Oracles ~ La saison des Assassins

Chapitre 22 : Essence

Eleonor tentait de deviner où ils se rendaient, ce qui n'était pas aussi simple qu'escompté. Visiblement, ce n'était pas dans un quartier commerçant, et elle admettait ne pas trop savoir sur quoi tomber à Astras.

- Je peux avoir un indice ? demanda-t-elle à Victorien, qui marchait à ses côtés.

Beaucoup de regards se posaient sur eux, mais Eleonor y prêtait à peine attention. Elle était habituée à ce qu'il se passe la même chose sur Terre à cause de sa taille et de sa couleur de cheveux extrêmement claire, même si ici, elle était immédiatement identifiée comme une Phébéienne. Victorien lui avait assuré que se dissimuler était inutile, puisque les passants n'en avaient au final rien à faire.

Les Phébéiens étaient très, très rares, mais il y en avait néanmoins qui déambulaient parfois dans les rues.

- C'est quelque chose que vous auriez dû faire il y a longtemps, répondit Victorien.

- C'est vague, ça, fit remarquer Eleonor.

- Ça reste un indice. Je vous promets que vous pouvez trouver.

- C'est si évident que ça ?

- Qu'est-ce que vous ne pouviez pas faire à Londres, Eleonor ?

La liste était bien plus longue que Victorien ne devait le supposer. Porter un pantalon tranquillement était tout en haut. En deuxième position, c'était sortir seule quand elle le voulait. Sachant qu'elle faisait les deux actuellement – bon, elle était accompagnée, mais dans l'esprit elle aurait pu être seule – elle devrait dérouler la liste un peu plus.

Ce fut quand Victorien s'arrêta pour sonner à l'entrée d'un bâtiment que la réponse sauta aux yeux d'Eleonor.

- On va tester mon essence magique ? demanda-t-elle.

La porte s'ouvrit et Victorien la poussa. Ils se retrouvèrent dans un couloir sombre avec face à eux de larges escaliers et une porte fermée à leur gauche.

- Exactement, confirma-t-il. J'ai pris rendez-vous avec un testeur dès que vous êtes arrivée sur Thélis.

- Vraiment ?

- À mon sens, c'était la première chose à faire. Vous avez de la chance, il y a eu un désistement et j'ai pu obtenir un rendez-vous rapidement.

Depuis le temps qu'Eleonor en rêvait ! Elle espérait que son essence magique aurait un minimum de prestance et qu'elle ne se retrouverait pas avec quelque chose de cocasse comme les poissons ou les ongles.

Il y avait des magiciens qui n'avaient pas besoin de faire de tests pour trouver quelle était leur essence, elle s'imposait à eux d'une façon ou d'une autre. Cela arrivait davantage pour tout ce qui concernait des éléments de base comme le vent, l'eau, la terre ou éventuellement l'électricité. Puisque rien de toute ça n'était arrivé à Eleonor, elle supposait que son pouvoir était très différent.

Ils gravirent les escaliers jusqu'au première étage, où Victorien sonna à la seule porte qui se trouvait dans le couloir. Ils entendirent une voix feutrée de l'autre côté, puis les verrous se défirent et quelqu'un leur ouvrit. Un rai de lumière bienvenu se fraya un passage jusqu'à Eleonor, qui baissa la tête pour voir à qui elle avait affaire.

Un homme dont elle ne pouvait déterminer l'âge, un peu plus petit que Victorien, au crâne rasé et à la peau mate. Il avait un tatouage qui remontait dans son cou et s'arrêtait au niveau de son oreille. Est-ce qu'il signifiait quelque chose ? Eleonor n'osait pas poser la question alors qu'il se trouvait dans les parages.

- Bienvenue, leur dit-il, entrez, je vous en prie.

Il s'écarta pour les laisser passer. Eleonor, curieuse, détailla les lieux. Le couloir donnait à gauche sur une sorte de salle d'attente, avec des chaises au rembourrage qui avait l'air confortable, une table basse et ce qui ressemblait à des revues d'art et de sciences étalées dessus. À droite, la porte était entrouverte, mais pas suffisamment pour qu'elle puisse voir l'intérieur. Enfin, il y avait une dernière porte au bout du couloir, face à eux, cette fois-ci fermée.