A new life

Chapitre 59 : 14/11/20

Je tourne la tête vers la droite et je vois ma femme dans un état moins bon que le mien. Rien que le fait de la voir intubée me rends malade.

Une vague d'émotion me traverse. C'est un mélange de peur, d'angoisse, de stress, de tristesse et de culpabilité :

- Elle est dans un état pire que moi... c'est ça ? dis-je avec les larmes aux yeux qui sont montées d'un coup,

- Oui... dit Nat tout en regardant sa sœur toujours avec cette inquiétude,

- Elle s'est mise devant moi... dis-je en essayant de retenir mes larmes comme je peux,

- Comment ça ? demande Nat qui ne comprends pas trop ce que je viens de dire,

- Quand je suis tombé à terre... la première fois... Yelena s'est mise devant moi... elle a pris les coups des 5 mecs pour moi... elle m'a protégé... alors... alors qu'elle ne pouvait même pas se protéger elle-même... expliquais-je tout en pleurant n'arrivant plus à me retenir,

- Ça ne m'étonne même pas d'elle... dit Nat en regardant sa sœur tout en lui tenant la main et en décrochant tout de même un petit sourire,

- Elle va s'en sortir hein ? demandais-je avec les yeux remplis de larmes,

- On l'espère tous... mais... elle a un poumon perforé... un pneumothorax je crois... et... elle a fait déjà deux arrêts cardiaques... dit Nat pour m'informer de son état,

- Donc on a plus qu'une chance... dis-je tout en sentant mes émotions se décupler en moi,

- C'est à dire ? demande Nat ne comprenant pas trop pourquoi je dis ça,

- Dans la liste de ses souhaits médicaux... l'un d'eux dit qu'elle veut être réanimée... mais jamais plus de 2 fois... avouais-je avec un léger sourire repensant à ce souvenir,

- C'est quoi cette liste ? demande Wanda,

FLASHBACK : ref chapitre 23 :

Nous sommes encore à Seattle avec Yelena, histoire de prendre quelques jours de vacances. On est actuellement dans la chambre qu'on a loué. Je suis sur le lit en train de me reposer et Yelena est dans la salle de bain :

- P'tit cœur ? dit Yelena pour m'appeler,

- Oui, dis-je tout en me tournant vers elle avec un sourire,

- Je pense qu'on devrait faire une liste de nos soins médicaux, me propose-t-elle,

- Heu oui... mais pourquoi ? demandais-je un peu étonnée par sa proposition,

- Bah tu vois, tu as fait un arrêt cardiaque il y a quelques jours... et je ne sais pas même pas qu'elles sont tes volontés médicales et je n'ai pas envie de prendre une décision à laquelle tu es contre si jamais il t'arrive quelques choses d'autres... m'explique-t-elle tout en s'asseyant sur le lit en face de moi,

- Je vois ce que tu veux dire... bon bah d'accord alors... mais on peut ne plus parler de cette histoire s'il te plaît... demandais-je à ma petite amie car j'ai vraiment envie de passer à autre chose maintenant,

- Oui bien sûr... excuse-moi... me dit-elle avec un sourire tout en me prenant la main,

- Moi ce que je te propose, c'est qu'on les écrits deux fois, comme ça toi tu auras un exemplaire du tien et du mien et pareil pour moi, dis-je tout en me redressant doucement pour ne pas faire sauter mes points de suture,

- Je valide ton idée mon cœur, me dit Yelena juste avant de m'embrasser,

On prend donc toutes les deux un morceau de papier que l'on déchire en deux et on note nos désirs en cas de problème de santé.

Au bout d'environ dix minutes, on a toutes les deux finies. On se regarde et on se les lis avant de se les échanger :

- Tu commences ? ou je commence ? me demande ma petite amie,

- A toi l'honneur, dis-je avec un sourire,

- Ok, alors moi je souhaite être réanimé mais jamais plus de deux fois, j'aimerai que toutes les décisions à prendre concernant ma santé soit prise par toi si jamais je ne suis pas en capacité de le faire et enfin, si jamais je tombe dans le coma, je veux être débrancher au bout d'un mois si je ne montre pas signe positif jusque-là, énuméra Yelena tout en se concentrant sur sa feuille,

- Alors moi, je souhaite être réanimé mais si je deviens plus ou moins un légume je veux qu'on arrête et qu'on me laisse partir... pour les décisions médicales et le coma je suis comme toi et après pour ma part, je ne veux pas de morphine en confort mais que en cas d'extrême nécessité et enfin, si un de mes membres est très endommager et qu'il y a moins de 15% de chance de le sauver, je préfère qu'on m'ampute plutôt que d'essayer l'impossible, énumérais-je à mon tour,

- Je ne pensais pas que tu serais capable de demander l'amputation... me dit ma femme étonnée,

- Bah en fait, j'ai plus de chance de me remettre vite avec une prothèse que de tenter des trucs impossibles, même avec une prothèse je peux faire l'armée, donc autant aller au but directement, expliquais-je simplement,

- Je vois ce que tu veux dire, me dit-elle en hochant la tête tout en regarde sa liste, tu vas les mettre où toi ? me demande-t-elle,

- Je pense derrière mon téléphone, dis-je en réfléchissant vite fait, et toi ? demandais-je en retour,

- Dans mon porte-monnaie je pense, me réponds Yelena avec un sourire,

On s'échange la liste et chacune de nous deux la range comme on l'avait indiqué. On s'embrasse passionnément, fières de ce qu'on vient de faire et on continue le cours de notre journée.

FIN FLASHBACK

- Quelques temps après mon opération... on a toutes les deux dites nos souhaits médicaux à l'autre et nous les avons écrits sur un papier... derrière mon téléphone, j'ai celui de Yelena et le mien et elle... elle a le mien et le sien dans son porte-monnaie... on s'est faites la promesse de toujours les faire respecter... donc on a déjà plus qu'une chance... dis-je en pleurant et en pensant au pire qu'il pourrait se produire,

- On va la prendre cette chance... ne t'inquiète pas... dit Nat tout en me regardant pour essayer de me calmer même si elle-même ne sais pas trop si sa sœur va s'en sortir,

- Vous pouvez me donner sa main... s'il vous plait... demandais-je toujours tout en la regardant n'arrivant pas à la quitter du regard,

Wanda se lève donc de sa chaise, elle rapproche un peu mon lit à celui de ma femme et elle me donne délicatement la main de Yelena dans la mienne.

Je la serre du plus fort que je peux comme si ça allait la réveiller. Puis, je laisse couler quelques larmes sur mes joues. La voir comme ça, me fait si mal et je n'ai pas envie de la perdre.