Pour me libérer (Tome 1)

𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟏𝟕 | 𝐌𝐚𝐞𝐥𝐲

Maely - Lundi 18 octobre

Je verrouille l'écran de mon portable quand les plats arrivent. Les voix provenant des tables aux alentours m'aident à oublier ce que je suis en train de faire.

Ignorer Adrian. Ne rien lui envoyer. Ne pas céder.

─ Pizza indienne ? demande le serveur.

─ Ici, répond Erin.

Pour la première fois, sur un coup de tête, j'ai accepté l'invitation de ma collègue pour manger avec elle à la pause du midi. Non pas par envie, mais plus par stratégie : si je ne suis pas chez moi, Adrian ne pourra me retrouver.

Hier, nous avons bêtement regardé un film après... l'événement. Il est parti à la fin sans un mot. Son regard a brûlé ma joue pendant une bonne heure alors que je me concentrais comme je pouvais sur l'écran. J'ai attendu qu'il dise quelque chose, mais il n'a pas brisé le silence. Je n'ai pas osé le faire non plus.

─ Voici donc votre pizza Margherita.

Je remercie poliment le serveur et attrape aussitôt ma fourchette pour goûter. J'avoue en ce moment raffoler de goûter de nouvelles choses. J'ai particulièrement un faible pour les pains au chocolat, je ne sais pas pourquoi, mais passer à la boulangerie pendant la balade matinale de Joey est presque devenue une habitude.

─ Alors ?

─ C'est très bon ! J'ai bien fait de t'écouter.

Erin me sourit malicieusement en croquant une part de sa pizza.

─ Je ne te parlais pas de la nourriture, Maely.

Je mâche en la regardant perplexe. De quoi elle me parle ?

─ Si tu es venue avec moi, je suppose que ce n'est pas sans raison. Tu refuses depuis des mois.

Je déglutis en évitant ses yeux.

─ Ça ne peut pas être juste pour passer un moment avec toi ? Qu'à force de me demander, j'ai fini par céder ?

Erin arrête de jouer avec une de ses mèches et hausse un sourcil.

─ Tu es venue de toi-même. Sans même attendre ma réponse, tu as enfilé ta veste. Si vite que j'ai cru que tu avais un fantôme à tes trousses.

En effet, je n'ai pas vraiment été subtile.

─ Tu as un fantôme à tes trousses ? renchérit-t-elle, en se pinçant les lèvres.

Je cesse de manger, claque ma fourchette sur la table et rencontre enfin ses yeux. Je vais vraiment devoir lui parler d'Adrian.

─ Non, je n'ai pas de fantôme à mes trousses.

Erin fait mine de souffler, soulagée et retrouve son regard sérieux.

─ Donc, pourquoi cette soudaine envie de venir ?

Je prétends découper ma pizza tout en essayant de trouver mes mots. Loin de moi l'envie d'en parler avec le principal concerné, mais peut-être qu'Erin pourrait m'aider. Après tout, Rachel, Monica et Phoebe se confient bien, elles.

Ce serait une nouvelle grande étape dans ma nouvelle vie d'aventurière. Alors j'explique ce qui me hante depuis la veille.

─ Adrian a essayé de m'embrasser.

Erin manque de s'étouffer et avale une gorgée d'eau.

Le dire à voix haute me semble toujours aussi réel. Je n'ai rien vu venir, et j'ai préféré fuir.