Oracles ~ La saison des Assassins

Chapitre 14 : Interrogatoire

Victorien n'avait quand même pas fait ça ? Il n'avait quand même pas ramené une magicienne en fuite jusque chez elle alors que les Oracles de la confrérie devait être à sa poursuite ?

Et, déjà, pourquoi l'avait-il libérée ?

William était, étonnement, le plus outré du lot. Eleonor aurait davantage parié sur son père ou sa mère.

- Il va me falloir des explications, et il va me les falloir rapidement, asséna le magicien d'un air pincé.

- Je l'ai ramenée pour un interrogatoire, répondit sobrement Victorien.

- Et vous pensez sincèrement que c'est une réponse suffisante ? s'offusqua Ann.

- Un peu de contexte, s'il vous plaît, lui demanda Eleonor. La situation est un peu inconfortable, là.

Marian, qui s'était levée de son siège pour suivre tout le monde, se glissa aux côtés d'Eleonor et passa un bras sous le sien. Elle était mi-inquiète, mi-intriguée.

- C'est le bel homme de la taverne ou ma mémoire me joue des tours ? chuchota-t-elle.

- C'est lui, confirma Eleonor. Victorien. Assassin chez les Effacés.

Si la mâchoire de Marian avait pu se décrocher de son visage, elle aurait glissé le long de sa robe avant d'atterrir à ses pieds.

Victorien, lui, accepta de fournir un peu plus de détails sur la situation – sans doute parce que tous les regards courroucés étaient posés sur lui, même celui de la prisonnière.

- Je m'étais infiltré à la prison de Newgate quelques jours plus tôt à la recherche d'Ezer Jayli, indiqua-t-il, mais elle ne savait rien à propos des commanditaires du meurtre d'Eleonor. En revanche, cette fille a prétendu avoir des informations en sa possession. Raison pour laquelle je l'ai libérée.

- Je m'appelle Evgenia, précisa la prisonnière. Je suis une espionne de la confrérie de Saint-Pétersbourg. Disons que j'ai entendu des choses en étant au bon endroit au bon moment.

Le regard que Howard portait sur elle aurait pu la transpercer en deux.

- Et donc vous avez répandu le choléra chez nos magiciens ? Je peux savoir pourquoi ?

- Ce n'était pas moi. Mais, forcément, c'est plus facile d'accuser l'étrangère qui se trouvait dans le coin que de faire le ménage dans ses propres rangs.

- S'ils vous ont arrêtée, c'est qu'ils ont des preuves.

- Ce serait beau si le monde fonctionnait vraiment comme ça, n'est-ce pas ?

Howard ne répondit pas, mais ne cessa pas de la dévisager avec animosité pour autant.

- Les Oracles sont après vous, rappela William. S'ils vous trouvent ici...

- Ils ne viendront pas, répliqua Victorien.

- Ils sont très bons en traque.

- Et je suis très bon pour effacer mes traces. C'est ce qui se passe quand un mage rouge devient assassin.

- J'espère que ce n'est pas votre ego qui parle.

Victorien le foudroya du regard. Encore une fois, Eleonor constatait comme William agissait telle une girouette envers lui. Des fois amical, des fois agressif. Un jour, il faudrait qu'il se décide à ne garder que l'un ou l'autre.

- L'amener ici était une terrible idée, reprit Howard. Elle pourrait être dangereuse.

- Elle est inoffensive, elle n'a pas ses pouvoirs, répondit Victorien.