𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟏𝟗 | 𝐌𝐚𝐞𝐥𝐲

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Maely - Samedi 30 octobre

Enfermée dans l'incompréhension depuis bientôt trente minutes, je commence à avoir mal à mon derrière à force de gesticuler.

Aujourd'hui, Adrian a décidé de me faire une surprise. Comme j'étais incapable de garder les yeux correctement fermés, il a attrapé un foulard qui trainait dans sa voiture pour me l'attacher autour de la tête.

─ Tu vas me dire où on va pour avoir autant de temps de voiture ?

J'abuse un petit peu, mais dans le noir complet tout semble plus long.

─ Tu veux un indice ?

─ S'il te plait oui.

─ C'est un endroit que tu vas beaucoup aimer.

─ Il est nul ton indice !

Je sens la voiture bouger, et le rire d'Adrian m'agace. Je veux savoir.

─ Je suis désolé mais je refuse de te dire la vérité.

─ T'es chiant quand même.

Il rit derrière son volant. Qu'est-ce que j'ai dit ?

─ Quoi ?

─ Rien, rien. C'est ce foulard qui me fait trop rire.

─ Qu'est-qu'il a, ce foulard ?

─ Les motifs perroquets ne vont pas avec ton impatience.

Je souffle de frustration. Mon essai pour le persuader de me donner davantage d'informations ne marche pas du tout, je suis même en train de perdre ma crédibilité à cause de ces maudits oiseaux.

─ On se demande à qui est ce foulard ?

─ Je ne sais même plus d'où il vient, pouffe-t-il.

─ D'une grand-mère, je suppose.

─ Peut-être c'est André qui me l'a laissé.

Ce nom rend mes oreilles plus attentives. Je ne compte pas freiner ma curiosité.

─ Qui est André ?

Je connais sa sœur et son ami slash collègue, mais hormis eux, je ne sais pas grand chose sur sa famille ni sur son enfance. J'ai vraiment envie d'en savoir plus.

─ Ania considère André comme son grand-père. Donc j'ai l'obligation de venir à des repas en famille avec lui. Il est assez drôle, comme vieux.

─ Et vos grands-parents ? Ça les dérange pas ? Je sais que les miens, à Noël, se font une guerre de qui m'offrira le meilleur cadeau. Le score est de dix côté paternel contre treize côté maternel.

Aujourd'hui, j'ai la chance d'avoir encore mes deux mamies et mes deux papis. Avec la distance, on ne se voit pas énormément, mais lors des fêtes, ils sont toujours remplis d'amour pour moi. Et étrangement, ils ne sont pas aussi stricts que mes parents. Soit ce caractère a sauté une génération, soit ils ne le sont pas avec moi car ce sont mes grands-parents.

─ On n'est pas très proche d'eux avec Ania, me répond simplement Adrian.

─ Donc, vous ne les voyez pas ?

─ Non.

Plongé dans le noir, seul le bruit du clignotant marque le silence suite à sa phrase. Pas d'anecdote, pas de petit rire qui le caractérise. Rien. Mon cœur s'emballe. J'ai fait une boulette ?

─ D'accord. Si tu es plus heureux comme ça, c'est le principal.

Qu'est-que je raconte moi ? Je n'en ai aucune idée de s'il est heureux. La tête posée contre la vitre, je peste contre moi-même en soufflant. Finalement, même avec Adrian, je suis perdue.

Pour me libérer (Tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant