Hey 2

71 4 0
                                    


« Hey Levi,

Ça fait un an.

Un an.

Est-ce que tu te rends compte ? Moi pas.

Est-ce que j'ai encore mal ? Indéniablement, oui. En témoigne les larmes qui coulent sur mes joues alors que bordel il est minuit dix-huit et je suis sensé dormir. Mais je n'y arrive pas. Je n'y arrive pas parce que cette nuit fait partie de celle où je ne dors pas mais où je pleure. Il est trop tard pour que l'on m'entende et cela me va bien, je crois.

J'entends sa respiration à mes côtés. Je sais que je peux compter sur elle. Sur eux tous. Mais eux, ce ne sont pas toi. Tu me manques et c'est toi que je veux voir pas les autres.

Si l'on reprenait ces un an ensemble ?

J'ai pas su encaisser. Je me suis senti seul. Très seul. Le plus gros coup dur a été ton enterrement. Te voir comme endormi dans ce bout de bois était mon choix. Je voulais te faire ce dernier adieu. Mais ce n'est pas un souvenir que j'effacerai de ma mémoire. C'est gravé en moi, pour toujours et ça fait mal. Ça fait mal parce que j'ai tellement espéré que tu te réveilles alors que je savais que c'était impossible.

Les premiers jours sont passés très durement. Je ne voulais plus sourire. Plus alors que pour toi c'était désormais impossible, comme si je n'en avais pas le droit.

Et il y a eu cette fille de qui je me suis rapproché. Dieu merci, elle a été mise sur ma route et je me suis rarement senti autant compris qu'avec elle, sûrement parce qu'elle savait très bien ce que je vivais.

Les premiers mois sont passés, j'ai repris une vie normale. Je pensais toujours à toi, beaucoup à toi mais le temps a marché je crois. Mon cœur me lançait toujours mais du baume avait été mis dessus par petites doses. J'ai commencé à souffrir un peu moins. Et j'ai rencontré un garçon. Je ne l'attendais pas. Lui non plus d'ailleurs.

Je l'ai aimé. Fort.

Mais ça s'est terminé, encore. Je ne garde que les bons souvenirs, il a été vraiment quelqu'un de bien.

Le premier Noël sans toi est arrivé plus vite que je ne l'aurais cru. Et même si c'était étrange, cela faisait aussi moins mal que ce que je pensais. Comme mon premier anniversaire sans toi.

J'ai eu 18 ans. Ça y est, j'ai pu faire ce que je voulais légalement. La première chose que j'ai faite en tant que chose d'adulte, ça a été de me tatouer les premiers mots de ta dernière lettre. Ils sont ancrés en moi, pour toujours. Je ne sais pas trop si tu aurais aimé mais je suis certain que tu aurais été très ému de la signification.

Ce que tu as laissé derrière toi était dur. Mais ensemble on s'en sort. C'est jamais facile mais c'est comme ça, j'ai appris à vivre avec.

Rapidement, les un an sont arrivés.

J'ai beaucoup pleuré en un an. Et j'en ai perdu d'autres. Mais j'ai appris.

Je ne croyais pas que le temps me guérirait. Je pleure toujours en parlant de toi mais aujourd'hui, ce n'est plus de tristesse. Je pleure parce que tu manque mais je ne suis pas triste. Pas triste parce que je sais que tu es parti en paix et que tu n'aurais certainement pas voulu que je le sois, triste.

Je ne sais pas vraiment si j'ai accompli des choses qui t'aurait rendu fier en an. Peut-être mes notes au bac ? Peut-être mon permis ? Peut-être le fait que pour la première fois depuis longtemps si ce n'est toujours, j'ai commencé à m'aimer ?

Le monde va mal, et moi aussi.

Mais je n'ai pas perdu espoir parce que tant que je vivrais, je pourrais toujours te rendre fier depuis là-haut.

Et je le ferais, sois en sûr.

Je t'aime, comme hier et comme demain, et à jamais.

Mille bisous Levi. »

Recueil de One-ShotOù les histoires vivent. Découvrez maintenant