Chapitre 10 : Convocation

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Ce matin-là, Eleonor s'était attendue à tout sauf à recevoir un émissaire de la confrérie chez ses tuteurs, qui en furent tout aussi déconcertés qu'elle. À peine Howard lui avait-il ouvert la porte qu'il s'était infiltré de l'autre côté sans demander son reste.

Son message était bref : il convoquait Eleonor au bureau supérieur de la confrérie, à Kensington. Lorsqu'elle avait demandé les raisons derrière ce geste – c'était rare qu'une telle chose se produise, du moins pour quelqu'un qui n'était pas impliqué au quotidien dans la confrérie – la seule réponse qu'elle avait obtenue était on ne peut plus vague.

Ils devaient parler d'une chose importante avec elle.

Qu'est-ce que ça voulait dire, ça ?

- Quelqu'un viendra vous chercher demain à six heures, conclut l'émissaire.

- Euh... Du soir ? se hasarda Eleonor.

- Du matin.

- Quoi ?

- C'est non négociable. Soyez prête.

À ces mots, il salua Howard et Ann d'un bref mouvement de la tête et se dirigea vers la sortie. Eleonor, abasourdie, l'observa quitter son champ de vision sans savoir quoi dire ni quoi faire.

La porte d'entrée s'ouvrit, puis se referma. Enfin, ses tuteurs la rejoignirent dans le salon, d'où elle n'avait pas bougé d'un millimètre.

- Tu as fais quelque chose ? s'étonna Howard.

- Non ! se défendit Eleonor. Absolument rien. Je ne comprends pas ce qu'ils veulent.

- Peut-être ont-ils découvert que tu traînais avec un Effacé. Mais s'ils pensent pouvoir obtenir des informations sur eux par ton biais...

L'inquiétude saisit immédiatement Ann, qui couvrit son visage de ses mains en marmonnant qu'elle aurait dû interdire à Victorien de la fréquenter. Décidément, quand il le voulait, Howard trouvait toujours les bons mots pour empirer la situation.

- Ils ne peuvent pas le savoir, argua Eleonor qui n'en avait en réalité aucune idée. Ça ne peut pas être ça. Peut-être que c'est lié à William ? Il travaille pour la confrérie.

- Peut-être, soupira Ann.

Enfin, tant que ce n'était pas William qui avait parlé de son ultimatum de mariage à certains de ses collègues, qui voudraient tenter leur chance... Quoi que, serait-ce un si mauvais plan que ça ?

Eleonor grimaça. Sans doute.

Après cette visite inattendue, sa journée fut chargée d'inquiétude. Ses tuteurs, tout aussi peu sereins, prirent la peine de contacter William, qui n'avait pas prévu de venir les voir en ce jour, pour savoir s'il détenait davantage d'informations au sujet de cette convocation.

La réponse était non.

William, qui fut plus qu'intrigué par la situation – il était généralement au courant de ce genre d'affaires –, tenta de questionner ses collègues qu'il croisa, sans succès. Soit ils n'étaient pas au courant, soit ils ne répondaient pas à ses questions.

Eleonor trouvait ça frustrant, mais ce n'était pas comme si elle pouvait reprocher à William de ne pas faire suffisamment d'efforts. Les réponses, elles les aurait le lendemain.

Sans surprise, sa nuit fut courte. Après avoir eu bien du mal à s'endormir, l'esprit en ébullition, elle se réveilla aux alentours de cinq heures pour avoir le temps de se préparer avant son rendez-vous – ce qui ne réjouit pas trop Fraeya, sa dame de chambre, qui dut en faire de même.

Oracles ~ La saison des AssassinsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant