𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟑 | 𝐌𝐚𝐞𝐥𝐲

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Maely- Lundi 06 septembre

Quarante-deux minutes.

Il me faut quarante-deux minutes après mon réveil pour sortir de mon studio. Cinquante-deux pour me rendre au travail. J'aime ouvrir les yeux chaque matin en sachant exactement comment ma journée va commencer.

Faire mon lit, aérer, caresser Joey avant de lui donner deux bisous sur la tête, prendre ma douche, m'habiller, avaler une tartine de pain à la confiture avec une pomme — sans oublier de prendre mes vitamines — donner à manger à Joey, me brosser les dents, enfiler mes baskets en nouant d'abord celle de droite, me couvrir de ma veste, puis attraper la laisse de Joey sur le porte-manteau. Ce dernier est toujours déjà devant la porte à m'attendre. Je l'attache puis regarde l'heure sur mon portable. 7H30. Parfait !

Joey s'empresse de dévaler les marches, la queue frétillante.

─ Doucement mon beau...

Il ne m'écoute pas et sautille la langue pendante vers un carré d'herbe devant la devanture encore fermée du toilettage.

Je maintiens fermement la laisse pour ne pas qu'il s'aventure plus loin. Le toilettage est au cœur d'une rue passante avec plusieurs commerces. Joey a intérêt d'être sage.

J'ai de la chance que madame Harrington, enfin Kate, m'ait permis de m'installer dans la pièce juste au-dessus. Le loyer est déjà prélevé sur ma paye mais, même sans travailler, l'argent que me verse mes parents est largement suffisant.

C'est avec le stress et les étoiles plein les yeux que je suis arrivée ici, devant l'enseigne Dog Family il y a un mois. Un lieu unique pour câliner plein de chiens et prendre soin d'eux. En prime, j'ai le droit de décorer mon cocon selon mes goûts. Je n'ai pas encore terminé, mais tous mes cartons sont déjà vidés. Bien sûr, les premières nuits ont été difficiles, mais avec ma boule de poile rousse, on a su gérer à notre façon.

Une fois rentrée dans le toilettage par la porte de derrière, je laisse Joey dire bonjour en premier à ma supérieure pendant que je dépose ma veste et mon sac.

─ J'espère pour la personne qui vient d'entrer que c'est un voleur et pas toi, Maely !

─ Désolé de vous décevoir, mais c'est bien moi.

Kate, accroupie devant mon chien, me sermonne gentiment du regard. Joey lève sa patte droite et tente, comme à chaque fois, d'attraper une des mèches colorées de ma supérieure. Cette femme, qui pourrait être ma mère avec une crinière rouge, est assez étonnante à première vue, mais sa force de gérer plusieurs salons en ville ne fait que confirmer mon admiration pour elle. C'est le genre de femme avec qui je suis ravie de travailler.

─ Désolé mon gros, Stella n'est pas là aujourd'hui.

Stella est la chienne de Kate, un ravissant boston terrier aux poils noirs et blancs. Au début, Joey restait à l'étage, mais il s'est vite lié d'amitié pour elle. Alors, Kate m'a autorisée à l'emmener. À présent, les chiens des clients réguliers le connaissent déjà. C'est plus facile de les toiletter s'ils ont confiance.

Joey s'éloigne pour jouer dans la pièce ouverte destinée aux chiens. Ça ressemble beaucoup à une garderie : les chiens attendent le retour de leurs maîtres entourés de jouets de toutes les formes et les couleurs. Ça marche aussi dans le sens inverse : parfois un client le dépose en avance et il peut ainsi aller jouer avec les autres chiens en attendant. On a aussi quelques cages au cas où certains ne peuvent pas être en compagnie d'autres chiens.

─ Pourquoi venir une heure plus tôt ? soupire Kate en se relevant.

Je hausse les épaules, incapable de trouver une réponse. J'aime l'aider à tout mettre en place, faire en sorte que le salon soit prêt avant l'arrivée des premiers clients, vérifier que les ciseaux sont bien nettoyés et le sol bien aspiré.

Pour me libérer (Tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant