Chapitre 25

291 22 118
                                    

Alors que l'incendie redouble d'intensité et que le ciel appelle à lui les noires fumées nocives, personne ne répond à l'ordre cruel que vient d'émettre le maire.

Certes, personne n'approuve ses directives ou n'affirme qu'elles seront suivies...mais il n'y a personne non plus qui s'y oppose.

Mélanie porte la main à son nez. Ses doigts sont maintenant tâchés de sang.

Elle relève d'abord la tête, cherchant ton regard. Ses yeux rencontrent les tiens, et tremblante, elle te fait signe que chez toi aussi quelque chose cloche. Un liquide chaud, traçant son chemin jusqu'à ta bouche suffit à te faire réaliser ce qu'elle te désigne.

Un léger bourdonnement, dont tu peux jurer qu'il provient de l'intérieur de ton cerveau, te fait désormais redouter le pire.

Le maire te regarde, toujours le même sourire de requin collé au visage.

- Visiblement, un rendez-vous ne sera pas nécessaire.

Si lui n'a pas l'air incommodé par les interférences grandissantes, toi tu commences à douiller. Tu n'arrives pas à savoir si Tim, Brian et Stef, camouflés par leurs masques, partagent eux aussi les mêmes douleurs mais Mélanie, elle, tu vois bien qu'elle souffre tout autant.

Mélanie a toujours été sensible à la douleur. La pauvre tient bien son rôle de la délicate jeune fille qu'un rien peut briser...

Brian te lâche subitement, pris d'une violente quinte de toux.

La migraine désormais brûlante t'arrache des vertiges et des hauts le cœur dont tu n'aurais jamais pu imaginer la puissance. C'est comme si ton pauvre cerveau était planté peu à peu d'un bon millier d'aiguilles de couture. La douleur te fait voir flou.

Chaque bâtiment et silhouette qui t'entourent se dédoublent, dansant presque dans ta vision.

La figure de Mélanie se casse, mais son « père » (peut-on même encore l'appeler un père ?) l'attrape avant qu'elle ne tombe au sol.

Tu as l'impression que la douleur se dissipe, mais en tu n'en as juste plus conscience. Ton système nerveux est tellement dépassé qu'il abandonne.

Tu ne te sens même pas tomber au sol. Toi, personne ne te rattrape.

A travers ta vision brouillée, tu distingues la masse de Mélanie au côté du maire. Elle n'est pas la seule. Près de ce vieux porc, presque main dans la main, la longue silhouette filiforme du Slenderman fait tâche dans ce petit village si calme.

Un monstre à côté d'un autre.


Qu'est-ce que tu l'aimes ce Village. Y a-t-il un seul habitant qui y soit mauvais ?

Qu'est-ce que tu donnerais pour revenir au temps où tu vivais en paix...les balades avec Stef, Mélo et Félix, tout était plus drôle à 4. Pourquoi a-t-il fallu que le destin d'une centaine de personnes soit lié à un monstre digne des Enfers ?



Tu t'es évanouie.

Le néant t'offre chaleureusement une place, loin du tumulte qui secoue tes journées désormais. La douleur s'est dissipée, tu ne ressens rien mais ton esprit reste cotonneux.

Engourdi. C'est le mot.


Dis-moi, dois-tu réellement te réveiller ?

Ne pourrais-tu pas simplement rester ici ? Tu n'as jamais été aussi bien. Pourquoi devrais-tu sauver la vie de tant de personnes quand tu n'es même pas sûre de pouvoir sauver la tienne ?

Chasse à l'homme [HoodiexYou]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant