Pour me libérer (Tome 1)

𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟔 | 𝐀𝐝𝐫𝐢𝐚𝐧

Adrian - Jeudi 23 septembre

Malgré la distance que l'on a enduré, voir que ma soeur soit aussi réceptive à nos moments me rassure. J'ai eu peur de ne pas réussir à recoller les morceaux, de ne plus pouvoir être la personne dont elle avait besoin, que le lien soit brisé, mais finalement avec ma soeur rien n'a réellement changé depuis notre enfance.

─ On est obligé d'enchainer avec la suite !

Sa tête contre mon épaule. Ania replace correctement la couverture sur nos deux corps.

─ Tu penses avoir le temps ?

Elle se tourne vers moi en hochant la tête. Ma petite soeur a débarqué chez moi à l'improviste pour qu'on avance dans notre série commune. D'habitude, on regarde en même temps et on délibère par message, mais visiblement, elle a décidé que regarder Black Mirror dans le même canapé, c'est mieux.

─ Bien sûr, s'il le faut, j'appellerai pour reporter.

─ Tu m'enverras une photo demain soir de ce que vous mangez ? Vu le prix, j'espère que c'est beau !

Après m'avoir certifié qu'elle le fera, Ania se mord la lèvre avant de m'avouer :

─ Désolé d'avoir annulé notre soirée du vendredi. Je veux pas du tout rompre notre tradition, mais c'était la seule date avant des mois.

─ Je me disais bien que débarquer à la maison voir ton pauvre frère, alors que depuis que tu as emménagé avec Thibault, tu n'es pas venu une seule fois, était louche.

─ Arrête !

─ Je rigole tête de chat, bien sûr que je sais que tu n'avais pas d'autre choix. Et puis t'inquiète pas, je suis pas à une semaine près.

J'adore voir son petit air boudeur. Elle le fait tout le temps, mais je m'en lasse jamais.

─ Je veux pas que tu penses que je te laisse de côté.

─ Ce n'est pas ce que je pense, rassure-toi.

Ania repose sa tête contre moi. Je me décolle en sentant ses tremblements. La chair de poule est clairement apparente sur ses bras. Elle va finir par être malade !

─ T'as froid ?

─ Tu ne mets pas le chauffage assez fort.

─ Au lieu de me voler toute ma chaleur, va mettre un pull.

Aussitôt proposé, aussitôt décidée. Ania file à toute allure dans les escaliers en emportant le plaid avec elle.

─ Merci beaucoup Ania, hurlé-je.

─ Quoi ? Je pensais que tu n'avais pas froid !

Je lève les yeux au ciel, cette fille ne changera jamais. Malgré qu'elle ait grandi, Ania aime toujours embêter les gens. Surtout moi.

Un sourire aux lèvres, je me lève et me dirige vers une de mes étagères. C'est en apercevant ma bougie que je ressens comme un manque de son odeur fruitée. Je m'empresse de l'allumer et hume son parfum.

─ Tu t'en sors ?

Pourquoi elle met autant de temps ? Elle a vécu ici, elle ne peut pas se perdre. Marchant dans ses pas, je me retrouve sur le pas de la porte de ma propre chambre. Ania est assise sur le bord de mon lit, un objet carré entre les mains.

Mes sourcils se froncent d'incompréhension, avant de se relâcher. Je ne bouge plus, j'en suis incapable. Un coup d'œil vers mon placard pour me confirmer ce que je pensais. Elle l'a trouvé...