Pour me libérer (Tome 1)

𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟕 | 𝐌𝐚𝐞𝐥𝐲

Maely - Jeudi 23 septembre 

L'esprit encore embué, je profite de ne pas travailler aujourd'hui pour rester plus longtemps dans mon lit. Il est huit heures, c'est un véritable exploit !

En plein milieu de mon étirement, Joey monte sur le lit pour s'installer contre moi. Tiens, lui aussi sort de ses habitudes, il est censé ne pas avoir le droit de monter sur mon lit.

─ Bonjour, mon beau.

Allongé les pattes en avant, il me lance un regard qui me déplait. On dirait que d'un simple coup d'œil, il cherche à me faire sortir de mon lit. Quand ce ne sont pas mes parents qui veulent m'imposer leurs règles, voilà qu'il s'y met.

─ Oh, non ! Laisse-moi encore profiter un peu, promis on va la faire cette promenade au parc.

À force de travailler la semaine, c'est tout à fait logique de n'avoir que le temps de faire des courtes balades. Mon compagnon à poil roux semble m'attendre de pattes fermes.

Je l'attrape pour un rapide câlin et l'embrasse une dernière fois avant de me lever. Le soleil est déjà assez haut dans le ciel comme ça, il est temps de faire quelque chose de ma journée.

Malgré mon léger changement d'horaire, je garde la cadence de ma routine matinale. Faire mon lit, aérer, prendre ma douche, m'habiller. Vu la température prévue, j'enfile un tee-shirt basique avec mon jean préféré. J'avale ensuite une tartine de pain à la confiture, toujours avec ma pomme, pendant que Joey prend lui aussi son petit-déjeuner tout juste servi, et pour finir mes vitamines.

Prise d'une envie soudaine de respirer l'air frais aussi vite que possible, je me brosse les dents en un temps record, et enfile mes baskets, sans même faire attention à quel lacet je noue en premier.

Dès mes premiers pas dans la rue, un léger sourire flotte déjà sur mes lèvres. J'ai réussi à suivre les grandes lignes de ma routine tout en la modifiant légèrement. J'adresse un regard à Joey, il remue la queue, impatient.

Je vérifie que sa laisse est solidement accrochée, puis le laisse me guider. Il connaît le chemin. La longue rue remplie de commerce est vite remplacée par des maisons toutes aussi grandes les unes que les autres.

Et voilà bientôt la fin d'une nouvelle semaine ici. Une nouvelle semaine où je mens à mes parents. Ma culpabilité revient aussitôt, comme à chaque fois que je pense à eux. Je m'en veux de devoir faire ça, mais non seulement ça m'a semblé être la meilleure option, mais surtout, la seule. Il m'était impensable de reprendre mes études de droit.

Je souffle, ma soudaine joie envolée. Je tente de sortir ce dans quoi on m'a enfermé, mais j'ai peur que mes efforts se retrouvent engloutis par mon incapacité à savoir me débrouiller seule.

Et si je n'en suis pas capable ?

Et si la seule chose que je sais faire est de suivre un emploi du temps calculé à la minute près ?

Et si mes parents m'empêcheraient à tout jamais d'être indépendante.

Mais le pire, c'est le moment où mes parents vont se rendre compte de la supercherie et là, je n'ose imaginer où est-ce que je finirais. Ils ne vont quand même pas me renier ?

Les aboiements de Joey me rappellent que je viens de m'arrêter de marcher. Depuis combien de temps, j'en sais rien. Mais le regard de mon seul compagnon me trouve et j'y lis comme un sentiment d'inquiétude.

─ Ne t'en fais pas, tout va bien.

Je le rassure en lui grattant la tête, puis reprends notre marche. Si je veux prouver à mes parents et à moi-même que j'en suis capable, je n'ai pas d'autres choix que d'ignorer ma peur et d'avancer sans la laisser me freiner.