Pour me libérer (Tome 1)

𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟑𝟎 | 𝐌𝐚𝐞𝐥𝐲

*** merci de me suivre dans ce roman depuis le début, je vous souhaite une très bonne lecture pour ce dernier chapitre***


Maely - Jeudi 16 janvier

Je ne sais pas pourquoi je stresse autant. Vu le temps passé à se parler par messages avec Ania, je sais très bien quoi lui dire. Pourtant, quand elle s'éclipse pour aller aux toilettes le temps que notre commande arrive, je ne peux m'empêcher de relire les messages encourageant d'Adrian et d'Erin en boucle. L'un me fait battre le cœur plus vite, l'autre me fait rire.

M'attarder sur le décor de ce café m'importe peu. J'ai juste envie qu'elle revienne tout de suite pour faire taire toutes ces voix dans ma tête.

Pourtant, tout a bien commencé : elle est passée me chercher, on a discuté des fêtes de noël, de Joey. Je n'ai aucune raison de m'angoisser.

─ Désolé d'avoir mis autant de temps, il y avait deux filles avant moi, dit-elle en revenant.

─ Ne t'inquiète pas, de toute façon, nos boissons ne sont pas encore arrivées.

─ Franchement, j'ai hâte que tu goûtes pour avoir ton avis.

Ce que j'aime chez Ania, c'est que je n'ai pas besoin de me casser la tête à trouver un sujet de conversation, elle en est parfaitement capable toute seule. Elle m'explique ce qu'elle a fait pour le Nouvel An.

Au lieu de fêter cette nouvelle année avec mes parents, je l'ai d'abord fêtée avec Chris et Erin, pour ensuite retrouver Adrian. J'ai hésité à lui dire « je t'aime » aux douze coups de minuit quand on s'est embrassés. Au lieu de ça, j'ai écouté sa blague en lien avec un film Disney que je n'ai pas encore regardé.

─ Après ça, Thibault n'avait pas d'autre choix que de porter la veste qui était assortie à ma robe. Pour les photos, c'est ce qu'il rend le mieux, termine-t-elle quand la serveuse dépose nos verres.

On a pris exactement la même chose : un café frappé au caramel. J'espère que le café ne sera pas trop fort.

─ D'ailleurs, tu es restée très évasive par message, ça va mieux entre vous ? osé-je demander.

Il me semble, si j'ai bien compris, que le psychologue de Thibault le pousse à replonger dans ses souvenirs. Et qu'à chaque fois qu'ils en discutent ensemble quand il rentre, les deux amoureux se disputent. Ania fait légèrement la moue en sirotant à la paille.

─ Le docteur Grofford nous a laissés tranquille pendant un mois donc oui. Les séances vont bientôt reprendre.

─ Pourquoi ? Il était en congé ?

─ Thibault a fait une crise lors de notre dernière séance commune.

Mon cœur se comprime en essayant d'imaginer la scène. Je trouve ça incroyable que malgré la phobie de Thibault, ils aient réussi à construire un couple solide. Se retrouver au premier rang quand celui que tu aimes souffre, doit être insupportable.

─ Je suis désolée, Ania. J'espère vraiment que ça s'arrangera. Si c'est trop pour lui, il ne faudrait pas arrêter ?

─ J'y ai pensé, mais crois-moi il a beaucoup aidé Thibault, donc je crois que c'est le mieux à faire, même si revivre l'origine de son traumatisme le pèse. C'est quelque chose que l'on doit affronter ensemble.

─ Tu n'as pas peur ?

─ En dehors de le perdre pour de bon ? Non, j'ai surtout peur de ce que je vais apprendre.

Je suis surprise qu'Ania se confie aussi facilement à moi. Après tout même si par message, je lui ai tout déballé de ma vie –l'éducation stricte de mes parents, mon mensonge pour rester vivre ici –, je ne m'attendais pas à ce qu'elle le fasse en retour. Je suis contente d'avoir réussi à me créer un petit cercle d'amis. Entre Erin et Ania, je n'ai jamais été aussi bien entourée amicalement parlant.