Recueil de One-Shot

Stranger things

Premier os sur une série, j'avais trop de mal à digérer la saison 4 de stranger things 🥲 du coup j'apaise mon coeur avec un os, j'espère que ça va vous plaire !

Chaud.

Trop chaud.

Bon sang, ce qu'il faisait chaud. C'était le seul constat possible à faire : la chaleur étouffait tout ce qu'il y avait autour, même jusqu'à ses propres pensées. Sous lui, le sol aurait bien pu être de la lave que ça n'aurait rien changé. L'air soufflait contre lui, tellement que ça lui en bouchait les oreilles. Et même si cela aurait dû le rafraîchir, cela n'en n'eut aucun effet. Ce souffle brûlant lui avait sûrement brûlé quelques cils et cheveux au passage car quand ses paupières purent enfin trouver le courage de s'ouvrir, il ne sentit pas ses cils noirs effleurer sa peau. C'est encore cet air bouillant qui s'infiltra dans ses poumons quand il inspira comme s'il n'avait plus respirer depuis trop longtemps. Ce même air qui le fit tousser immédiatement, lui faisant comprendre qu'ici n'était pas chez lui.

-Tu t'y habitueras tu verras, ça m'a pris du temps à moi aussi.

Cette voix... Impossible. La chaleur lui faisait tourner la tête et il hallucinait -cette fois au moins, ils auraient eu raison de dire qu'il était fou. Sa gorge le brûlait plus que l'instant précédent mais moins encore que le prochain. Ses paupières cherchèrent une nouvelle chose à laquelle se raccrocher mais offert à ses pupilles, il n'y avait qu'un ciel orange presque marronné et brumeux. Cette brume se rapprochait d'ailleurs plus d'un épais brouillard, une fumée sinueuse et incandescente qui serpentait jusqu'à ses poumons pour mieux l'étouffer. Il se releva en position assise, accablé par la douleur que lui provoquaient ses muscles endoloris. Il essaya de bouger ses bras, ce qui fut une réussite, mais remarqua qu'il était toujours maculé de sang.

C'est la sang qui fit remonter les souvenirs, c'est alors qu'il se rendit compte de l'absence de Dustin et de ses bras qui l'avaient soutenus durant ses dernières secondes. L'absence de douleur qui avait dû provoquer sa mort ou du moins une douleur différente à celle qu'il ressentait auparavant. Il ne faisait pas office de son désir le plus secret, la meilleure hypothèse et la moins plausible qui était qu'il était toujours vivant parce que cela était impossible. Il le savait, il s'était sentit mourir.

En époussetant son pantalon, il se releva. Ses cheveux tombaient irrégulièrement sur ses épaules, signe que certains avaient bel et bien brûlés. Son bandana retomba sur ses yeux alors il le défit lentement du bout des doigts, l'admirant lorsqu'enfin il pu le tenir devant lui. S'il le pouvait là où il était, il espérait que Dustin l'avait récupéré en sa mémoire.

À perte de vue s'étendait ce désert chaotique qui ressemblait beaucoup à la vision qu'il s'était faite de l'enfer, fervent et corrosif. Il fit un tour sur lui-même et retomba presque en voyant que quelqu'un était assis sur une pierre. Et c'est particulièrement parce que ce n'était pas qu'un simple quelqu'un qu'il fut surpris.

-Chrissy ?

La blonde acquiesça, toujours habillée en cheerleaders, visiblement émue. Des petites perles d'eau se formaient au coin de ses yeux et son beau visage retenait un faible sourire. Il n'eut pas le temps de la voir venir qu'elle se jeta dans ses bras. Et qu'est-ce qu'elle le serra fort.

-Tu n'as pas idée à quel point je suis contente de te voir, Eddie.

Le grand brun ne se fit pas prier pour rendre son câlin à la belle blonde. Tellement de choses lui passaient dans l'esprit, tellement de questions qu'il ne savait plus quoi lui dire. En se reculant finalement, il s'accorda le luxe de garder ses mains calleuses et ses doigts cornés par la guitare sur ses joues dont la peau restait parfaite.

-Comment diable se fait-il que tu sois là ?

Si le contexte n'était pourtant pas censé être joyeux, Eddie ne pouvait empêcher son sourire d'apparaître sur ses joues, ce qui expliquait son ton doux et touché.

-Ne dis pas ça ici, peut-être qu'on est dans son repère, blagua Chrissy, pas complètement convaincue elle-même qu'elle blaguait.

Le guitariste la reprit dans ses bras, si heureux de la voir qu'il la fit tourner contre lui. Elle riait dans ses oreilles, sa paume droite posée sur son épaule et l'autre agrippée fixement à sa nuque, et ce son tendre apparut comme le plus mélodieux qu'il ait jamais entendu.

-Je ne sais pas. Je me souviens d'être chez toi, de paniquer, d'avoir des visions, raconta la jeune femme en s'éloignant de quelques centimètre de lui, butant sur ce dernier mot. Et puis, je me suis réveillée ici, comme toi. Tu es le premier humain que je croise depuis .... Je ne sais même pas, j'ai l'impression que je viens d'atterrir même si j'ai la sensation d'avoir erré pendant des années.

-Oh.

En effet, Eddie avait donc quelques détails à lui conter pour arriver jusqu'à ses propres souvenirs.

-Oh ?

-Ce que je vais te raconter va te paraître étrange pour arriver jusqu'à mes derniers souvenirs à moi. Mais avant, tu pourrais me raconter ton périple ici ?

-Il n'y a pas grand chose à dire. J'ai marché jusqu'à m'en faire saigner les pieds, crié jusqu'à ne plus avoir de voix, toussé jusqu'à ne plus pouvoir respirer. J'étais coincée ici jusqu'à ce que je te vois, comme tombé du ciel. Et maintenant, là bas, fit-elle en indiquant une direction, il y a une porte. J'imagine que c'est notre porte de sortie et qu'il fallait attendre la bonne personne pour sortir de ce désert.

-Il y a des os par terre, finit par remarquer Eddie en se tournant vers la porte en question.

-Oui, sûrement des gens qui n'ont pas trouvé leur personne. Chrissy glissa sa paume de main le long du bras du guitariste jusqu'à atteindre sa paume qui se referma automatiquement sur la sienne. Avec un regard complice et presque rieur, elle reprit la parole.

-Et si au long de notre marche jusqu'à la porte, tu me racontais ce qu'il s'est passé chez toi et après ? Si tu me racontais ces étranges choses ?

Eddie acquiesça doucement.

La mort était douloureuse mais qu'est-ce que souffrir face au regard de Chrissy ?

-Tu sais, là haut, je ne me suis pas enfui, commença-t-il son récit.

Désormais, Eddie ne souffrirait plus. En revanche, il priait pour ses amis restés à la surface qui allaient devoir se battre durement contre ces étranges choses, bien qu'il savait qu'eux n'étaient pas du genre à fuir.