Les mensonges de ma vie

12 Ella

Ça fait déjà quatre jours que j'ai fait mon petite chantage à Xander. Quatre jours où je sors juste conduire et récupérer mon frère à son école. Je ne bouge pas de chez moi pour rester assise devant ma fenêtre avec mon arme au cas où Xander et ses hommes décident de me rendre une petite visite. Personne n'est venus, peut-être qu'il tiendra parole. Je n'ai pas encore assez d'argent pour qu'on puisse partir d'ici et je pense que si il avait voulu me tuer je serais déjà morte. Xander est peut-être un enfoiré de psychopathe, mais il a toujours respecté ses accords. Normalement. Je compte rester loin de ses affaires et des endroits qui lui appartiennent.

Je passe mon temps à lire le livre de Taylor en essayant de comprendre ce que tous ces chiffres et ces abréviations veulent dire, mais à part le début d'une migraine je ne capte rien.

[Flo : Toujours en vie ?]

Je referme mon livre en soupirant, j'ai dit à mes amis que j'avais une méga grippe, que j'étais ultra contagieuse, à vomir toute la journée.

[Ella : Ça va mieux, j'ai presque plus de fièvre, vous me manquez. Je passerai sûrement ce week-end.]

Je me vois mal leur avouer que je me cache en attendant qu'on vienne me buter, car j'ai fait du chantage à psychopathe. Ni que j'ai une arme et surtout que je compte me barrer d'ici. La meilleure solution est le mensonge.

Dommage que Q ne m'a pas filé un peu d'argent sur la dernière course. On a quitté la course avant qu'il ne récupère son argent. J'aurai pu être loin d'ici. Mon regard tombe sur la montre en or de mon père que je caresse avec le cœur lourd. Désolée Papa mais cette fois je n'ai pas le choix.

Je vais aller la vendre et j'espère en tirer beaucoup d'argent. Je pense que c'est de l'or. Elle a l'air assez ancienne et de bonne qualité. D'abord je vais aller prendre une douche, ensuite j'irai chez chez le prêteur sur gage. Je dois penser à refaire le plein d'essence et d'aller m'acheter des cigarettes. Ma consommation a explosé durant ces quatre jours, je suis une boule de nerf prête à exploser.

***

Quand je me gare devant sa boutique j'ai un moment de doute mais ensuite je pense à mon frère. Je dois le faire. Je traverse la route avec la sensation d'être observée. Je me retourne plusieurs fois en vérifiant les alentours, tout est calme.  Une mère de famille se promène avec ses enfants, un couple de personne âgée promènent un chien, mais un homme habillé en noir fait affoler mon cœur. On me suit ? Je n'ose plus bouger en l'observant se diriger vers un arrêt de bus. Mon corps se détend lorsqu'il s'installe contre le mur en sortant un sandwich.

Respire, c'est juste un mec qui attend.

Je pousse un hurlement de terreur lorsqu'une main se referme sur mon bras pour me tirer sur le côté de la boutique. Je me débats avec les larmes aux yeux. Je vais mourir.

— Ella, tout va bien !

J'arrête de bouger, complètement pétrifiée par la voix d'une femme qui connaît mon prénom.

— Je vais te lâcher mais ne crie pas, me dit-elle d'une voix rassurante.

Je hoche la tête pour signifier que j'ai compris et ses mains me relâchent. Mon cœur pulse et je lève mon poing en me retournant pour taper dans son visage avant de vite me reculer pour sortir le taser dans ma poche arrière. Bordel ça fait mal ! La douleur dans ma main me lance dans tout le bras !

— Bordel, tu es qui toi ? Si tu bouges je t'envoie cinquante mille volts dans la gueule. Crois-moi tu vas adorer !

Je ne connais absolument pas cette femme qui se frotte la joue en restant à sa place.