Trop tard pour fuir, ils les avaient déjà vus. Pourtant, les pieds d'Eleonor la démangeaient terriblement. Victorien, qui par réflexe s'était positionné un pas devant elle, tâchait de décrypter la situation.
- Vous aviez dit qu'ils ne pourraient pas me retrouver, fit remarquer Eleonor.
- Et je maintiens qu'ils ne le peuvent pas. Est-ce que vous avez le moindre objet qui leur appartient ? Même quelque chose de minuscule.
- Non...
Pourquoi aurait-elle emporté quelque chose qui n'était pas à elle ? William, elle avait soigneusement évité, et elle n'avait strictement rien de Simeon ou de Benjamin.
Ce fut à ce moment précis que la réalisation de son erreur sauta aux yeux d'Eleonor. Il y avait bien un objet.
La bague de Benjamin Watson. La bague était restée dans la poche de la robe qu'elle portait en venant jusqu'ici.
- Oh, murmura-t-elle. Oh, non.
- Donc il y avait bien quelque chose ? comprit Victorien.
- Je suis vraiment désolée, j'avais oublié son existence...
- Tant pis. Je vais essayer de les raisonner.
Eleonor lui souhaitait bien du courage parce que cela relevait de l'impossible. Elle constata l'agacement de William tandis qu'ils s'approchaient d'eux à grand pas.
- Sinon, est-ce qu'on ne peut pas quand même partir en courant et j'irai loger ailleurs ? tenta Eleonor.
- Ils ont un Oracle avec eux, très mauvaise idée, contra Victorien.
En plus ils avaient son adresse, maintenant. Eleonor n'en revenait pas d'avoir oublié la bague d'un Oracle dans sa poche, ce qui revenait à hurler sa position au monde entier. Victorien allait avoir des problèmes par sa faute.
- Miss Crawford... commença Simeon quand il fut suffisamment proche. J'espère que vous vous rendez compte de ce que vous avez fait.
- Elle n'a pas de comptes à vous rendre, sachant à quel point vous prenez sa sécurité à la légère, asséna Victorien.
- Tout ceci ne vous regarde pas, M. Hastings. Restez en dehors de ça.
Eleonor se réfugia derrière Victorien comme si cela pouvait lui servir de bouclier face à leurs remontrances. William, Simeon et Benjamin se figèrent à deux mètres seulement d'eux.
- Pourquoi est-ce vous ne m'écoutez pas ? se désespéra Eleonor. Je ne veux pas rester à Londres parce que c'est dangereux.
- Parce que tu penses que tu es moins en danger sur Thélis ? répliqua William. Ce n'est pas parce qu'on te cherche sur Terre que c'est le cas.
- Je la protège, fit remarquer Victorien.
- Vous, on vous a dit de ne pas la ramener.
- Pourquoi, vous avez peur que je vous inflige une once de bon sens ?
William, qui avait envie de tout sauf de faire une scène en pleine rue, prit sur lui. Mais encore un peu et de la fumée aurait pu sortir de ses oreilles.
- C'est à la confrérie de gérer cette affaire, pas à vous, M. Hastings, insista Simeon. Je me doute que tout ceci part d'une bonne intention, et je sais que c'est Miss Crawford qui a initié la chose et non vous, mais vous n'avez pas à interférer de cette façon.
- Les assassins ont trouvé où elle habite. Ce n'est pas la confrérie qui va être capable de régler quoi que ce soit. Tout du moins pas avec ce que vous avez décidé de faire.
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Oracles ~ La saison des Assassins
FantasyLondres, 1832. Eleonor Crawford, vingt ans, n'aspire qu'à devenir une Maîtresse Magicienne qui saura faire ses preuves au sein de la confrérie des magiciens de Londres. Cependant, les choses ne vont pas exactement se dérouler comme elle l'avait prév...