Oracles ~ La saison des Assassins

Chapitre 3 : Magie

Eleonor avait tendance à vite se dissiper lorsqu'elle se trouvait en entraînement de magie, ce que William lui reprochait constamment. Comment pourrait-elle devenir une Maîtresse Magicienne si elle était incapable de rester focalisée au moins cinq minutes sur ce qu'elle faisait ? À chaque fois, Eleonor laissait échapper un soupir bruyant. Elle faisait de son mieux, ce n'était pas sa faute si les exercices l'ennuyaient.

Aujourd'hui, c'était pire encore qu'à son habitude. Sans doute parce qu'elle avait du public. Victorien, fort heureusement, ne faisait pas de commentaires sur son attitude.

- Eleonor, concentre-toi, insista William. Ce n'est pas difficile, bon sang.

- Oui, oui, grinça-t-elle.

Elle en avait assez de faire des exercices de méditation. Ce qu'elle voulait, c'était foncer dans le tas et tester sa magie en conditions réelles. William l'autorisait rarement à le faire, puisque selon lui, un Maître Magicien était avant tout quelqu'un qui avait une connaissance extrêmement précise de ses pouvoirs. Pas nécessairement un combattant, surtout que les tuteurs d'Eleonor refuseraient qu'elle s'engage dans cette voie.

- Eleonor, soupira William. Tu es ailleurs.

- Ça m'ennuie ! J'y peux rien.

Elle se leva de sa position assise pour se dégourdir un peu les jambes. Le parquet grinça sous ses pieds.

Les entraînements avaient toujours lieu chez elle, dans une pièce que ses tuteurs dédiaient à la magie. Elle était vide de tout objet, ce qui créait un écho désagréable, mais permettait de ne rien casser si affrontement il y avait.

Eleonor ne parvenait pas à se débarrasser de la tension qui l'envahissait à chaque fois qu'elle s'engageait dans ce genre d'exercice statique. Passer une heure à étudier les fluctuations de la magie dans son corps ? Elle préférait encore se faire assommer à coup de brique.

Quand Eleonor retourna s'asseoir sous le regard impatient de William, elle était de mauvaise humeur. Autant dire que s'il lui proposait un autre exercice d'introspection, elle allait lui claquer la porte au nez.

- Eh bien... dit Victorien.

- Un commentaire à faire ? rétorqua William. Estimez-vous heureux que l'on ait déjà accepté votre présence ici.

- William ! le réprimanda Eleonor. La politesse n'est pas une option.

- J'ai été poli. Mais il faut parfois rappeler où sont les limites.

Victorien ignora les remarques et quitta le mur où il était adossé pour les rejoindre au sol. Eleonor cligna furieusement des yeux en le voyant faire, ce qui l'amusa plus qu'autre chose.

- Vous faites toujours ce type d'exercices ?

- Oui, la moitié du temps.

- Je vois. Ils sont très utiles, donc c'est compréhensible, mais ils ont aussi l'air de vous donner du fil à retordre.

William s'apprêta à répondre d'une phrase bien sentie, mais Eleonor posa une main sur sa bouche avant qu'il n'en ait l'occasion.

- Changeons, proposa Victorien. Vous voulez bien vous lever ?

- Tout de suite.

Elle lâcha William et s'excusa cinq fois avant de se dresser sur pieds. Son professeur de magie ne cacha pas son agacement, mais les laissa poursuivre et s'éloigna pour observer. Le connaissant, Eleonor était sûre qu'il allait prendre des notes mentales pour ensuite reprocher tout ce qui n'allait pas dans la démarche de Victorien.