Brûle Papillon

3

Elle était vraiment venue. Vêtue d'une jupe en jeans et d'un débardeur à bretelle blanc, elle rayonnait dans toute son innocence. Elle avait relevé ses cheveux en chignon, dévoilant son cou d'ivoire aux yeux de tous. Sa frange était prisonnière dans des pinces et plaquée en arrière et on pouvait voir avec clarté la beauté de ses yeux. Naruto fronça les sourcils en détaillant son visage. Elle s'était maquillée, légèrement mais étant donné le nombre incalculable d'heures qu'il avait passé à l'observer, il remarqua immédiatement la différence. Et il n'était pas le seul, car quelques curieux lui lançaient des regards. Il glissa sur ses jambes galbés sagement repliés sous elle. Encore une fois il fut surpris par leur blancheur. Ils étaient réunis autour d'un action ou vérité dans lequel il avait préféré ne pas participer, et dans lequel Hinata paraissait dépaysé. Comme un lapin prit au piège dans l'antre du loup. Elle restait collée à Temari qui, par gentillesse, ne la quittait pas. Elle avait conscience que la petite ne se sentait pas à sa place, mais ne prenait pas la peine de lui parler plus que ça. Ses amies à côté d'elle accaparaient son attention et ne comprenaient toujours pas ce que la fille du fond faisait à une soirée comme celle-ci, ni pourquoi Temari l'y avait invité.

De son 35m2, la chambre universitaire lui paraissait petite. Hinata serrait nerveusement ses mains entre elles pendant que la bouteille tournoyait. Les actions étaient sages, bien plus qu'elle ne l'aurait pensé, mais par sécurité elle prenait toujours vérité. Seulement elle commençait à trouver le temps long et le regard du brun en face d'elle pesant. Des yeux elle avait cherché Naruto et l'avait trouvé, malheureusement il était trop occupé à draguer pour la remarquer. Il était avec quelques amies de sexe féminin et lançait sourire et blagues tout en récoltant gloussement et rires. Elle avait reconnu la blonde, celle qui se nommait Shion ainsi que Karin, la jolie rousse qui lui avait prêté sa gomme en cours de dissertation. Les autres visages lui étaient inconnus.

- Hinata? Action ou vérité?
- Vé... vérité. Balbutia t-elle en revenant sur terre.

Plusieurs personnes pouffèrent en chuchotant. C'était comme ça à chaque fois que son tour venait.

- Faudrait alterner de temps en temps tu croies pas? Suggéra Sakura.
- Alors action. Dit-elle en rentrant les épaules.

Elle avait l'impression d'être minuscule. Un dauphin dans un océan de requin, ou une grenouille qu'on disséquait en cours de biologie. Sakura lui sourit doucement et Hinata se crispa. Elle aurait préféré rester dans sa chambre et lire un bouquin.

- Alors c'est à moi de te donner ton action. S'exclama une blonde aux yeux pétillants. Reste assise sur Kankuro jusqu'à ton prochain tour.

Les étudiants autour de la bouteille s'esclaffèrent, attirant le regard d'autres adolescents, en dehors du jeu. Hinata jeta un regard paniqué en direction du brun qui ne l'avait pas lâché des yeux depuis qu'elle avait prit place. Il sourirait joyeusement en tapotant ses jambes.

- Je vais boire.

Elle saisit un verre, entraînant un tollé de complaintes, ferma les yeux et lorsque le liquide traversa sa trachée, elle grimaça méchamment en attendant que ça passe. C'était amer. Son cerveau se déconnecta l'espace d'une seconde et elle cru bien perdre quelques neurones dans le processus. Était-ce sa tolérance à l'alcool qui était faible, ou bien ce verre qui était drogué? Lorsqu'elle rouvrit les paupières, des rires ivres et des regards amusés convergeaient vers elle.

- Ça fait pitié. Chuchota une personne à sa droite.

Elle déposa le verre et se referma à nouveau comme une huître. Elle n'aimait pas. C'était humiliant d'être ici. Le jeu continua et Hinata ne releva plus la tête. Elle sentait le regard de certains s'abattre sur elle et tenta d'y faire abstraction mais comment ignorer le serpent qui vous crachait son venin à la figure. « Sérieux c'est quoi ces cheveux? », « C'est qui déjà? », « Regarde regarde, c'est quoi ça? ». Elle allait pleurer, elle sentait ses yeux piquer. Ce qui faisait mal, plus que les mots, c'était de voir que les groupes se rapprochaient pour mieux murmurer, et que les gloussements étaient fait de sorte à ce qu'elle les entende. Son maquillage, sa coiffure, tout lui parut surfait. Pourquoi avait-elle relevé sa frange? Pourquoi avait-elle mit cette jupe, qu'elle trouvait pourtant trop courte? Et pourquoi s'était-elle maquillée? Elle n'était pas eux, ni belle ni coquette.