Perdre espoir

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L'explosif était couché dans son lit quand il entendit la poignée de sa porte tourner. Suite à cela, c'est sa porte qui grinça. Il reconnut nettement les pas de ses quatre amis, bien qu'il leur ait dit qu'il ne voulait pas les voir. Le sol craqua sous leurs pas et le lit s'affaissa sous leur poids. Pourtant le cendré ne se tourna pas vers eux. Il voulait rester seul. Seul, à regarder son mur gris, en se demandant comment est-ce qu'il en était arrivé là. Il ferma les yeux avec force alors qu'il se trouvait parfaitement réveillé, ses sourcils se fronçant. Heureusement pour lui et sa fierté, ses camarades avaient eut le respect de ne pas se mettre face à lui. La dernière chose qu'il souhaitait était de se montrer si faible aux yeux du monde.

Lui, faible ? Quelques mois auparavant, s'avouer ce fait aurait été impossible pour lui. Parce que Katsuki Bakugo n'était pas faible, jamais. Il était le meilleur, l'éternel numéro un, le vainqueur, le plus fort.

Même avec les paupières fermées, une larme solitaire, une échappée, la seule qui était parvenue à braver la robuste et indéfectible carapace du blond coula. La perle de douleur roula sur sa joue dans un silence à faire pâlir les morts. Il mit toutes ses forces dans l'immobilité qu'il voulait conserver, retenant vigoureusement ses épaules de se mettre à trembler à la fréquence de ses sanglots.

Une main féminine et rose se posa sur son épaule et y glissa une douce caresse. Mina choya son épaule du bout des doigts. Katsuki devinait aisément Mina, les lèvres serrées pour ne pas briser le silence, une main contre lui, l'autre dans la main d'Eijiro, lui même appuyant sa paume contre l'épaule de Denki et enfin derrière eux, Sero les entourant tous les trois de ses bras.

-Bakugo, commença la voix de Denki. Ça fait trois jours, parle-noue, ça...

-Cassez-vous, lui répondit rauquement la voix de son ami.

Les quatre élèves ne bougèrent pas, peinés face au ton employé par leur ami. Bakugo n'avait jamais été tendre dans ses paroles. Et même si ses paroles ressemblaient à un ordre, ce n'était en réalité qu'une supplication déguisée. Bakugo les suppliait de partir même s'il ne bougèrent pas.

-S'il-te-plaît, on veut parler avec toi, insista la voix douce et tremblante de Mina.

-Bakubro, juste cinq minutes, renchérit Hanta.

-Cassez-vous putain.

Le jeune homme était mutique. Cela faisait trois jours. Trois longues journées qu'il ne disait plus rien excepté demander à chaque visiteur de sortir. La révélation avait été dure pour toute la classe. Mais Bakugo était tombé de si haut, de tellement plus haut que les autres. Parce qu'il savait qu'il était en parti responsable de la situation d'aujourd'hui. Il y avait contribué depuis toujours, depuis qu'il s'était mis tout seul sur un piédestal.

Finalement, Hanta soupira et décida de respecter le silence de son ami. Le blond savait qu'ils étaient prêts à l'écouter, à lui de faire le premier pas quand il en aurait l'envie ou le besoin. Il serra plus fort l'épaule de Mina, avant qu'il ne tourne les talons et ouvre la porte pour sortir de la chambre. Denki suivit également avec une pression affectueuse pour la main de son amie qui elle même retranscrit ce geste au blond. La porte se referma mais Bakugo n'était pas tout seul dans la pièce. Il le savait. Et Eijiro savait également qu'il n'avait pas besoin d'annoncer sa présence.

-Tire-toi, toi aussi...

-Non. Pas avant qu'on ait parlé.

-Et qu'est-ce que tu veux dire ? Hein ? Qu'est-ce qui n'a pas été assez clair dans ce qu'il a dit ?

Eijiro soupira mais ne perdit pas sa motivation pour autant. Il souffrait de la situation mais il ne pouvait qu'imaginer le quart de ce que traversait Katsuki. Le rouge défit ses lacets, ôta ses chaussures et s'assit sur le lit. Lentement pour que le blond ne soit pas surpris du contact, le jeune homme s'allongea dans le lit, d'abord sur le dos puis sur le côté et il finit par se coller au dos de Katsuki. Le blond le repoussa d'un coup de coude dans les côtes, faisant échapper un couinement de douleur à son plus proche confident. Eijiro ne l'abandonna pas, comprenant que ce geste ne devait pas être pris à cœur, étant simplement de l'autodéfense. C'était un de ses réflexes accumulés à cause de la carapace qu'il avait passé des années à construire. Eijiro retenta son geste avec plus de succès cette fois. Sa main choya délicatement ses côtes avant de se glisser contre son torse pour finir sa route à plat contre son cœur.

Recueil de One-ShotOù les histoires vivent. Découvrez maintenant