Brûle Papillon

18

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Ses yeux évitaient les siens. Elle n'aurait jamais cru qu'un jour, elle serait celle qui chercherait le regard de quelqu'un. Encore moins celui de Naruto. Assis l'un à côté de l'autre, le silence pour seule mélodie, ils avaient l'air de méditer. Le fait d'être assise sur le petit banc moisi de l'arrière cour, lui donnait l'impression d'être de retour à la case départ. Elle se souvenait encore quand il lui avait dit que c'était son banc, mais qu'il lui pardonnait de s'y être assise. Son cœur avait battu des recors à ce moment-là. Naruto n'avait pas l'air de s'en soucier outre mesure, il était impénétrable, aucune émotion ne trahissait son état. Elle ne savait pas s'il était encore énervé, s'il lui en voulait, si elle devait s'excuser ou attendre qu'il prenne la parole. Son absence de réaction la laissait perplexe. Elle avait eu tellement peur en le voyant s'avancer vers elle et Shino, la démarche assurée, le ton maîtrisé. Même s'il n'avait à aucun moment élevé la voix, son regard brûlant avait exprimé plus clairement que n'importe quelle parole. C'était la première fois qu'elle voyait cette expression sur son visage. Il l'avait décrite comme une garce, c'était le mot. Une allumeuse, qui sautait d'homme en homme. Le dégoût avec lequel il s'était exprimé, le dédain, et le sentiment de trahison qu'elle avait lu dans ses pupilles. « Un coup t'es ici, un coup t'es là-bas », cela en disait long sur la piètre opinion qu'il avait d'elle. La colère lui avait sans doute fait dire ça, mais une partie de lui le pensait vraiment. Sinon il ne l'aurait pas dit.

Elle tenta un regard furtif mais fut prise en porte-à-faux. La lumière de la lune se reflétait sur son profil, soulignée par la carpette de bourgeons derrière lui. Un alliage absolument parfait qui formait une nimbe obscur tout autour de lui. Il avait les sourcils froncés, et la bouche pincée, appuyant ses traits déjà tendus. Il apparaissait plus envoûtant que jamais. Ses pupilles s'agitèrent en détaillant les courbes de son visage, son teint hâlé, ses lèvres fines, ses pommettes hautes. Les questions qui agitaient sa tête plus tôt furent passés sous silence. Avait-elle déjà souligné à quel point il était beau? Ses muscles se contractèrent lorsqu'il passa la main dans ses mèches blondes, dressés en épi sur sa tête, fatigués d'avoir été maltraités, et qu'il prit une longue inspiration en faisant bouger sa pomme d'Adam. Elle suivit le mouvement, happée, avant que le blond ne tourne la tête dans sa direction. Ils se fixèrent, le silence morne s'alourdit, exerçant une pression presque palpable.

- Je voulais pas t'effrayer. Dit-il soudainement.

Ah ça pour l'effrayer, il l'avait effrayée. Elle qui avait déjà du mal avec les conflits à cause de son père.

- Désolé.

Ses perles brillaient d'une sincérité nouvelle dans laquelle elle aurait dû se sentir prisonnière, enchaînée, balloté dans un violent ras de marée, comme il avait l'habitude de l'y noyer. Mais elle ne ressentit rien d'autre qu'une profonde accalmie.

- Naruto. Souffla t-elle du bout de la langue.

Elle détourna le regard, ne se sentant pas capable d'aligner ses pensées autrement.

- Tu penses ce que tu as dis?
- ...
- Tu penses que je joue un jeu? C'est l'impression que ça donne?

Elle dû se faire violence pour le regarder à nouveau. Il fallait qu'elle voit de ses propres yeux s'il était sincère ou non. Une bourrasque vint balayer les cheveux du blond, et ils retombèrent sur sa tête, indisciplinés comme s'il avait passé la nuit dans un arbre.

- Quand tu as appelé le week-end dernier, tu as dis quelque chose comme ça aussi.
- Qu'est-ce que j'ai dit?
- « J'avais l'impression que tu voulais jouer. »

Il l'avait dit, même s'il ne s'en souvenait pas. Il avait sûrement dit d'autres choses qu'il regrettait à l'heure actuelle, bien qu'il ne s'en souvienne pas non plus. Lorsqu'il était énervé, il avait tendance à balancer tout ce qui lui passait par la tête, et ça créait ce genre de situation. Il se mordit la joue en voyant ses billes argentées pointées vers lui, comme pour le supplier de ne pas la blesser.