Chapitre 31 : Liberté

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Evgenia Ivanova avait désespérément attendu ce moment. Depuis le temps qu'elle était confinée dans leur repère d'Astras sans ses pouvoirs, les trois Effacés se décidaient enfin à la libérer. Encore un peu et elle aurait demandé un dédommagement.

- Nous n'avons plus besoin de vous, annonça Victorien. Vous pouvez retourner en Russie.

Evgenia se redressa sur sa chaise et le foudroya du regard. Il se croyait malin, à la prendre ainsi de haut.

- Vous n'avez jamais eu besoin de moi, répliqua-t-elle. C'était juste plus pratique pour vous de m'avoir sous la main au cas où. Je retiens.

Victorien l'ignora royalement et lui demanda de faire ses affaires, ce à quoi Evgenia répondit qu'elle n'en avait pas et qu'elle ne faisait qu'alterner entre laver ses vêtements actuels et dormir avec un pyjama d'Elaria.

- J'ai connu plus accueillant, marmonna-t-elle.

- Ce n'est pas mon problème.

Evgenia roula des yeux et se leva de sa chaise. Elle s'était appropriée un coin de la pièce – même si la notion de coin était toute relative dans un lieu circulaire – le plus éloigné possible de là où les Effacés s'installaient lorsqu'ils venaient. Elle y avait posé son matelas et sa chaise. Une pile de livres qui provenait de l'une des bibliothèques avait servi aussi bien d'occupation que de table pour poser ses verres d'eau. Evgenia avait même abîmé certains, ce que Jahad lui avait plusieurs fois reproché à sa grande satisfaction.

Elle enfila sa cape bleu sombre et remit en place ses cheveux.

- J'espère ne jamais croiser votre route de nouveau, avoua-t-elle.

- Vraiment ? ironisa Victorien. Parce qu'aux dernières nouvelles, c'est toujours moi qui vous ai libérée de la prison de Newgate.

- La confrérie de Londres aurait pu me libérer.

- Vous êtes une espionne. Les Oracles se seraient débarrassés de vous.

- Je n'avais aucune information compromettante en ma possession et je pense qu'ils voulaient éviter l'incident diplomatique avec Saint-Pétersbourg. Ils ne m'auraient rien fait.

- C'est beau de prétendre y croire.

Le jour où Victorien était allé voir Ezer Jayli à la prison de Newgate, Evgenia avait immédiatement sauté sur l'occasion et avait été à deux doigts de le supplier de la libérer. Comme sa version des faits avait bien changé, maintenant qu'elle était loin du danger et des Oracles.

- Allons-y, décréta Victorien avant qu'elle ne puisse en rajouter une couche.

Il sortit de la pièce circulaire pour retrouver le couloir de l'immeuble, qu'il remonta jusqu'à trouver le portail de sortie. Les portes avaient été condamnées dès leur arrivée pour éviter que les autorités d'Astras ne trouvent le repère trop facilement, alors c'était actuellement le moyen le plus facile de quitter les lieux, qui en temps normal n'incluait pas de magie. Cependant, depuis qu'Evgenia était ici, Jahad avait renforcé la sécurité et inclut un sortilège pour user du portail, sans quoi l'espionne aurait sans doute trouvé la première occasion de l'utiliser pour s'enfuir.

- Vous savez, dans d'autres circonstances, ça aurait pu fonctionner entre nous, fit remarquer Evgenia.

- Si c'est pour me dire ça, le plus simple est encore de vous taire.

- Je ne suis pas votre style ?

- Non. Autre chose à ajouter où vous avez terminé ? Ce n'est certainement pas comme ça que vous allez m'amadouer.

Oracles ~ La saison des AssassinsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant