Chapitre 19

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- J'ai besoin de ton aide.

A ce moment-là, seul le bruit des feuilles agitées par le vent troublait le silence matinal.

- Mon aide... ? répéta-t-il sans trop y croire.

Tu hoches la tête fermement.

- Je veux buter le Slenderman.

- ...pardon ?!

- Ton gars-là, celui sans visage. Je veux le tuer, le faire disparaître, l'anéantir.

- Attends [T/P]...tu te rends compte de ce que tu dis ?! C'est littéralement impossible de faire ça !

- Ah, parce que tu as déjà essayé peut-être ?!

Très rapidement, comme un feu dont on réveille les braises, le ton monte entre vous deux.

Brian fixa ton regard un instant avant de soupirer lourdement.

- Pas moi. Mais Tim en a été témoin.

Face à ton silence, il se sentit obligé de continuer.

- Je ne sais pas ce que tu vas t'imaginer, mais même le terme de 'monstre' est trop gentil pour décrire un truc pareil. Les balles, les couteaux et la force humaine ne lui font rien et-

- C'est aussi quelque chose que tu as vu ? De tes propres yeux ?!

- ...

Le jeune homme soupira une nouvelle fois. Ton insistance et ta ténacité l'embêtait profondément. Moins on n'en sait, mieux on se porte. Mais toi, à force, tu allais finir par en savoir trop.

- Brian...qu'est-ce que tu sais au juste, qu'as-tu vu réellement ?

Ta voix se faisait plus douce. Pas pour le convaincre, non, plutôt par attendrissement. Ses conflits intérieurs se lisent sur son visage comme à livre ouvert, la confusion restant un des rares sentiments qu'il te laissait voir chez lui.

- Comme tu t'en doutes sûrement, commença-t-il, Tim et moi ne sommes pas les premiers serviteurs du Slenderman...et nous ne serons certainement pas les derniers. Il y a tant de générations de serviteurs qu'on pourrait remonter jusqu'au Moyen-Age, voir encore plus loin.

Ses yeux cernés se levèrent vers le ciel, s'accrochant aux pâles étoiles qui disparaissaient déjà dans l'aube naissante.

- Je ne connais que celui qui était avant nous...et c'est aussi lui qui s'est rebellé. Peter Robins, un mec un peu bourru mais hyper sympa.

- ...tu l'aimais bien ?

- ...je ne sais pas. Ce n'est pas comme si notre environnement de travail nous permet d'apprécier qui que ce soit.

Menteur.

Tu vois bien que ce n'était pas n'importe qui à ses yeux.

- Quoiqu'il en soit, je lui dois presque tout. C'est lui qui nous a aidé à quitter le même état que Stefan. C'est lui aussi qui nous a appris le métier. C'est lui qui a un peu allégé notre quotidien...enfin c'est aussi lui qui nous l'a déglingué.

A l'horizon, la silhouette de l'hôtel se dressait enfin.

Les vitres prenaient une teinte rosée, reflétant le ciel clair et peu perturbée par les horreurs qui se passent en ce bas monde.

Le reflet si lumineux des fenêtres commençait à t'éblouir, te poussant à placer une main en visière sur ton front.

Brian n'avait pas repris la parole, se contentant de te regarder. Comme le soleil qui illumine le ciel, un léger sourire illumine son visage.

Le vent jouait avec ses mèches blondies par les couleurs matinales, certains cheveux scintillant comme du fil d'or.

Il était si beau.

Une beauté dont la tristesse et le désespoir te faisait mal au cœur.

On dit qu'entre la haine et l'amour, il n'y a qu'un seul pas. Et des pas, depuis sa rencontre, tu en avais fait des dizaines.

Ton cœur loupe un battement face à ce garçon et tes pensées qui te paraissent enfin claire.

Peut-être est-ce l'ambiance, peut-être est-ce l'adrénaline, le stress ou l'angoisse.

Cet énième pas, ce devait être le dernier. Tu ne peux tout simplement pas le détester à nouveau.

- Je l'ai tué.

- ...hein ?

Retourner à la réalité a été brutale.

Il détourne le regard.

- Peter Robins. Je l'ai tué.

- ...

- Il s'est battu de toutes ses forces pour qu'on soit enfin libre et au final, c'est moi qui l'ai tué.

Un léger tremblement dans sa voix te fit le regarder plus attentivement.

- Evidemment que pour nous, la fidélité doit être notre raison de vivre ! Le Slenderman ordonne, on obéit...

Son intonation se brisa en fin de phrase.

Allait-il vraiment pleurer ?

Lui, Brian, pouvait-il seulement pleurer ?

- Je sais bien qu'il ne m'en veut pas, je l'ai vu dans ses yeux...mais ça fait un ami de plus que j'aurais tué au final.

C'est à ce moment là que tu réalisas quelque chose.

Tu ne sais rien de lui.

Son enfance, son adolescence, les types d'amis qu'il avait et tout ce genre de choses qui font d'une personne ce qu'elle est. Il ne t'en avait jamais parlé.

- ...Les as-tu réellement tués toi-même ?

- Je n'ai pas pu les protéger, ça reste de ma faute !

Etonnement, vous aviez au moins ça en commun, toi non plus tu n'avais pas pu protéger tout le monde.

- Moi, c'est Félix qui me manque...murmuras-tu. Stefan, le Vieux André et Monsieur Morel aussi...

Tes yeux cherchèrent les siens.

- ...mais si je ne tente rien pour sauver ceux qu'il me reste, je ne pourrais plus regarder personne dans les yeux.

Il fuyait ton regard.

Lorsqu'il te regarde de nouveau, il s'arrêta net. Tu avais fait quelques pas, pensant qu'il te rattrapera. Te rendant compte qu'il n'avait pas bougé, tu te retournas vers lui.

Un scintillement sur son visage te stoppa aussi.

Vous n'étiez qu'à quelques pas l'un de l'autre.

Il pleurait.

Ce n'est qu'une larme. Une seule, bien moins que celles que tu as versées à cause de lui.

Mais c'était une larme terrifiante, terrifiante parce qu'en elle se concentrait un ouragan d'émotion.

- Je t'en supplie [T/P]...je ne veux pas te perdre toi aussi.

Il restait planté là, ne sachant ni quoi faire, ni quoi dire à présent.

Il attendait une réponse, n'importe laquelle.

Elle arriva assez vite, se matérialisant en une paire de bras autour de sa taille.

D'abord timide, l'étreinte se resserra rapidement.


Brian ne versa pas une larme de plus, et tu ne prononças pas un seul mot.

A ce moment-là, vous vous suffisiez mutuellement.


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Je vous jure, demain, yaura un nouveau chapitre.

Promis, juré.

Parce que I love you all

Chasse à l'homme [HoodiexYou]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant