Maely - Mercredi 14 juilletJ'ai souvent cherché qui j'étais, si ce que l'on attend de moi est mon unique raison d'être comme je suis. Devient-on quelqu'un en fonction de nous, ou des autres ? Mes parents m'ont toujours façonnée à leurs images, que j'en aie eu conscience ou non. Pourtant, une fois leur dos tourné, une infime partie me poussait toujours à en faire autrement.
Il était interdit de courir à l'intérieur, mais je me souviens de la fois ou je me suis amusée à marcher le plus vite possible d'un recoin à l'autre, mon salon ne m'avait jamais paru aussi grand.
Ce n'est qu'une fois les cours à la maison terminés que la réalité du monde extérieur m'a donné l'envie d'arracher ces règles. Mais la question n'était pas de savoir comment modifier ça, mais de me rendre compte de pourquoi je le devais ?
C'est seulement à mon entrée au collège que j'ai compris beaucoup de choses. D'abord qu'étrangement, mes parents me manquaient bien plus qu'aux autres élèves. Je me suis retrouvée seule, avec des professeurs qui n'étaient pas en train de faire leurs cours chez moi comme j'en avais l'habitude. Mais encore, si c'était ça le pire... À mon entrée au collège j'ai compris que je n'avais pas le droit aux mêmes choses qu'aux autres.
Que ce n'était pas tous les parents qui demandaient les qualifications des professeurs pour savoir lequel devait s'occuper de moi.
Que les autres petites filles ne prenaient pas des vitamines chaque matin, que les deux mille deux cents calories obligatoires à ne pas dépasser ne l'étaient pas pour tout le monde.
En rentrant de mon premier jour, je n'ai pas osé leur demander pourquoi. Après tout, mes parents devaient savoir ce qu'ils faisaient. Je n'ai donc rien dit.
L'autre déclic de ma vie fut mon entrée au lycée. Hormis le choix de l'établissement parmi une liste très précise, je crois que m'offrir un téléphone à cause de la distance était judicieux, mais inclure dedans un logiciel de localisation m'a complètement effrayé et fait douter de ce que souhaitaient mes parents pour moi.
J'étais terrifié de voir qu'en plus de ne pas avoir mon mot à dire sur quoique ce soit, j'allais être traquée comme un animal.
Je l'ai cassé, brisé en mille morceaux. Peu importe le prix, ce n'était pas un problème. J'ai prétexté une mauvaise chute. C'est donc après une minutieuse inspection corporelle qu'ils m'en ont racheté un. Là, j'ai réussi à demander pourquoi.
La réponse ne m'a pas plu, et ne me plaît toujours pas aujourd'hui. Alors pour la première fois en quatorze ans d'existence, j'ai hurlé. Sous mes tremblements de peurs et d'angoisse, j'ai également reçu la première punition de ma vie. Rien de très agréable.
J'ai donc renchéri, plus motivée que jamais. Et après m'être entraînée quatre longues heures à répéter de quoi les convaincre, j'ai eu le droit à une victoire. Plus de localisation, un mot signé de mes parents pour sortir de cours pour que je puisse les tenir au courant toutes les deux heures par textos et appels.
C'est donc l'un des compromis que j'ai réussi à avoir dans toute ma vie. Le deuxième est d'avoir un chien, mais uniquement si j'obtenais la plus haute mention possible, ce que j'ai fait.
Bien sûr, là aussi, une longue liste des critères est apparue, ainsi qu'un lieu aménagé dans la maison. Lui aussi a eu des règles à suivre. Ce qu'il a réussi à faire, avec l'aide d'une superbe dresseuse.
Sous les aboiements de Joey, assis à ma droite en tant que copilote, je lance la musique en Bluetooth. Sa queue frétille d'impatience en reconnaissant la chanson qui débute. Ses yeux glissent vers moi comme une demande silencieuse de si c'est la bonne chanson.
VOUS LISEZ
Pour me libérer (Tome 1)
RomancePour être le plus loin possible de votre famille, jusqu'où iriez-vous ? Maely, elle, fait le choix de partir de Boston pour entreprendre un nouveau départ dans le New Jersey. Le job qu'elle vient de décrocher dans un toilettage est l'électrochoc qui...