𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟖 | 𝐀𝐝𝐫𝐢𝐚𝐧

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Adrian - Samedi 25 septembre

Un verre à la main, je réajuste pour la énième fois ma veste. Ça doit faire une quinzaine de minutes que je l'attends. Elle s'est peut-être perdue, qui sait ? J'aurais dû lui envoyer l'adresse. Ou alors, peut-être que Maely ne veut tout simplement pas me voir. Et ce serait uniquement de ma faute.

Je suis sûrement trop brusque pour elle, et incapable de lui avouer clairement la raison qui m'a poussé à l'inviter. Au lieu de lui faire des vannes plus nulles les unes que les autres, j'aurais dû être honnête. Mais je préférai garder cette raison pour moi. J'aurais peut-être mieux fait d'annuler.

L'ambiance de la musique m'empêche de penser correctement, et le jeu de lumière n'aide en rien à la repérer. On pourrait allumer les lumières ? Ça m'aiderait grandement.

J'ignore les quelques regards qui se tournent vers moi. Forcé d'étirer la tête pour l'apercevoir, je vais me dévisser le cou comme un bouchon de bouteille.

Je repasse en boucle nos dernières discussions pour comprendre le mauvais pas que j'ai pu faire. J'ai peut-être le sourire d'un psychopathe, ou alors j'ai dit une chose qui l'a blessée. Je sais que je peux être maladroit, comme mec.

En fait, je n'en sais rien. Je regrette tellement de l'avoir invitée... Evidemment qu'elle ne viendrait pas. Evidemment que ce n'est pas la bonne chose à faire. Mais j'y crois tellement, et c'est ça qui faisait le plus mal : que cette tentative en laquelle j'ai mis tellement d'espoir finisse comme les précédentes. En un pitoyable échec.

Elle m'a dit qu'elle viendrait, pourtant.

Un tapotement sur mon épaule me gonfle d'espoir. J'offre un sourire, mais il retombe aussitôt.

─ Qu'est-ce que tu fais ici ?

Ma soeur est là, devant moi. Un verre à la main, un rouge à lèvre carmin, une robe noire magnifique. Je me recule sous la surprise et, son mojito manque de tomber quand elle tente de m'embrasser la joue.

─ Tu es déjà bourré pour ne pas me reconnaître ? râle-t-elle.

Je m'en moque de son bisou, je veux savoir pourquoi elle est là. Ania risque de tout faire flancher avec Maely. Enfin, si elle vient toujours.

─ Je suis sérieux, pourquoi tu es là ?

Ania s'assoit à la place que j'avais précieusement gardée pour Maely.

─ J'ai l'impression qu'on se voit moins, en ce moment. Quand Thibault m'a dit que tu sortais ce soir, je me suis dit que c'était l'occasion rêvée.

La bouche ouverte incapable de dire quoique ce soit, je la fixe aspirer une gorgée de sa boisson. Je suis censé faire comment, moi,  maintenant ?

─ Tu sais, tu devrais aller retrouver Thibault sérieux, je suis certain qu'il s'ennuie sans toi.

─ Mais non, j'insiste, on va se faire une petite soirée en famille !

─ Mais et Thibault ? Il est tout seul.

─ Un bouquin à finir, ne t'inquiète pas et invite-moi à danser plutôt !

Un regard vers l'entrée du bar, Ania attrape ma main, mais je la tire vers moi pour rester où je suis. C'est ici que doit me retrouver Maely. Ma sœur m'interroge d'un froncement de sourcils.

─ Pour être honnête avec toi, il faut que tu t'en ailles, lui annoncé-je.

─ Pour être honnête, va te faire foutre, tu ne m'envoies pas bouler.

─ Je t'assure que c'est pour ton bien.

J'ai si peur que Maely voit ma sœur. Je sais à quel point elle a été méfiante avec toutes mes nouvelles conquêtes, et cette fois-ci je veux nous donner une chance. Je ne veux pas que ma sœur brise à nouveau un de mes espoirs, même si au fond de moi, je m'en veux de lui mentir. Ania est si vitale pour moi, elle est si entêtée que provoquer une dispute avec elle me terrifie.

Pour me libérer (Tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant