Chapitre 4 : Proposition

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Deux jours plus tard, Eleonor avait insisté pour retourner glaner des informations à la taverne, maintenant que la situation s'était en partie tassée. William était en mission pour la confrérie et n'avait pas pu se libérer, aussi c'était Victorien qui s'était porté volontaire pour l'accompagner. Eleonor voulait profiter qu'ils ne soient que tous les deux pour lui poser des questions sans être épiée.

- Dites-moi, Victorien.

- Un problème ?

- J'ai cru comprendre que vous aviez déjà rencontré William par le passé. Comment ça se fait ?

- Ce n'est pas la première fois que l'on m'assigne une cible à Londres. Il y a quelques mois j'en ai obtenue une dans ce quartier, et William est malencontreusement arrivé au moment où je réglais l'affaire.

Ah. Ceci expliquait cela. William était particulièrement doué pour retenir les visages et tout aussi rancunier.

- J'avais remarqué, oui, répliqua Victorien quand elle le lui expliqua. Mais les assassins ici ont mauvaise réputation.

- Ce n'est pas le cas, sur Thélis ?

- Pas exactement. L'opinion publique à notre encontre est assez indifférente. Nous faisons partie de l'écosystème.

Ils arrivèrent à proximité de la taverne, ce qui coupa court à leur échange.

Dès qu'ils en franchirent les portes, tous les regards se posèrent sur eux. Enfin, davantage sur Eleonor que sur Victorien, mais elle avait anticipé la chose. Elle fit mine de ne rien remarquer et partit s'installer au comptoir. Questionner le serveur était un bon moyen de démarrer leurs investigations, surtout qu'il avait dû intervenir.

Victorien s'assit à côté d'elle, à l'endroit exact où ils se trouvaient tous deux la dernière fois. Ils commandèrent deux verres d'eau, ce qui fit hausser les sourcils du serveur.

- Vous venez chercher des informations par rapport à la dernière fois, vous, constata-t-il.

- Eh bien, oui, avoua Eleonor. Vous avez appris quoi que ce soit depuis l'incident ? Je veux dire, autre chose que ce qui a été révélé publiquement par la confrérie.

- Oui et non. Je sais que l'assassine à vos trousses se nommait Ezer Jayli et qu'elle était originaire de Thélis. Mestrine, je crois. En tout cas, elle ne parle pas un mot d'anglais.

- Où est-ce que vous avez obtenu ces informations ?

- La patronne. Elle a fait des recherches, puisque tout s'est passé dans sa taverne et qu'elle a la violence en horreur. En revanche, elle ne m'a transmis que ça. Pour l'anglais, je le sais parce que j'ai tenté de l'interroger.

- Est-ce que les envoyés de la confrérie vous ont dit où ils l'avaient enfermée ? demanda Victorien.

- Absolument pas, mais ce doit être à la prison de Newgate, comme d'habitude.

Eleonor glissa discrètement à Victorien que les magiciens possédaient une partie de cette prison, mais que les humains n'étaient absolument pas au courant. Une floppée de sortilèges recouvrait le lieu, et cela avait plusieurs fois attiré l'attention des chasseurs de magiciens. La confrérie cherchait donc à en investir une autre, mais ce n'était pas aussi facile dans la pratique que dans la théorie.

- Est-ce qu'il est possible d'y entrer ? demanda Victorien.

- C'est une prison, on n'est pas supposés s'y rendre.

- Vos parents ont des relations avec les haut-placés de la confrérie, si j'ai bien compris. Ils peuvent vous obtenir une autorisation.

- Sans doute, oui, mais ils ne me laisseront jamais m'y rendre.

Oracles ~ La saison des AssassinsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant