des façons de faire. D'accord, c'est toi qui lui a tout appris, mais arrête de lui reprocher de prendre une voie différente de la tienne. Victorien sait ce qu'il fait.

Elaria prenait de plus en plus sa défense, ces derniers temps. Victorien, même s'il ne savait pas trop s'il appréciait la chose ou non, reconnaissait qu'elle n'avait pas tort.